Le billet rétro...

Par Mademoizela
Le billet rétrospectif Je tiens ce blog depuis 10 mois mais je lis depuis 24 ans. J'ai décidé de revenir sur mes lectures prébloguesques. Cet article-machine-à-remonter-le temps sera raisonnable: je ne reviendrai pas sur Petit Ours Brun est malade, Mimi Cracra mange une glace ou encore Martine Petit rat de l'Opéra. 
Non non non, je me l'interdis... ...même si j'ai une fâcheuse tendance au farfelu et que l'idée a titillé mon esprit perché pendant un dixième de secondes.
Objectifs: faire (enfin) un article court, remobiliser mes souvenirs de lecture(s) pour montrer que le Livre n'est pas un kleenex, un objet de pure consommation (lu, rangé, oublié) mais qu'il a une existence Véritable et Existentielle dans nos vies (du moins dans la mienne), raviver ma mémoire de poisson rouge.

Organisation: A partir de mon fichier-inventaire de tous mes livres. Je vais en choisir un au hasard.
Je vais commencer par la lettre A...

Et c'est parti... 

C'est LE roman par excellenceC'est un roman qui se veut surréaliste alors que le surréalisme rejette l'idée même du roman. 
Voilà pourquoi j'aime Aragon. Pour ses ambiguïtés, son dépassement des limites.
 Avec son œuvre, Aragon a repoussé les limites du roman: il l'a essoré! Tour à tour guide touristique, récit érotique, descriptions romanesques, essai philosophique. 
C'est une somme qui intègre, à l'instar de Nadja d'André Breton, tout ce que la vie offre à la vue humaine, tout ce que l'humain saisit dans instantanéité. 
L’œil se veut appareil-photo qui saisit et ancre l'essence même de la vie. L’existence est éphémère alors autant prendre tout, saisir l'instant. Aragon serait euphorique de nos jours, avec les nouvelles technologies qui nous permettent de saisir tout, à chaque seconde et d'en rendre compte en temps réel.
"Le paysan de paris": l'oxymore est aussi fort que l'expression "roman surréaliste"... 
Ce paysan découvre Paris, et porte ainsi un regard neuf sur les choses. C'est aussi la naïveté du jeune homme qui va découvrir ses premiers émois sexuels avec une professionnelle. Sa déambulation sera aussi une sorte d’initiation: à la découverte de Paris, de la Femme, des Hommes, de lui-même. C'est aussi une pérégrination qui suit une pensée précise: la quête identitaire du jeune homme se veut aussi une recherche stylistique de l’écrivain qui sommeille et une construction de la pensée éclairée d'un philosophe en devenir. Paris
 Le Paysan de Paris est un roman polymorphe. Une sorte de Gargantua du XX°.
Aragon a fouillé l'écriture romanesque, a repoussée les limites ultimes de l'écriture et les a dépassées...Le Paysan de Paris, même s'il a été moqué et rejeté par Breton et les surréalistes, est un exemple faramineux et essentiel du surréalisme. Il en est la définition-même.
J'ai essayé de faire court,même s'il y a encore tant à dire.
Au vu de l'état de mon roman, moi aussi, j'ai repoussé les limites du commentaire en marge et des annotations. Ce livre, je l'ai décortiqué, tourné et retourné dans tous les sens, fouillé dans tous les recoins. 
J'aime Aragon inconditionnellement ...... et en lisant ce roman, je me suis rendu compte qu'il reprenait tout ce que j'aimais: la philosophie, le rapport au langage, la question de l'identité, l'écriture et le style et surtout le surréalisme.
Certains diront que c'est un courant qui n'était qu'un feu de paille, vain et vite oublié, qui n'a servi à rien dans l'histoire de l'humanité. Je pense que le surréalisme n'était peut-être qu'un pont entre deux périodes difficiles.  Il est né dans un contexte de guerre où les auteurs se posent la question existentielle: comment écrire après la Guerre de 1914-1918 où toute une génération a été décimée? On n'écrit pas de la même façon avant cette guerre et après. C'est impossible. Il faut réinventer l'écriture ou l'abandonner définitivement.Avant de pérenniser l'esprit surréaliste, il a fallu palper du terrain et c'est ce qui a été mis en place avec le mouvement Dada qui était plus un nihilisme, une décadence alors que le surréalisme reconstruit. Le surréalisme a été une sorte de bouffée d'air frais, dans cet entre-deux-guerres. On parle alors de révolution surréaliste. Cette révolution surréaliste, quelque peu ternie par les montées nationalistes, fascistes et nazies, deviendra une Révolte surréaliste. Cette Révolte est concomitante à la Résistance. Renier l'existence du surréalisme comme œuvre d'utilité publique c'est bafouer la Grande, Belle et Forte Résistance des années 1940.