En passant du septennat au quinquennat la puissance publique souhaitait aligner la durée du mandat présidentiel sur celui du mandat législatif. Cette modification constitutionnelle a également eu pour effet d’accélérer le rythme de la vie politique dans un pays où la « monarque républicain » conserve des pouvoirs étendus.
Ainsi, l’échéance de « 2017 » est déjà largement entrée dans les têtes de toute une (voire deux) générations de décideurs politiques. Le rétrécissement du mandat présidentiel et le désir fort d’alternance permet aux partis et à leurs dirigeants de se positionner bien souvent deux ou trois coups en amont, quitte parfois à tempérer leur soutien à un concurrent en interne…
A ce petit jeu il y a bien souvent un contexte qui renforce le besoin de « penser à demain ». En effet, l’effondrement de la popularité du Président Hollande (1,96 selon l’Indice Délits d’Opinion) et les échecs cuisants lors des premiers scrutins intermédiaires (municipales 2014, européennes 2014) font craindre un second tour 2017 sans le Parti Socialiste. Alors que la Gauche flirte avec un plus bas historique les sympathisants et observateurs s’interrogent sur l’opportunité d’envoyer devant les Français en 2017 un Président si décrié et que les prévisions économiques de 2014-2015 ne semblent pas en mesure de sauver.
Pourtant la situation n’aurait pas du susciter tant de réactions, ou tout du moins pas si tôt, s’il n’y avait eu un remaniement. Longtemps repoussé, le choix de Manuel Valls a semblé s’imposer à Hollande qui, à l’inverse de Jacques Chirac n’a pas pu maintenir hors de Matignon son principal adversaire pour 2017. Tel un Président qui ne se représentera pas François Hollande semble déjà dans une impasse politique et personnelle.
Un récent sondage publié par OpinionWay indique que 40% des sympathisants socialistes souhaitent voir Manuel Valls les représenter en 2017. Loin derrière Martine Aubry (16%) devance le Président actuel (15%). Pour ces sympathisants de Gauche il semble déjà y avoir urgence. En effet, l’impopularité de l’exécutif et la montée du FN questionne la présence du PS au 2nd tour en 2017, d’autant que les « alliés » EELV et Parti de Gauche militent pour une ligne résolument du gauche.
Une nouvelle fois coincée entre le risque de démobilisation et de dispersion, la gauche française semble prête à s’accommoder d’un candidat à droite de la gauche. Le sondage OpinnionWay le confirme : Manuel Valls est le candidat préféré à Gauche pour 2017 chez une part non négligeable des électeurs de 2012 : 39% des électeurs Bayrou, 35% des électeurs Hollande et 29% des électeurs Sarkozy.
Pour terminer, quel que soit la situation du pays dans 18 mois, 2/3 des Français (81% des sympathisants PS) souhaitent une primaire à Gauche pour mettre François Hollande face à ses concurrents. Un nouveau signe de défiance fort qui devrait rendre la « cohabitation de l’intérieur » de moins en moins aisée pour la Président et son dauphin désigné.