Magazine Culture
C’est la première fois que les Editions de Fallois se chargent elles-mêmes de la réédition d'un ouvrage de leur catalogue au format de poche. La vérité
sur l’affaire Harry Quebert, a connu, il est vrai, un destin exceptionnel avec le Grand Prix du roman de l'Académie française, le Goncourt des Lycéens et des ventes presque monstrueuses. Joël Dicker avait 27 ans et ne nourrissait aucun complexe.
La vérité sur l’affaire Harry Quebert - je vous en ai parlé en long, en large et même en travers au moment de sa parution et des récompenses qui ont suivi, peut-être les lignes qui suivent éveilleront-elles quelques échos chez les lecteurs dotés d'une bonne mémoire - est une histoire d’écrivain. Et même d’écrivains,
puisqu’ils sont deux. Marcus Goldman, le plus jeune, est entré dans le monde
littéraire par la grande porte, avec un énorme succès dès son premier livre. Il
doit maintenant répondre à l’attente de ses lecteurs. Davantage encore à la
pression que lui mettent son agent et son éditeur, sans cesse à évoquer la
nécessité (et l’obligation par contrat) d’un deuxième livre sans lequel la
place de jeune prodige ne tardera pas à être occupée par un autre. Mais la
panne est grave – « une terrible
crise de page blanche » – et Marcus se tourne vers son mentor, Harry
Quebert, auteur consacré qui distille, en prologue de chaque chapitre, des
conseils avisés sur l’écriture.
La vérité sur l’affaire Harry Quebert est aussi un polar. En 1975, une adolescente de
quinze ans, Nola Kellergan, a disparu dans la petite ville d’Aurora, New
Hampshire, où Harry est installé. Pour écrire, disait-il. Mais, séduit par
Nola, il ne faisait que copier et recopier son prénom à longueur de pages.
Trente-trois ans plus tard, alors que les Etats-Unis se préparent à élire Obama
comme président et que Marcus est toujours bloqué par sa page blanche, le corps
de Nola est retrouvé sur le terrain de Harry. Qui ferait un coupable idéal.
En 31 chapitres
(numérotés à l’envers), un prologue et un épilogue, Joël Dicker installe un
monde, pose un gros paquet de questions auxquelles il ne fournit pas toutes les
réponses et construit une intrigue à plusieurs niveaux dont la complexité ne
ralentit jamais la lecture. La réussite est si complète qu’en arrivant à la fin
on adhère à la dernière réflexion de Harry : « Un bon livre, Marcus, est un livre qu’on regrette d’avoir
terminé. »