![La Traviata à l’Opéra national de Paris avec Diana Damrau, mise en scène Benoît Jacquot traviata, courtisane, violetta, bastille, opéra, verdi, damrau, drame, lyrique](http://media.paperblog.fr/i/716/7164034/traviata-lopera-national-paris-avec-diana-dam-L-9K7zqn.jpeg)
L’interprétation de l’ouverture est un petit peu lourde à notre goût et manque ce côté vaporeux, insaisissable que l’on apprécie traditionnellement dans cette pièce. Le rideau s’ouvre sur un lit immense installé sur scène. Évocation de la courtisane? De la malade? En tout cas, belle idée. Le choeur installé en fond de scène est menaçant, tout en noir, figé, annonciateur du drame à venir. Habile. Diana Damrau ne nous convainc pas tout de suite. Il faut attendre de la retrouver seule sur scène (E strano !, E strano !) pour la voir prendre réellement possession de l’opéra Bastille mais là encore, on trouve cela parfois trop nerveux et même poussif notamment pour le fameux Sempre libera. Belle surprise avec le ténor, enrobant, agréable, simple. Prestation scénique réussie, il arrive à apprivoiser l’impressionnent volume de l’opéra Bastille. Bravo au baron Fabio Previati qui en peu de temps impose une belle présence. A la fin de cette première partie, on trouve que si le lit est une bonne idée, la mise en scène reste un peu simpliste avec très peu de jeux de lumières.
Après le premier entracte la scène est coupée en deux avec une partie consacrée au jardin de la maison de campagne de Violetta et Alfredo et une autre à la scène de la fête avec un escalier monumental. Pour le jardin, un grand arbre occupe la scène. La lumière baisse au fur et à mesure de la journée qui passe jusqu’à n’être plus concentrée en une petite lanterne à la flamme vacillante pour la déclaration enflammée de Violetta. Parfait. On reste toujours sur notre faim avec Diana Damrau qui manque un peu d’émotion. La technique est là, indéniablement mais parfois, un zèle de fragilité donne un rendu de faiblesse. Par contre, et c’est ce qu’on retiendra de cette production, immense prestation de Ludovic Tézier dans le rôle du père Giorgio Germont qui surpasse vocalement toute la distribution. Notre passage préféré, les échanges entre lui et Violetta, sont réussis.
Pour la scène de fête la mise en scène a une touche plus amusante avec des hommes déguisés en bohémiennes et des masques de chevaux et de taureaux. Pertinent pour représenter cette ambiance de fête du Paris du XIXème siècle. Le chœur est excellent, tout simplement. Le chef Daniel Oren continue d’appuyer lourdement sur les nuances. On n’est pas forcément adpete. Le final de ce deuxième acte est superbe et nous laisse presque comme assomé.
Enfin, dernier lever de rideau pour le dernier acte. Le même lit du début est toujours sur scène mais le tableau est décroché, les draps sont inexistants, le matelas roulé. Violetta Valéry est allongée à côté sur une méridienne, mourante. Cette fois-ci, on apprécie la direction du chef. Le drame imminent est un contexte parfait pour bien appuyer sur les nuances. Diana Damrau est cette fois magistrale. Addio del passato est sublimé grâce à une douceur rare. Quant aux retrouvailles avec Alfredo on y est, on y croit. Alors que l’on connaît l’oeuvre par cœur on est surpris de l’effusion avec laquelle les deux amant se tombent dans les bras. Les dernières paroles de Violetta, ses conseils à Alfredo, l’orchestre qui prend des airs de cortège funèbre, et la mort de la Traviata nous émeuvent plus que de raison. Soulignons la prestation de Cornelia Onciou qui campe une Annina réussie et convaincante.
Alors que retiendrons-nous de cette production ?
En premier lieu et sans hésiter une seule seconde, on retiendra un Ludovic Tézier éblouissant qui donne à cette Traviata ses véritables lettres de noblesse. Ensuite, on gardera en tête le dernier acte très très beau, tout en fragilité et très réussi. Par contre on reste un peu déçu par Diana Damrau qui imaginait plus exceptionnelle et par la mise en scène qui, même si elle est de bon goût et respecte l’oeuvre, manque d’audace.
On y retourne fin septembre. Nous comparerons nos impressions à ce moment-là.
La dernière production à Bastille à laquelle nous avons assisté c’était il n’y a pas si longtemps.