Contribution de Oddjob
Alain Goraguer : BOF Sur un arbre perché
Alors que l’indispensable collection "Ecoutez le cinéma", dirigée par Stéphane Lerouge, va s’enrichir d’ici peu d’une magnifique anthologie consacrée aux musiques de films de Louis de Funès, voici une bien jolie composition pour une œuvre mineure, certes, mais au charme doux-amer, tranchant avec les orchestrations plus pop du reste de la filmographie "defunesque".
Eugene McGuinness : Godiva
Et revoici le jeune Eugene, toujours à la fois élégant et rentre-dedans, avec ce titre annonçant un nouveau bon cru fort séduisant.
Tullycraft : How to stuff a wild bikini
Alors que l’élève Moinet m’a donné récemment le goût des Presley’s movies, voici que le toujours perspicace Neil Callatrava (jeune chien fou girondin…) m’envoie ce terrible morceau/hommage couillu à la surf music ! La vie est décidément bien faite.
Abba : Dancing queen
Non, il ne s’agit pas d’un moment d’égarement, ni d’une pose de vieux snob… Rien de tout cela ! Mais il faut assumer pleinement ses goûts (même s’ils risquent de courroucer fortement le patron et d’entraîner la moquerie facile de Wally Gator… qu’importe) : oui, cette chanson, à la mélodie imparable, est le chef d’œuvre d’Abba. Et un chef d’œuvre tout court !
Contribution de Wally Gator
Cher lecteur, au moment où tu vas découvrir cette sélection, je me remplirai les yeux de mes très chers lacs d’altitude où salmo tutta fario, oncorhynchus mykiss bollosa et salvelinus fontinalis m’attendent depuis 8 mois…
Damon Albarn : Mr Tembo
Pour commencer un extrait du premier album solo de Mr Blur-Gorillaz-The Good, the Bad and the Queen. C’est parfait.
Pixies : What goes boom
Eux aussi viennent de sortir un album. Dans la droite ligne de "Trompe le monde" ! Pour la petite histoire, j’ai vu une émission où le journaliste avait l’idée saugrenue de faire un match Pixies-Albarn. Quel est l’album le plus réussi ? Albarn sortirait vainqueur. Je crois que j’ai rarement vu une comparaison plus stupide. Moi, j’aime bien les deux. Et je les trouve incomparables.
Mighty Mighty : Law
Un peu de britpop, car pas de sélection sans britpop ou shoegaze !
Crocodiles : I wanna kill
Un peu de shoegaze, car pas de sélection sans shoegaze ou britpop !
Blood Red Shoes : An animal
Encore une sortie récente. Après un troisième opus décevant, Laura-Mary Carter (miam) et Steven Ansell reviennent et cette fois, c’est bien mieux !
Contribution de Hong Kong Fou-Fou
Une sélection qui servira de compte-rendu au festival "This is not a love song" qui s'est tenu ce (long) weekend à Nîmes. Pour l'occasion, Fury Magazine avait dépêché non pas une, non pas deux, mais bien trois personnes : l'élève Moinet, toujours fringuant et bien fringué, un sympathique sympathisant connu des initiés sous le pseudonyme d'International Batave, et votre aussi humble que dévoué serviteur. Fury Magazine a les moyens. Le festival se déroulait du jeudi au samedi mais nous ne sommes restés que le premier jour. Fury Magazine n'est pas si riche que ça, en fait. Qu'importe, le programme du jeudi était déjà bien suffisant. Le voyage à bord d'un insipide véhicule germanique s'est passé sans histoire. Nous avons tué le temps en disant du mal des absents, Wally et Oddjob en tête. Un troupeau de chevaux cabrés a déboulé dans un rugissement de moteur, ce qui a offert un répit à Wally et Oddjob, notre discussion tournant autour des motivations qui peuvent pousser un de nos semblables à acheter une Ferrari. Nous sommes arrivés à Nîmes en début d'après-midi. Pour être honnête, la tenue d'un festival rock à Nîmes me laissait dubitatif. Pour moi, Nîmes, c'est la corrida, la féria, les chemises ouvertes sur la chaîne en or, tout ça. Bref. Fi des préjugés. Le festival se tenait à l'extérieur de la ville. Il fallait juste faire attention de ne pas se tromper à l'arrivée : si on tournait à droite, c'était le festival, si on partait à gauche, c'était le pélerinage ND de Santa Cruz... Trois scènes, une extérieure, deux intérieures, une ambiance un peu Woodstock du pauvre, avec des ateliers auxquels même le plus arriéré des baba cools aurait honte de s'inscrire : couronnes de fleurs, cerfs-volants, assemblage de jus de fruits, une conférence "Rock et amour", un mur d'expression libre, bla bla bla. Patchouli, mais presque.
Passons au vif du sujet : à 14h, Filthy Boy ont ouvert le feu. Dans le programme du festival, il est écrit qu'ils lorgnent du côté des Clash. Mmmoui... Pas vraiment quand même. Le groupe est emmené par deux jumeaux tout mous, le bassiste est assez loin d'un Paul Simonon. Plus morveux que morgueux. Il faut dire à leur décharge que nous étions trois à les regarder, collés aux barrières, le reste du (maigre) public présent étant loin derrière ou se prélassant sur les chaises longues mises à sa disposition par les gentils organisateurs. Même l'élève Moinet a craqué et est parti lire l'Equipe sur un transat (oui, il emmène l'Equipe dans les festivals rock. Certaines choses doivent se savoir). Tout ça pour dire que nos pauvres Londoniens ne devaient pas vraiment être motivés pour livrer la prestation de leur vie. En tout cas, si mon avis vous intéresse, j'ai bien aimé et je leur mettrai un bon 13/20 d'encouragement. Ensuite il y a eu Speedy Ortiz, mais j'étais à la buvette. Puis les Temples. Excellent. M'a un peu fait penser à Kula Shaker. Le chanteur s'était même maquillé avec des paillettes autour des yeux, pour faire plaisir aux organisateurs de ce Woodstock gardois. 16/20, pas moins. Direction la grande salle intérieure pour Man or Astro-Man ? Dans l'obscurité, des sinusoïdes et des robots se sont affichés sur des écrans géants, les musiciens de la Nasa ont déboulé pour nous livrer 45 mn de surf-punk déjanté. Ils ont joué à toute berzingue, ils devaient avoir une soucoupe à prendre pour rentrer dans l'Alabama. L'Alabama ? On aime vraiment se déguiser là-bas. Sauf que les combinaisons de cosmonautes, c'est plus sympa que les robes et les cagoules du KKK. Le guitariste Star Crunch a des lunettes cul de bouteille à faire pâlir Buddy Holly, ça doit être pour résister aux différences de pression dans l'espace. Bref, ils ont 20 ans de plus mais de toute évidence toujours le même plaisir à faire du bruit. Et ça vaut largement un 15/20. Retour en plein soleil pour Lee Ranaldo & the Dust. C'était l'heure de manger et je dois dire que leur musique était parfaite pour accompagner l'assiette de tapas bio que l'International Batave et moi avons partagée. Venait ensuite Slowdive. Quand j'entends "shoegaze", je sors le fusil mais là, je dois reconnaître que ça se laissait écouter. Je ne leur mets pas de note, je serais quand même sévère. Le clou de la soirée pour moi, c'était The Fall. Voir Mark E. Smith, croisement improbable de Popeye, Mr. Magoo et d'un inspecteur des impôts, se livrer à ses facéties habituelles (enlever un fût de batterie à son batteur imperturbable ; couper le son à son guitariste imperturbable ; pianoter n'importe comment sur le clavier de sa femme imperturbable), c'est un régal. A noter une reprise de "Strychnine", difficilement reconnaissable, quand même. Et merci à un sympathique jeune encarté RPR grâce à qui nous avons eu "Blindness" en rappel. 16/20, j'ai enlevé un point pour les quelques niveaux d'acuité auditive que j'ai perdu dans la bataille. Pour la suite, il fallait choisir entre The Brian Jonestown Massacre et Southern. J'ai fait un peu des deux. The Brian Jonestown Massacre, je connais très mal. Mais ça m'a bien plu. Ils sont huit sur scène, quand même. Dont un qui agite un tambourin. Et quatre guitaristes. C'est comme à Fury Magazine, il y en a qui ne doivent rien faire, qui se fondent dans la masse. A cause d'eux, je ne mets que 12/20. Southern, malheureusement quand je suis arrivé il ne leur restait que trois chansons à jouer. Vraiment dommage, j'ai bien accroché à leur mélange de blues et de rock énergique. 14/20, pour me faire pardonner. Il y avait encore Suuns, j'ai jeté une oreille distraite pendant 37 secondes, j'ai oublié de la ramasser et je suis parti à la buvette. Puis The Jon Spencer Blues Explosion. Avoir l'impression d'écouter 10 fois la même chanson, c'est un peu pénible. Et puis il fallait garder des forces pour le retour, pour continuer à médire de Wally et Oddjob. Rideau avant la fin de leur prestation, donc.
En conclusion, ce festival, dont c'était seulement la deuxième édition, s'est révélé être une excellente surprise. Comme j'aime bien les maths, j'ai fait un petit calcul : sur les 8 heures de musique que j'ai entendues, il y en a bien 6 où mes oreilles ont pris leur pied. Bel exploit. J'ai donc envie de dire aux organisateurs : "A l'année prochaine". Peut-être même que je m'inscrirai à l'atelier "Couronnes de fleurs".