Garder les yeux clôts

Publié le 01 juin 2014 par Carnetauxpetiteschoses @O_petiteschoses

(Ma participation à l’atelier d’écriture qui consiste à illustrer la photo ci-dessous de Romaric Cazaux)

L’air était chaud et la faible brise bienvenue. Sur son torse, le soleil au zénith, commençait à réchauffer sa poitrine. Pendant un instant les battements de son cœur, effacèrent les bruits environnants. Puis le clapotis de l’eau évoquant le geste des rames qui pénétraient avec douceur la surface de l’eau, les éclats de voix qui émanaient des conversations éparses, et le chant des oiseaux, lui parvinrent. L’air emplissait son corps d’une flagrance subtile, où l’odeur d’herbe coupée, de fleurs et de lointaines grillades parvenaient à se mélanger. Autour de lui, il devinait les jeux d’enfants, les découvertes des tout-petits, le temps précieux des amoureux, les parents qui surveillaient leurs enfants, et les plus âgés qui observaient l’ensemble d’un regard avisé. “Nous sommes le premier juin tout de même” songea-t-il. Rien ne pouvait troubler sa tranquillité, et il s’appliquait à ne rien laisser s’interposer entre cette impression et ses pensées. Il maintenait les yeux fermés, pour mieux préserver les sensations qui s’imprimaient en lui comme dans un terrain meuble.

Mais les images mentales l’auréolaient en le menaçant. En aventurant un oeil, vers le monde qui autour de lui pourtant crépitait de vie, il confrontait la réalité de sa situation. Sa solitude au milieu des autres, sa nonchalance contrastant avec son récent célibat. Il ferma les yeux et fronçât les sourcils au souvenir douloureux du départ de sa femme et de son fils, qui le réclamait pourtant en criant. Il reconnaissait ses torts. La vie nous retirait tout parfois, sans nous donner l’occasion d’une seconde chance.

Son regard s’attardait sur les robes, les jambes dénudées dans l’herbe, et suivit sans s’en rendre compte une embarcation sur l’eau dont la précision s’amenuisait à mesure qu’elle s’éloignait.

Tout était à faire.

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