À la cour du roi d’Espagne, le roi Philippe IV, une rumeur se répand autour du peintre Velàzquez. Il trainerait avec un "moins-que-rien", un criminel, un homme ramassé dans la rue. Mendigo était effectivement un mendiant, jusqu’au jour où le peintre fit appel à lui pour découvrir les bas fond de la capitale espagnole. Sans lui, les petites rues de Madrid lui sont inaccessibles, et il ne saurait s’y retrouver. Après quelques escapades, Mendigo n’est pas renvoyé dans la rue. Velàzquez fait de lui son serviteur. Mais il n’est nullement apprécié par les membres de la cour royale. Et pourtant, le roi laisse passer tous les désirs de Velàzquez qui est en train de réaliser l’un de ses plus grands tableaux : Les Ménines. Le peintre le nomme sa Famille. La peinture représente la famille royale. Et elle est le centre de tous les débats.
François Rachline écrit avec ce livre un roman historique, mais aussi un roman sur l’art du XVIIe siècle. Les passages sur l’art sont nombreux. Ils évoquent la condition des peintres, des anecdotes sur la peinture, comme celle des raisins de Zeuxis, ainsi que des anecdotes sur les peintres de la génération de Velàzquez.
C’est difficile à expliquer. Tu t’efforces de capter l’essence de ton modèle. Tu veux rendre, non pas la réalité d’une personne, mais une donnée intime de son existence, un détail parfois négligeable, un regard, un geste, une attitude qui dévoile un individu. Comme si tu t’emparais d’une partie de la substance vitale de celui ou de celle que tu représentes. Si tu réussis, comme Titien, alors tu transformes la peinture, splendide immobilité, en mouvement de la vie. Peu y parviennent. Très peu.
Ce roman est passionnant par sa connaissance de l’art, par sa volonté de nous offrir une fenêtre sur la création d’une œuvre telle que Les Ménines. Même si quelques passages peuvent sembler laborieux à la lecture, Le mendiant de Velàzquez reste un roman à lire pour les amoureux du peintre, de la peinture et de l’art en général.