La découverte de cette hormone, l’erythroferrone, et de son rôle dans le contrôle de l’approvisionnement de fer pour la production de globules rouges du sang, est un grand pas vers de nouveaux traitements pour les troubles sanguins associés aux carences ou aux surcharges en fer, comme l’anémie ferriprive ou la thalassémie. Les conclusions, publiées dans la revue Nature Genetics, ouvrent une large voie thérapeutique pour de nombreuses maladies du sang.
Les chercheurs de l’UCLA ont commencé par regarder ce qui se passe dans la moelle osseuse après une hémorragie. Ainsi, l’erythroferrone voit ses niveaux fortement augmentés lorsque la production de globules rouges est stimulée après un saignement ou en réponse à l’anémie. Précisément, l’erythroferrone régule l’hepcidine, un peptide hormonal produit par le foie, distribué dans le plasma et qui joue le régulateur central de l’équilibre du fer dans l’organisme. Des niveaux accrus d’erythroferrone réduisent l’hepcidine et entrainent une production plus importante de fer disponible pour la production de cellules sanguines.
Ce sont des cellules de moelle osseuse, les erythroblasts, qui sécrètent l’erythroferrone (voir visuel ci-contre), expliquent les chercheurs, à l’origine de la découverte de cette nouvelle hormone.
Ils rappellent que le fer est un constituant essentiel de l’hémoglobine, la molécule qui transporte l’oxygène dans le corps et montrent, sur un modèle de souris, comment l’erythroferrone, produite par les cellules progénitrices de la moelle osseuse, permet d’adapter les niveaux de fer avec les exigences de production de globules rouges.
Ni trop, ni trop peu : Trop peu de fer et c’est l’anémie. Trop de fer, et c’est l’accumulation toxique dans le foie et les organes. Le Dr Tomas Ganz, professeur de médecine et de pathologie à l’UCLA et auteur principal de l’étude suggère donc que moduler l’activité de l’erythroferrone est une stratégie prometteuse pour le traitement des troubles liés à la carence ou la surcharge en fer. Les cellules progénitrices de la moelle osseuse productrices d’hepcidine sont, elles-aussi, des régulateurs en puissance de l’hormone et de ses effets. L’étude a donc recherché quelles molécules pourraient agir sur ces régulateurs.
Une découverte majeure pour traiter les personnes ayant une maladie du sang congénitale appelée anémie de Cooley ou thalassémie, une maladie qui touche chaque année 300.000 enfants dans le monde, entrainant une destruction excessive des globules rouges et de leurs cellules progénitrices dans la moelle osseuse. Avec la découverte de l’erythroferrone, c’est celle aussi, en cas de surproduction, d’une cause majeure de la surcharge en fer chez les patients transfusés. Bref, le but est de « verrouiller » le fer par l’effet de l’erythroferrone.
Il reste cependant, concluent les chercheurs, à mieux comprendre le rôle de la nouvelle hormone dans les différentes maladies du sang et à cerner les mécanismes moléculaires par lesquels l’erythroferrone régule l’hepcidine.
Des travaux du Weill Cornell Medical College avaient déjà démontré comment l’hepcidine pouvait être un outil thérapeutique pour le traitement de la β-thalassémie et de l’hémochromatose. Ici, les chercheurs remontent, avec la découverte de l’erythroferrone à l’étape précédente du processus.
Source: Nature Genetics 1 June 2014 doi:10.1038/ng.2996 Identification of erythroferrone as an erythroid regulator of iron metabolism (Visuel Erythroblast@ Leon Kautz/UCLA)
Lire aussi:THALASSÉMIE et HÉMOCHROMATOSE : Découverte d’une hormone clé en cause, l’hepcidine – (Visuel © Sonja Birkelbach – Fotolia.com)
Pour en savoir plussur l’Anémie