Il y a quelques temps de cela je vous demandais sur la page facebook du blog de quoi vous aimeriez qu’on parle ici. Et une lectrice (Vanessa, qui se reconnaîtra ^^) m’a glissé l’idée des peurs, questions et angoisses qu’on peut avoir concernant l’arrivée ou la « mise en route » d’un deuxième enfant. J’avoue que ça tombe plutôt bien parce que, l’accouchement approchant (pas trop vite quand même), je commence sérieusement à réaliser que l’on va avoir pas un mais deux enfants à gérer, devoir partager notre temps entre une liloute très fusionnelle et un nouveau né, et c’est parfois un peu angoissant de devoir penser à tout ce que ça implique.
Moi qui étais tellement focalisée sur la difficulté à faire un autre bébé, à ce que la grossesse tienne jusqu’au bout, tout en essayant de rester disponible pour ma plus grande… J’avoue ne pas avoir trop angoissé avant la conception, en me disant qu’on aurait le temps d’y repenser.
Et bah, on y est. A 2 mois de l’agrandissement de notre famille, certains soirs (et parfois la nuit quand Miniloute décide de prendre mon utérus, mes côtes et ma vessie comme punching ball) je cogite sévèrement à propos de l’après naissance avec un enfant en bas âge en plein terrible two et un tout petit bébé qui aura besoin de moi 24 heures sur 24.
Petit tour d’horizon de mes doutes et interrogations quant à l’arrivée de ce deuxième enfant :
- Retomber dans les couches, les nuits hachées, les coliques, les pleurs d’un nourrisson… Mais qu’est ce qu’on a fait ?
Pour un premier, on ne sait pas vraiment. On pense que oui, on va être fatigués mais que ça sera merveilleux. C’est l’inconnu, certes, mais parfois, cela vaut mieux
Alors, quand on est (presque) sortis des couches, que les biberons/galères de lait option RGO/nuits en mode hibou/pleurs stridents d’un tout petit sont derrière nous, on peut avoir peur de recommencer. Le parent est masochiste, ou amnésique, parce que nous sommes nombreux à renouveler l’exploit. Sauf que là une donnée change : on sait, on connaît, on est déjà passé par là. Alors, on a peur, certes, mais on se dit qu’on a survécu, qu’on survivra à nouveau. Du moins on espère !- Et gérer tout ça avec un premier enfant , on fait comment ?
Parce qu’il ne faudrait pas l’oublier, l’aîné. Déjà, depuis le début de la grossesse, on ne peut pas faire abstraction de Liloute : elle demande plus d’attention et de temps, ce qui nous demande parfois plus d’organisation. Les couchers sont redevenus un peu chaotiques (même si, ils n’ont plus rien à voir avec les soirées entières à son chevet de l’été/automne dernier) et du coup, nous sommes plus fatigués. Et moins patients. Alors là, il faudra d’une part gérer le quotidien très chamboulé avec un nouveau né, la fatigue, les nerfs qui lâchent, mais aussi s’occuper du premier né et de ses besoins. Et quand on voit Liloute parfois, on en vient à se demander comment cela va être possible… Encore une fois, j’essaie de me rassurer en me disant qu’on fera de notre mieux et que le reste finira par suivre. Après tout, les autres y arrivent, ou finissent par y arriver, pourquoi pas nous ? Il faudra « juste » que le lâche sérieusement prise sur le ménage et ma to do list, pour aller à l’essentiel. Et là, y’a du boulot !
- Et si je la délaissais, si elle se sentait exclue d’un seul coup ?
Ca, c’est LA peur récurrente chez moi, et pour pas mal de futures mamans d’un deuxième enfant, je crois. Ce bébé, on ne le connait pas, mais comme on a appris à aimer celui d’avant plus que tout, on sait qu’il finira par se faire sa place. Mais justement, on aime celui d’avant plus que tout, et pour l’instant c’est le seul qui soit là, concret, avec tous les souvenirs, l’attachement et l’amour que ça implique… Je l’avoue, avec Liloute, on a une relation que certains pourraient qualifier de fusionnelle. Pour moi, je suis juste à l’écoute de ses (gros) besoins d’affection et d’attention, et surtout je profite à fond… Même si je suis comme tout le monde, à 20 heures la fusion j’en ai un peu marre
Le fait est que je suis très proche de ma première fille. On est souvent dans notre petite bulle (avec le papa, tout de même) et j’ai peur de la délaisser à l’arrivée de sa soeur, qui va me prendre beaucoup de mon temps et qui sera le plus souvent dans mes bras/en écharpe/au sein… Comment je vais gérer l’éloignement physique et émotionnel par rapport à la grande ? Le temps sans elle à la maternité ? Sa réaction lors de la rencontre ? Va-t-elle me rejeter comme me disent les copines ? Etre jalouse, violente, plus dure ? J’avoue, le tableau que me dépeignent un bon nombre de mamans ne donne pas forcément envie…
Dans l’histoire, elle perd son statut de fille unique, de bébé de maman, mais gagne aussi une petite soeur, un rôle à valoriser… Cela ne sera sans doute pas facile les premiers temps, il faudra s’adapter, la rassurer, que je lui accorde du temps. Que je continue de l’écouter elle (et pas l’avis des autres, mis à part celui de son père bien sûr), de lui dire que je l’aime, de respecter son besoin d’être seule sans moi ou près de moi… C’est sans doute le point qui m’angoisse le plus !
Ce deuxième qui arrive… Et Liloute au milieu…
- Est ce que je vais l’aimer aussi fort que le premier ?
Autre question qui revient fréquemment… Aimer deux enfants aussi fort l’un que l’autre, parfois, ça me paraît difficile vu à quel point je déborde déjà d’amour pour ma première. Même si elle me tape sur les nerfs (vive le terrible two!), cet amour maternel me dépasse, est plus fort que moi, et je me demande bien comment faire pour le multiplier par deux, ajouter un deuxième enfant à l’équation de cet attachement qui prend déjà beaucoup de place. Comment ne pas faire de différence entre cet enfant que j’ai vu grandir, que j’aime et qui me le rend (souvent) bien et un nouveau né que je connais à peine, beaucoup plus difficile à comprendre ?
Il faut dire que pour Liloute, l’amour maternel ne m’a pas sauté aux yeux tout de suite. Il s’est construit, jour après jour, pour finir par me surprendre au bout que quelques mois par sa force et son côté imprévisible. On me disait que je l’aimerais dès qu’on me l’aurait posée sur moi. Mais j’étais un peu perdue, toujours inquiète de mal faire, peu à l’aise dans mon rôle et face à ce tout petit être… Bien sûr je l’aimais déjà, mais pas si fort, pas comme ça.
J’ai peur que cela recommence, pire, que je considère ce bébé comme un étranger dans notre trio bien défini…
Et ça, je ne peux pas savoir tant que je n’aurais pas posé mes yeux sur Miniloute. Mais quelque chose me dit que cette fois, en étant déjà une maman, ça peut être différent…
Parce que c’est justement ça qui change. Même si au fond, je suis toujours la même, être maman m’a apporté un petit quelque chose de différent. J’ai évolué sur certains points, lâché prise sur d’autres. Cette fois n’est pas ma première, je sais ce qu’est la vie avec un nouveau né (du moins je crois me rappeler…), je sais que parfois, l’amour et les convictions personnelles en matière d’éducation s’installent et changent au fur et à mesure, que tout n’est pas figé et irréversible, qu’il ne sert à rien de se mettre la pression ou faire des plans sur une comète qui n’est pas encore là… Et puis surtout, je sais que je peux aimer au delà de ce que je pensais, viscéralement, profondément, inconditionnellement…
Alors quand je pense à toutes ces questions qui me taraudent au sujet de l’arrivée de ce deuxième enfant, de la réaction de sa grande soeur, de notre vie à quatre, je pense à cette future famille que l’on est sur le point de former, ce nouveau petit être à aimer, et surtout au fait que nous allons donner une soeur à Liloute.
C’est sur, ça fait peur, c’est une toute nouvelle aventure avec plein de questions en suspens… Une nouvelle aventure justement, avec son lot de surprises et de jolis moments ! Cela me rendrait (presque) impatiente…