Au début des années 70, un moniteur de ski français devait être avant tout un très bon skieur ; point-barre. En particulier, il fallait être capable d'arriver au bout d'une manche de slalom suffisamment vite et en mesure de « faire preuve d'une certaine aisance » dans l’épreuve appelée « toutes neiges, tous terrains » qui consistait à dévaler une pente raide remplie de traces croisées en haute neige dégueulasse, sans se casser la gueule ou sans avoir trop l'air d'en baver. Ces deux éléments étaient les « sésames » qui ouvraient les portes de la profession.
Par contre, ce qui n'entrait pas du tout pris en considération étaient les relations de base avec l’élève. Les stages de six et quatre semaines de formation à l'ENSA de Chamonix qui suivait cet examen de « Capacité à enseigner le ski » étaient consacrés uniquement à l'enseignement de la technique du ski français.
On n'y abordait pas la présentation personnelle, l'empathie, les objectifs des élèves, leurs craintes ou leurs aspirations. Rien non plus en termes de se mettre dans la peau de de l'élève, rien non plus au sujet de l'auto- promotion (comment fidéliser ses clients , comment vendre de meilleurs produits comme l'engagement journalier à la place de leçons à la petite heure ou encore de demander aux élèves de référer parents, amis , etc ).
En rétrospective, la formation offerte par l'ENSA , très pointue sur le plan technique, était absolument insuffisante en matière de psychologie de base et d'un point de vue vente et promotion. Comment les moniteurs s'en sortaient-ils avec ce manque de connaissances (rappelez-vous , les deux tiers d'entre eux n'avait fait que des études primaires) ? Tout simple : c'était l'apprentissage sur le tas et la capacité de chacun d’évoluer.
J'avais personnellement choisi la voie la plus difficile : Travailler de longues heures et m'épuiser ainsi a donner des leçons bien ennuyeuses au lieu d'amuser mes clients. Une fois de plus, c'est bien en skiant qu'on apprends !