C'était hier, et j'ai déjà parlé de son roman, Faillir être flingué, quand il a reçu le Prix Virilo. J'aurais pu, tout aussi bien, vous en parler quand il a reçu le Prix du Style. Et j'y reviens quand même à présent que Céline Minard est couronnée, toujours pour le même livre, par le Pric du Livre Inter.J'aime ce livre. Mais j'aurais préféré en évoquer un autre, histoire de varier les plaisirs. Même chose avec Réparer les vivants, qui avait valu à Maylis de Kerangal un spectaculaire cumul: Prix du Roman des étudiants, RTL/Lire et Orange.Dans les deux cas, le cumul n'est pas immérité. Mais il est un peu vain et même à la limite de l'injustice. Car d'autres livres auraient pu bénéficier d'un coup de projecteur bienvenu. Tandis qu'en concentrant leurs choix sur un seul titre, les différents jurys donnent le sentiment qu'ils sont les seuls à exister, que l'étroitesse du paysage littéraire ne fait que se confirmer au fil du temps. Ce n'est pas le cas, je vous rassure.On dit souvent, on aime dire, pis que pendre des grands prix littéraires d'automne. On n'a pas toujours tort. Mais il faut leur reconnaître un discernement plus grand dans la répartition des récompenses. Il est exceptionnel qu'un seul auteur recueille, dans cette période faste, les suffrages de deux jurys différents. A l'exception de l'imprévisible Goncourt des Lycéens, je ne me souviens (sans vérifier) que des cas d'Andreï Makine et de Jonathan Littell dans les trente dernières années, choisis deux fois pour le même ouvrage.L'effet d'entonnoir est presque effrayant, la plupart des livres disparaissent presque complètement de la circulation quelques semaines après leur mise en vente. S'interdire, pour un jury, de primer un titre déjà mis en évidence, serait chaque fois donner une chance à un auteur différent. Bien sûr, la remarque est toute théorique. A partir de quelle notoriété liée à un prix faudrait-il se refuser à garder le lauréat dans la sélection? Il faudrait peser cela au trébuchet...