De son vrai nom Pédro Pirbakas, Krys s’est forgé une réputation solide dans le milieu reggae-dancehall. Avec plusieurs albums à son actif, ce jeune homme de 31 ans, surnommé « le digne héritier d’Admiral T », charmant et polyvalent est également le fondateur et gérant de Step Out Productions, un label musical. Il est de retour cette année avec un nouvel album éclectique « Dancehall is back » sorti le 19 mai dernier pour la plus grande joie des fans, soit 15 nouveaux titres accompagnés de plusieurs clips vidéos dont #DIB ci-dessous. Nous avons rencontré Krys le 26 mai à Paris, et c’est avec le sourire qu’il a répondu à toutes nos questions, même les moins drôles !
#Eva : Bonjour Krys, il s’en est passé des choses depuis notre première rencontre lors de la promo de ton premier album « Limé Mic la » c’était en 2005 ! Qu’est-ce que tu as fait depuis ?
#Krys : L’album « Limé Mic La » comme tu l’as dit c’était le tout premier, il a bien fonctionné, je pense qu’il a marqué le début de ma carrière de manière forte car il n’y avait pas mal de tubes comme « VIP », « An Vlé an Gal », « Gardes-Cocotte », qui sont des titres qu’on entend encore aujourd’hui et qui reviennent chaque année ! J’ai signé chez Universal par la suite, nous avons sorti un album en 2006 intitulé « K-Rysmatik » qui contenait des titres comme « Dangereuse » ou « Caroline ». Puis une mix-tape en 2007, un album en 2010 qui est sorti sur mon propre label Step Out car entre temps je me suis lancé à mon compte en créant mon label. Cet album « Step Out » m’a permis de partir en tournée en 2011 vers la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. J’ai eu l’opportunité de faire une date à l’Elysée Montmartre, avant que la salle ne soit détruite. Oui, on peut dire que j’étais un peu dans l’ombre vers cette période car je me suis consacré à la production et au développement d’autres artistes sous Step Out comme Colonel Reyel, qui a bien fonctionné, ou Misié Sadic. Je suis de retour cette année avec un nouvel album « Dancehall is back » et je suis prêt !
Tu as donc créé ton label, bravo ! Qu’est-ce qui t’a motivé le plus ? Tu n’avais pas de bons rapports avec les majors ?
Non c’est pas exactement ça, je dirais que les majors dans la plupart du temps avec les artistes caribéens ne font pas plus de 2 albums par exemple et ne savent pas trop comment s’y prendre pour les développer.
Sauf dans le cas de Lord Kossity alors… (N.D.L.R. : Lord Kossity est un artiste ragga-dancehall français. Il a sorti 12 albums à ce jour.)
Kossity c’était un cas particulier. Pour l’époque il a fait très fort en arrivant avec une vibe irrésistible et avec NTM, un style qui se mélange au hip-hop et au ragga. C’était unique !
Bravo pour ton parcours ce n"est pas facile d’être un artiste complet de nos jours en plus pour quelqu’un comme toi qui a fait des études. J’imagine que le téléchargement illégal tue le business… Tu parlais tout à l’heure du métier de producteur qui était difficile, veux-tu m’en dire un peu plus ?
(Rires) Le métier est difficile et c’est vrai qu’il y a une crise du disque mais la musique elle-même n’est pas en crise. L’industrie musicale est en mutation, elle se dématérialise il faut s’adapter aux nouveaux moyens de diffusions, spotify, deezer, itunes, youtube, etc. Ce qui est le plus difficile justement c’est de pouvoir s’adapter, la crise n’existe pas que dans la musique, elle est générale. En ces temps difficiles, une famille ira plutôt faire les courses alimentaires que d’acheter un album, c’est normal. Lorsqu’on prend la responsabilité de produire un artiste, il ne faut pas oublier que souvent cet artiste joue sa vie, la musique est sa passion du coup il faut pouvoir être capable de satisfaire les artistes dans un contexte économique compliqué, et satisfaire un public qui peut se montrer imprévisible. C’est difficile certes, mais avec de la passion on passe outre.
Nous sommes là pour la sortie de ton 5ème album studio "Dancehall is back" quand as-tu lancé ce projet et comment s’est déroulé son processus?
Alors pendant que je jouais aux producteurs dans l’ombre, j’avais cette envie bien sûr ça me démangeait de repasser de l’autre côté, de retourner au studio. Ce nouveau projet m’a pris 2 ans, le temps de sortir de la comptabilité et autres tâches administratives, j’avais surtout besoin de retrouver ma créativité.
…Et ta folie d’artiste je suppose ?
Exactement ! Je passais mon temps à dire à mon entourage « je dois me reconnecter avec ma folie » car quand on gère une société on ne peut pas être fou (rires) ! Il m’a fallu beaucoup de séances studio, sortir un peu, m’amuser, voir ce qui faisait danser les gens pour me reconnecter.
Ecouter aussi ce qui se fait ? Major Lazer a explosé récemment dans ce même registre.
Oui évidemment je suis comme tout le monde, j’écoute la radio, je regarde la télévision et tout cela m’influence. Il m’a vraiment fallu ce temps pour me reconnecter en mode « artiste ».
Pourquoi ce titre ? As-tu l’impression que le dancehall avait perdu de son souffle ?
Au niveau de l’exposition grand public, oui absolument. Je précise que le titre « Dancehall is back » ne veut pas dire « je suis le dancehall et je suis de retour ». Je veux plutôt dire par là que l’influence de la musique caribéenne, de la musique dancehall est présente dans la pop ou le rap, à l’échelle mondial. Tu parlais de Major Lazer qui a fait le tube de l’été dernier et qui va sans doute faire de même avec le tube « Come on to me » featuring Sean Paul. Le dancehall est dans l’air et plus que jamais ! C’est ce que j’ai voulu dire à travers ce titre.
Que ce soit sur scène, dans tes clips ou même là de suite, tu es quelqu’un de très vivant. D’où vient toute cette énergie ?
Je ne sais pas, je suis quelqu’un de vivant, j’aime la vie, j’ai la chance de faire ce qui me plait même si ce n’est pas toujours facile. Tous les jours je me lève pour faire de la musique et ça me donne la pêche, voilà mon secret !
C’est toujours très difficile mais je vais jouer le jeu. (Rires) Je dirais « Put your hands up » featuring le nigérian J.Martins, le clip est en montage actuellement donc ça arrive, restez connectés sur Diese Mag ! Deuxième titre « Dancehall addict » je trouve que c’est le son qui illustre le mieux l’album et enfin « Murderer » car c’est un bon titre hardcore, je le trouve musicalement très intéressant en termes de mélodie.
As-tu une girlfriend ?
Beaucoup (rires) !!!
Est-ce que Djibril Cissé et Sisqo (N.D.L.R. : membre du groupe américain Dru Hill) t’ont inspiré pour ce nouveau look capillaire ?
(Rires) Je vais raconter la vraie histoire de cette coupe en exclusivité sur Diese Mag, tenez-vous prêts ! Alors que le 28 décembre 2013, j’organisais à mon domicile une fête de réveillon, je me suis rendu chez mon coiffeur et lui ai dit « fais moi blond » ! Je voulais marquer le coup pour le 31, faire quelque chose de décalé et de fou. J’ai posté une photo sur les réseaux sociaux, et les gens se sont déchainés sur cette coupe de cheveux. Il y a eu tellement de réactions, bonnes, mauvaises, plus mauvaises que de bonnes (rires) que j’ai décidé de garder cette coupe toute l’année !
Veux-tu nous parler du titre « Limbé » featuring Lylah où tu pousses la chansonnette ?
On m’a brisé le cœur et j’ai chanté une chanson qui en parle. « Limbé » c’est un mot qui définit le dépit amoureux en créole, il n’y a pas son équivalent en français…
« Mercy » contient un extrait de « Shy Guy » de Diana King, pourquoi ce clin d’œil ? Y-a-t-il une petite histoire à nous dévoiler ?
C’est une de mes chansons préférées et je me suis toujours dit que si je faisais une reprise pendant ma carrière, ce serait celle-là tout simplement !
Des scènes parisiennes à venir ?
Oui prochainement, c’est en cours, on vous tiendra informé de la date et du lieu.
Une dernière question Krys, que penses-tu de la montée du FN en France suite aux résultats des élections européennes ?
J’en parle depuis ce matin et je dois avouer que ça m’inquiète, je suis sans mots.
Parce que c’est un album sincère, dans la démarche artistique, dans l’écriture, dans sa construction musicale, il y a de vraies guitares, de vraies basses, il y a de la recherche. Je parle de certaines choses très personnelles comme l’amitié sincère dans « My friend », mon divorce dans « Limbé », « Le lendemain » et … il y a aussi des sons pour le dancefloor.
Merci à Krys d’avoir répondu à nos questions !
Joue avec #DieseMag et gagne ton album « Dancehall is back » !
+ d’infos sur la page facebook @diesemag ICI