Après deux années de pouvoir, on peut malheureusement l'affirmer avec certitude, François Hollande n'est pas un grand président de la République. Brouillon, indécis, sans ligne idéologique claire, il affaiblit terriblement une fonction dont l'image avait déjà été considérablement ternie par Nicolas Sarkozy. Le pire dans tout cela, est que François Hollande alors que tout est contre lui, continue contre vents et marées de faire des réformes impopulaires. Avec le grand chamboulement de la réforme territoriale, nous sommes en train de toucher du doigt tout ce qu'il ne faut pas faire en politique.
Voila une réforme importante puisqu'elle touche en profondeur l'organisation administrative de la France, laquelle organisation n'a pas changé depuis des décennies, ce qui permet à tout un chacun de s'identifier à des territoires à des régions. Cette réforme plus fondamentale qu'il n'y paraît a été bâclée, et ressemble fort à un découpage entre copains plus qu'à une réorganisation réfléchie, argumentée du pays. Pire que cela, c'est une immense erreur sur tous les plans.
Sur le plan politique tout d'abord. Comment François Hollande a-t-il pu penser qu'il pourrait toucher le coeur de la machine administrative du pays avec une impopularité record ? Comment a-t-il pu croire qu'avec une assise électorale de 6 % (le resultat des socialistes aux européennes si on tient compte du nombre d'électeurs inscrits) il aurait la légitimité nécessaire pour cette réforme-là ?
Sur le plan économique ensuite, et là c'est plus grave, puisque selon le ministre de la réforme de l'Etat, c'est au nom de la compétitivité de la France que l'on diminue le nombre de régions et que l'on supprime les départements. Mais en quoi la suppression des uns et la diminution des autres améliore la compétitivité ? Peut-être ne savent-ils même pas. Qu'à cela ne tienne, puisque cela permettra à l'Etat de faire des économies ? Ah ! les sacro-saintes économies, alpha et oméga de toute pensée politique ! Combien d'économies ? Là non plus ils ne savent pas vraiment puisque les fourchettes d'estimations varient en fonction des interlocuteurs et du temps qui passe. Bref, même sur le plan économique, cela n'a qu'intérêt relatif.
Sur le plan administratif enfin, où là c'est vraiment une catastrophe. Alors même que les Français sont attachés à leurs départements (rappelez-vous l'histoire des plaque d'immatriculation) et à leurs régions, on va déstructurer tout cela pour mettre à la place de nouvelles entités sans aucune logique ni géographique (une grande région centre de Brive à Dreux, quel non-sens !), ni historique (la Bretagne ne sera pas réunifiée !), si ce n'est celle de satisfaire les égos surdimensionnés de quelques potentats locaux.
Un fiasco qui s'annonce terrible que cette réforme territoriale, et qui espérons-le ne verra probablement jamais le jour, tant il n'y a aucune majorité politique pour la voter.
Mais, et soyons pervers pour une fois, et si François Hollande n'avait pas vraiment l'intention qu'elle passe cette réforme ? Notez bien que l'annonce de la nouvelle carte des régions a été faite la veille du débat sur une autre réforme : la réforme pénale ! Et celle-ci s'annonce tout aussi ardue et compliquée à faire voter dans un contexte où le Front National surfe sur la vague sécuritaire. Une réforme pour en faire oublier une autre ? On n'ose y penser tant cela paraît incroyable. A moins que François Hollande ne soit subitement devenu fou, ou suicidaire.