Sur la Contre-Terre, Warlock trouve des amis et alliés en la personne d'un groupe de jeunes rebelles, caricatures d'une certaine jeunesse contestataire des années 70. Ce sont eux qui le baptisent Adam, et qui confirment les intentions de l'auteur de dépeindre un parcours christique, avec un héros qui forme des apôtres, subit
des épreuves et des tentations, ira jusqu'à se sacrifier puis renaître, non sans avoir partagé une "dernière cène" avec ses compagnons. La lutte contre Man-Beast, qui a pris l'apparence d'un politicien et est devenu le président des Etats-Unis de cette Terre là (où les héros Marvel ne sont jamais devenus tels. Au contraire, le docteur Von Doom oeuvre pour le bien et Reed Richards se transforme en une créature malfaisante) se prolonge dans les épisodes 1 à 8 du titre simplement nommé Warlock, confié des artistes comme Thomas, Friedrich, Goulart (auteur de Sf à la base) ou encore Gil Kane aux dessins, dont les planches ingénieuses et vivantes sont de belle facture. Buscema fait une brève apparition (juste pour le lay-out, ce n'est pas lui qui finalise le travail) mais cela n'empêche pas la série de tourner à vide et de s'éteindre, ce qui oblige les pontes de Marvel à conclure la saga un an plus tard, sur les pages d'un autre mensuel, celui consacré à The Incredible Hulk. Hulk qui débarque sur la Contre-Terre, donc, et vient s'allier à Adam Warlock pour éviter la fin du monde et le triomphe du mal. Les dessins sont cette fois de Herb Trimpe, et n'échappent pas un goût assez kitsch, tout comme les polémiques qui ne manquent pas, pour des paraboles, des raccourcis un poil grossiers, où Warlock et le Christ de confondent de façon pas toujours subtile. Il est vrai que ces épisodes ont assez mal vieilli (Hulk assis à un banquet, sous son aspect bestial, mais qui mange paisiblement...) et peuvent faire sourire le lecteur moderne, mais cela reste tout un pan de l'histoire des comics Marvel, un témoignage précieux sur les libertés et les audaces narratives que voulaient expérimenter les auteurs des seventies, en contaminant mensuellement les aventures de héros plus classiques, pour faire évoluer les goûts et les attentes en matière de comic-book. Ce Masterwork est donc à posséder, nécessairement, même si le grand feu d'artifice reste à venir, avec le volume suivant, où Jim Starlin éclaboussera le cosmos de son talent fou et inoubliable.