Depuis que je suis écrivain, tout le monde me demande si je ne m'ennuie pas. " Sérieusement, ça ne te manque pas, le contact, le social ? Je veux dire, tu passes ta journée enfermé chez toi, devant un écran, il y a de quoi devenir neurasthénique ". Oui, beaucoup de gens se soucient de ma santé mentale (je me demande s'il y a un message là-dessous).
Sauf qu'au final, je n'ai jamais eu autant d'interactions. Je rencontre des éditeurs (et donc des directrices de collection*, des éditrices, des attachées de presse, des responsables commerciales, des responsables événementielles, des maquettistes, des illustratrices, des fabricantes...), des représentants, des libraires, des journalistes, des pigistes, des blogueurs, des politiciens, des directeurs de grande surface, des équipes de télé, des organisateurs de festival, des conférenciers, des animateurs, des directeurs d'école, des profs, des bibliothécaires, des responsables de médiathèque, des photographes, des scénaristes, et des alcoolos (pardon, je veux dire : d'autres auteurs).
Surtout, surtout, il y a les lecteurs. C'est super cliché, mais on n'existerait pas si vous n'étiez pas là. On vous croise partout : en vrai sur les salons, dans les librairies, dans les cocktails, dans les dédicaces. En virtuel sur les sites du style Babelio ou Livraddict, sur les blogs, sur les chroniques, sur Facebook ou Twitter.
Et aujourd'hui sur Bookenstock, grâce à Dup et Phooka.
Alors non, vraiment, je ne m'ennuie pas. J'ai la chance de faire un métier que j'adore, de vivre de ma plume, et de faire des rencontres formidables. Du coup, la moindre des choses, c'est de répondre à vos questions pendant ce Mois de, et avec le sourire en plus. Pas de tabous, lâchez-vous, c'est fait pour ça.
* Les termes seront tous accordés au féminin, d'abord parce que je suis un mec galant, surtout parce qu'il y a une écrasante majorité féminine dans ce métier et que ça me fatiguait d'avance de calculer dans quel cas accorder ou non.
Bonjour Olivier,
Un point de ta présentation a plus qu'attiré mon attention : tu arrives à vivre du métier d'écrivain. Il y en a tant qui explique qu'ils ont un métier alimentaire car le métier d'écrivain ne suffit pas, alors comment fais-tu ? Écris-tu d'autres choses que les livres présentés par bookenstock? *en mode totale curieuse*
Hello Mariejuliet,
En effet, c'est très difficile de vivre de sa plume en France - et de plus en plus, hélas. J'ai eu une chance fabuleuse avec mon premier roman, "les talons hauts rapprochent les filles du ciel", qui a obtenu le prix du premier roman policier en 2012, et qui a accédé à la très convoitée liste des best-sellers. Alors d'accord, ce n'était ni Musso ni Levy, mais il a eu assez de succès pour attirer l'attention d'autres maisons et notamment de pérenniser ma série aux éditions du Masque.
A l'époque, je travaillais en cabinet de conseil, et j'ai longtemps hésité avant de franchir le pas (non, en fait, pas du tout, j'ai dit à ma copine "bon, allez, si je quitte mon boulot, ça ne te dérange pas trop ? Non ? Banco alors !". Oui, j'ai une copine formidable). Aujourd'hui, je ne le regrette absolument pas.
J'ai la chance d'écrire très vite et d'avoir beaucoup d'idées, ce qui me permet donc de sortir de nombreux romans. Petit à petit, je commence également à avoir un public, ce qui fait super plaisir (c'est pour ça que la sortie du Noir est ma Couleur me stresse, en sortant un roman jeunesse, je plonge dans un nouveau lectorat ^^).
Pour conclure, il n'y a pas de secret: si tu veux vivre de ton écriture, soit tu écris un best-seller qui te met à l'abri du besoin, soit tu écris de nombreux romans et tu construis petit à petit ton lectorat. Dans les romans policiers par exemple, il y a de nombreux lecteurs qui ne m'ont pas suivi sur le 2 (c'est normal, ils ont acheté le premier sans savoir s'ils allaient aimer ou pas, et on ne peut pas plaire à tout le monde), par contre presque tous les lecteurs du tome 2 ont continué sur le 3, et beaucoup attendent le 4. Et ça, c'est peut-être ce qui peut faire le plus plaisir à un écrivain !
Olivier :
Dans le tome 2, j'ai repris mon bâton de pèlerin pour découvrir le monde du mannequinat, dans le seul but de le décortiquer pour vous. Qui a dit que je ne faisais pas de sacrifices ? ^^
À partir du moment où on choisit d'exercer un métier qui a une composante "publique", il faut savoir accepter les commentaires, quels qu'ils soient. Et encore plus quand on se met en avant sur un blog pour un "Mois de" :D
L'accord du féminin même s'il y a un homme, c'est bien aussi ; Elisabeth Vonarbourg le fait bien ("Chroniques du pays des Mères",0 "Le silence de la cité"). Mais je vois que tu t'es déjà confronté à Cornwall :D
Oh, oh ! Tu écoutes Sexy Sushi, voilà une référence que je n'écoute/ne lis que rarement rapport au fait qu'ils ne sont pas appréciés à leur juste valeur ( ils se définissent eux-mêmes comme "électroclash").
En lisant les interventions précédentes, je vois qu'il n'y a aucune surprise alors, à t'annoncer que moi aussi j'ai lu "Le noir est ma couleur" (et le seul de tes livres, pour l'instant). Pourtant, je n'ai pas eu le droit au goodies de la petite araignée écrasée.
Comment t'es venu l'idée de l'utilisation du spectre pour la magie des Couleurs ?
Est-ce une idée relativement nouvelle ou figure-t-elle dans un sombre cahier d'idées depuis plusieurs années ?
Et toi, dans quelle couleur te sens-tu le plus à l'aise ?
Hello Acr0 ! Ravi de croiser une fan de Sexy Sushi, ce n'est pas si fréquent !
Désolé pour l'absence de l'araignée, crois-bien que le service après-vente en a été alerté. Je suis sûr que tu auras une surprise quelque part dans ton tome 2 ;)
Alors, l'idée de la magie des Couleurs remonte à trèèèès longtemps, genre plus de 15 ans, lorsque j'ai commencé à écrire ma première histoire de fantasy. À l'époque, elle se déroulait dans un univers médiéval, avec déjà ce fameux système de Couleurs et les réserves sur la Magie Noire. L'ennui, c'est que j'ai rapidement dépassé les mille pages et qu'à dix-neuf ans, sans expérience ni contact dans l'édition, ça devenait insurmontable. J'ai donc mis ce projet de côté, en me disant que je le ressortirai un jour. Au final, lorsque j'ai commencé à réfléchir à un roman d'Urban Fantasy, l'idée s'est imposée d'elle-même.
Je me rappelle que j'avais été assez influencé par ces histoires de persistance rétinienne. C'est quand même étrange, la manière dont on peut encore voir des silhouettes ou des formes une fois les yeux fermés, en fonction de la luminosité. Je me disais qu'il y avait quelque chose à creuser !
Quant à ma Couleur... hum... j'aime bien le Noir, mais ceux qui me connaissent bien insistent sur le bleu, donc je reste partagé. Ceci dit, en termes de pouvoirs purs, je pense que le Violet est la plus sympa de toutes ;)
J'ai donc fini "le noir est ma couleur", j'en ressors totalement conquise, et je viens donc vous dire à mon tour quel est mon personnage préféré... (suspens).. Alexandre ! Non non pas à cause de ses yeux magnifiques :p J'ai adoré son humour, sa répartie, son franc parlé. Un jeune homme touchant et agaçant :)
Le tome 2 est prévu pour octobre, et je me languis la suite avec impatience (d'ailleurs le titre est-il déjà choisi?) et me demandais combien de tome étaient prévu pour cette saga?
Olivier :
Salut Elodie !
Bon, je connais des amis qui vont ricaner en lisant ton commentaire sur les yeux bleus d'Alexandre ^^
Merci beaucoup pour ton retour (bizarrement, plus c'est élogieux, plus ça fait plaisir) et content que le personnage ait su te séduire malgré - ou à cause de - ses remarques cruelles !
Le tome 2 sort en effet le 7 octobre et s'appellera "La Menace". Et il y aura sept tomes dans cette saga. Oui, bon, d'accord, ça fait beaucoup, mais je me suis engagé auprès de l'éditeur à en sortir un tous les trois mois.
Du coup, il n'y aura pas longtemps à attendre, la série devrait se finir fin 2015 !
Tu (euhhh j'espères que le tu ira), je disais donc, tu as évoqué tes premiers écrits à 15 ans. Je me demandais ce qui t'avait amené à l'écriture. Apparemment la fantasy d'abord puis les polars, comment s'est géré ce changement d'univers ? Navigues-tu toujours entre les deux, ou pas ?
(C'est là aussi que j'avoue que je n'ai lu aucun de tes livres, mais je compte bien prendre le boucher en ebook cet été :-) )
Oui, va pour le "tu", ça me suffit de me faire vouvoyer par les classes de lycée ;)
J'ai lu énormément de fantasy quand j'étais jeune, et c'est un genre qui offre des possibilités sans limites. Du coup, j'ai toujours voulu écrire dans ce domaine. Le Boucher et la Servante sont ainsi des rescapés d'un feuilleton que j'avais écrit sur de vieux forums il y a près de dix ans.
Lorsque Le Boucher a été accepté, Thomas Bauduret, qui travaillait à l'époque chez Asgard, m'a suggéré de faire du polar. Je me suis lancé, et mon manuscrit a été pris par le Masque puis présenté au prix du premier roman en 2012.
Du coup, chronologiquement, j'ai écrit le Boucher avant. En termes de publication, c'est "les talons hauts" qui est sorti six mois avant.
Et j'espère bien continuer à écrire dans tous les domaines, avec une série policière, une série fantasy, et une série jeunesse !
Je prends le train en marche ! Toutes mes questions ont déjà été posées... mais je ne peux m'empêcher de réagir : un livre tous les trois mois ?!?! Comment est-ce possible, par quel miracle... ? Vous ne dormez/mangez/vivez plus ? Ou bien, prévoyant, vous aviez pris de l'avance et quelques tomes sont déjà presque près ?
Olivier :Bonjour Lady K,
Non, je n'ai aucun tome d'avance ^^
Par contre, je vis aujourd'hui de mes romans, ce qui me donne un confort évident par rapport à 99% des écrivains français qui doivent cumuler également un travail alimentaire. Ils doivent écrire le soir, ou le week-end, ou pendant les vacances, tandis que j'ai la possibilité d'enchaîner les journées d'écriture de huit ou neuf heures.
Pour le reste, j'ai la chance d'avoir des milliers d'idées (donc beaucoup de foireuses, certes !) et l'envie de les concrétiser, donc j'écris très vite. J'essaie de me tenir à un rythme d'un chapitre par jour en moyenne. C'est aussi une excellente technique pour ne pas se démotiver.
Enfin, je vis en couple, et je cale donc mon rythme sur celui de ma compagne. Si j'étais célibataire, je pense que ce serait impossible: je me décalerais de plus en plus, jusqu'à me réveiller à midi et travailler la nuit.
Donc voilà, pas de secret, juste du boulot (après, le côté sympa, c'est qu'on peut écrire au Jardin du Luxembourg avec un verre dans la main ^^)