Mesures antitabac ou le pétard mouillé de M. Touraine

Publié le 02 juin 2014 par Despasperdus

La ministre de la santé repart en croisade contre la cigarette comme en août dernier. Vu l'écho de ses propositions dans les médias dominants, j'en déduis que la clope est un objet de communication qui se répand aussi facilement que la fumée...

Marimentholsol a découvert que la tabac tue. Ne vous moquez pas ! La cigarette électronique probablement. Pour cette dernière, les chercheurs manquent de recul, mais le principe de précaution doit prévaloir. En plus, elles ne rapportent que des clopinettes à l'Etat par rapport aux cigarettes traditionnelles.

Plaisanterie mise à part, les effets indésirables du tabagisme coûtent à la sécurité sociale, et pèsent sur les finances publiques. Les fumeurs deviennent malades, ils sont soignés et ils meurent. Les malades du tabac coûteraient chers... De parfaits boucs émissaires...

Mais, les non fumeurs, encore plus nombreux, tombent eux-aussi malades ! Zut, ça va être difficile de diviser les assurés sociaux...! Du point de vue du gestionnaire implacable, il faudrait éliminer physiquement les malades ou ne pas les soigner pour équilibrer le budget de la sécu ! Mais cette mesure radicale est impensable dans un Etat relativement démocratique. Petit aparté : je ne sais pas ce qu'en pense un briseur de tabous et un adversaire de la bien-pensance comme Jean-Marc Sylvestre...

Bref, le coût de la santé pèse dans les finances publiques.

Il pèse d'autant plus - comme l'a démontré un récent audit - que les politiques néolibérales ont massivement réduit les recettes de la sécurité sociale via les baisses ou les exonérations des cotisations sociales.

Plus précisément, depuis la réforme Juppé, les gouvernements successifs transfèrent progressivement le coût de la santé de la collectivité (sécurité sociale) aux personnes ( franchises médicales, déremboursements de médicaments, hausse des assurances santé et mutuelles) pour réduire son poids dans les comptes publics : la sécurité sociale subit une privatisation rampante.

Si la cynique ministre se préoccupait RÉELLEMENT de la santé, elle ne se contenterait pas de déterrer une chose aussi fumeuse, banale et convenue que la lutte contre le tabagisme. Elle tenterait d'apporter des propositions sur les questions suivantes [1]:

  • le renchérissement du coût de la santé ?
  • les brevets pharmaceutiques ?
  • les personnes sans domicile fixe et le logement insalubre ?
  • les temps de transports domicile - travail de plus en plus longs ?
  • les horaires atypiques ?
  • le travail à temps partiel imposé ?

  • les salariés et les retraités pauvres ?
  • les licenciements boursiers ?
  • le harcèlement ?
  • les cadences infernales ?
  • l'alcool ?
  • le chômage ?
  • la malbouffe ?
  • l'agriculture industrielle ?
  • le diesel ?
  • le nucléaire ?
  • la logique du tout voiture ?
  • Les minimas sociaux au-dessous du seuil de pauvreté ?
  • les franchises médicales ?
  • l'allongement de la durée des cotisations retraites ?
  • le manque d'inspecteurs du travail et de contrôleurs de la DDCRF ?
  • la fermeture d'hôpitaux, de maternités, de centres de santé et le manque de personnels ?

Tous ces points sont aussi importants pour la santé de la population et le budget de la sécurité sociale que la lutte contre le tabac.



Mais, en privilégiant cette dernière au détriment des autres et en pratiquant des coupes budgétaires dans le budget de la sécurité sociale, la politique de santé du gouvernement révèle sa nature : une fumisterie néolibérale qui ne fera pas un tabac mais qui favorisera les mécontentements et l'extrême droite.

Note

[1] Cette liste n'est pas exhaustive.