Le recueil de nouvelles est un genre en soi, dans lequel les américains sont passés maitre. Bonne nouvelle Alan Heathcock connait ses classiques, en huit histoires il nous offre le quotidien d’une petite ville imaginaire de l’Amérique profonde. Crus, poignants et désespérés les héros de chaque histoire, cloués sur place par la peur de l’inconnu, se débattent et tentent de survivre au catastrophe qui s’abattent sur la ville. Attention ce n’est pas «La petite maison dans la prairie » mais plutôt l’autre face de l’Amérique, celle que l’on trouve en grattant un tableau de Norman Rockwell.
Jouons au petit jeu des références cinématographiques ou littéraires. Un agriculteur tue son fils accidentellement, il s’enfuie dans les bois et après une longue errance devient un monstre de foire sur lequel des soiffart font des paris, c’est du pur Steinbeck. Le quotidien d’une gardienne de la paix, entre les congères de l’hiver glacial et les inondations de printemps, nous sommes dans le plus noir des polars, David Lynch et les frères Cohen sont tout près. Michael Cimino pourrait très bien suivre les divagations d’un soldat en permission et en perdition. Une mère et une fille s’égarent et se retrouvent dans un labyrinthe de maïs, homicide et psychanalyse, merci Kubrick ou Dolan. Black-out sur la cité et nous plongeons dans le quart monde le plus poisseux :Fante,Faulkner,Friedkin…
Chronique d’une ville et d’une communauté où tout peut arriver et où tout arrive, Alan Heathcock a surtout un style bien à lui, efficace, brut et bourré de compassion, de la littérature à l’estomac. Vous voilà prévenu.
merci à Michel pour sa belle chronique!!