Un film de Bertrand Tavernier (1976 - France) avec Philippe Noiret, Michel Galabru, Isabelle Huppert, Renée Faure, Jean-Claude Brialy
Trop lent, trop long, trop bavard, trop théâtral.
L'histoire : XIXe. Beauvois, ancien soldat, et psychopathe, parcourt la France, laissant sur son chemin de multiples cadavres de jeunes filles violées puis éventrées. Dans le sud de la France, un juge étudie ces crimes, persuadé que c'est le même tueur qui sévit. Lorsque Beauvois arrive dans sa ville, il se fait vite remarquer par ses frasques et le juge le fait arrêter pour le dernier assassinat commis peu de temps auparavant et pas très loin. En faisant parler l'homme, il comprend qu'il s'agit bien de l'assassin qu'il cherchait et que sa théorie se confirme. Il convient maintenant de le faire condamner.
Mon avis : Arte proposait hier soir ce grand classique que nous avons eu envie de voir. Il était en plus accompagné de trois étoiles, une rareté chez Télé Loisirs ! Je sais que ce magazine est loin d'être une référence, mais que voulez-vous... je ne vais pas aller chercher les critiques tous les soirs sur l'ordinateur. D'autant que ça gâcherait la surprise et la découverte.
Si le film n'a rien perdu en qualité plastique : image très nette et beaux cadrages, l'histoire elle ne m'a guère convaincue ni passionnée, d'autant que la réalisation est très lente. Je regardais tout ça défiler... je ne voyais pas le fil rouge, je ne comprenais pas où Tavernier voulait en venir. Les personnages ne sont guère sympathiques, assez transparents disons-le, la confrontation est mollassonne... Les acteurs sont formidables, mais leur psychologie, leur histoire, n'est pas assez développée pour qu'on s'y intéresse réellement. Ca parle beaucoup, beaucoup, avec emphase... c'est pour le théâtre, un truc pareil. En fait le résumé que j'ai mis là-haut reflète TOUT le film. On voit Galabru qui erre pendant trois quarts d'heure, Noiret qui papote avec sa mère et son pote pendant trois quarts d'heure, puis l'emprisonnement et l'affrontement pendant une demi-heure.
Policier, société, thriller ? Non, rien de tout ça. Sans vouloir classer à tout prix ou mettre une étiquette, j'aime pouvoir mettre un film dans une catégorie car cela m'aide aussi à préciser le but du réalisateur. Raconter une histoire, tout bêtement ? Mais il y a façon et façon de raconter. J'aime qu'il y ait un objectif, un message : pur divertissement ou réflexion sur la société ou proposition artistique ? J'aime que les réalisateurs ne soient pas de simples tacherons mais des esprits pensants.
Or voilà, ici je n'arrive pas à savoir : où voulait-il en venir ? Raconter l'histoire de ce dingue ? Non, au final ce n'est pas le héros de l'histoire... les discours sans fin du juge occultent le personnage. L'histoire de ce magistrat opiniâtre alors ? Pas très passionnant, le bonhomme. Ce n'est pas un biopic, ce n'est pas un policier (le film commence à la fin de l'enquête et à sa rencontre avec l'assassin), ce n'est pas un thriller (pas de chasse à l'homme éperdue avec rebondissements et grosses frayeurs). Les débuts du profiling ? La société humaine pétrie de contradictions (le juge enferme un violeur... mais se jette sur sa fiancée avec sauvagerie) ? Peut-être, mais l'accent n'est jamais vraiment mis sur un thème. Alors quoi ?
Je me suis ennuyée, et vaguement endormie.
Mais à la fin, quand j'ai vu Rose manifester avec ses collègues ouvrières, j'ai eu un éclair : ah bon, c'était peut-être un film "politique", qui éclairait sur la société de l'époque ? La remise en question des privilèges bourgeois et le nationalisme naissant ? Maintenant je repense également au discours du prêtre qui annonce l'apocalypse si la société se met à lire ces démons que sont Victor Hugo ou Emile Zola... Serait-ce un film sur le début de la décadence, avec une société puritaine (XIXe), effarouchée par ses pulsions, qu'elle ne pourra pourtant bientôt plus contrôler du tout (XXIe) ? J'ai tout loupé alors ?
Alons voir ce qui se dit sur la toile...
Le film a reçu deux Césars : meilleur acteur pour Galabru, et meilleur scénario. M'ouais. Inspiré de l'histoire d'un vrai serial killer, qui défraya la chronique, Joseph Vacher. M'ouais.
Je n'ai guère trouvé de critiques dignes de ce nom, tout juste une petite chez Télérama qui précise : "Tavernier dénonce une justice de classe et les excès du pouvoir. Bouvier, le tueur dévot, ne sera pas tant jugé parce qu'il trucidait les chairs fraîches que parce qu'il émettait des théories dangereuses pour la société bourgeoise". M'ouais. Conclusion : en me creusant les méninges ce matin, finalement j'étais un peu sur la voie. Dommage que le message soit moins clair en voyant le film qui - je confirme - est barbant (ça dure 2 heures)...