Histoire d'un Peuple
MES FRÈRES
après les affres de l’exil
dans les oublis de l'occupant
dans le cauchemar des souvenirs
dans la tempêtes des désirs
dans les entraves de l'ignorance
dans les menottes du sous-emploi
dans la mort des initiatives
dans la chute de l’innovation
dans l'oubli des pauses-jalons
dans la honte du parasitisme
Reviennent à la patrie par des routes impossibles, par des transports incroyables, avec des hommes increvables
Reviennent chez eux,
et leurs frères gendarmes, policiers, douaniers, administrateurs leur disent
vos papiers, vos passeports, refusés au départ
A la frontière, laissez-nous vos économies
vos valises, vos transistors,
vos couvertures, vos moteurs,
vos provisions, vos montres
Au village, les arriérés d’impôts
les anciennes et nobles taxes
Ceux qui protestent sont bastonnés et mis en prison
Reviennent à la famille mains vides avec des blessures au corps
des blessures aux poches
des blessures à la mémoire
des blessures à la volonté
à l'âme
Reviennent à la famille mains vides pour trouver
des gens fatigués, épuisés
des gens sans ressources
des gens en guenilles
des gens désespérés
Reviennent à la famille pour se surcharger d'amertume durable
pour se surcharger de pauvres compagnons d’exil
pour se surcharger de dettes à payer à l'étranger
Et ils repartent chassés par
une patrie qui les a déshabillés
une administration qui les a sucés
un terroir abandonné, lessivé, méconnaissable
une famille d'éclopés en quémandes intarissables
une révolte d'abandonnés, de chassés haïssables
une révolte d'inutilités partout corvéables
une révolte d'exclus partout indésirables
qui reviendront demain en quelles mains étrangères
avec quelles armes meurtrières
avec quelle tentation de nuire
avec désir de tout détruire …
… pour reconstruire le terroir rêvé
pur mettre en place une administration idéalisée
pour refondre une société sans défaut
pour réunir les familles disloquées
ranimer les mères qui ne savent plus aimer
qui ne savent plus composer
La poésie qu'hier elles chantaient à la jeunesse heureuse qui dansait
" L"âme qui brûle "
extrait de L'année maigre - nouvelles touarègues -
AFP Eric Feferberg
ÉTUDIER SA PROPRE CULTURE
Expériences de terrain et méthodes
Sous la direction de Jean Guiart
ANTHROPOLOGIE, ETHNOLOGIE, CIVILISATION SCIENCES HUMAINES OCÉAN PACIFIQUE Nouvelle Calédonie
Selon l'auteur les sciences de l'Homme seraient en crise car les chercheurs occidentaux n'auraient plus la légitimité d'étudier les cultures du monde. Devraient-ils être remplacés par des spécialistes issus des communautés à observer ? Ces treize contributions relatent diverses expériences et les connaissances acquises, en différents endroits du monde, par des chercheurs originaires des pays dont ils étudient la culture.