Dans le cadre de mes fonctions de critique musical, je suis tombé récemment sur un tout nouvel album plutôt curieux : l’enregistrement de la troupe originale de la comédie musicale Rocky.
Et je ne parle pas ici du célèbre Rocky Horror Picture Show, non. Il s’agit d’une adaptation pour la scène du film de 1976 réalisé par John G. Avildsen et écrit par Sylvester Stallone, dans lequel celui-ci interprète le rôle d’un boxeur talentueux, mais malchanceux qui se voit offrir l’opportunité d’affronter un champion mondial, et est ainsi élevé au rang de héros improbable du peuple.
Une comédie musicale sur Rocky Balboa ? Sérieusement ? Vous me faites marcher, non ? Eh bien non… L’œuvre fut créée il y a deux ans, à Hambourg, et la production fut transférée récemment à Broadway. Le disque vient tout juste d’être lancé. Et laissez-moi vous dire : c’est mauvais ! C’est d’une bêtise sans nom. Pour vous donner une idée, l’une des premières chansons s’intitule My Nose Ain’t Broken (mon nez n’est pas cassé), une ballade sirupeuse sur fond de guitare acoustique dans laquelle Rocky Balboa chante ses doutes et ses peurs (avec une voix qui ne ressemble en rien à celle de Stallone, ce qui n’est peut-être pas si mal quand on y réfléchit…), et où le personnage fait des liens boiteux entre lui-même et Rocky Marciano, tout en décrivant la petite misère qu’est son quotidien.
C’est… terrible. Et pourtant, je fouille sur le web et je vois que les critiques sont excellentes. Apparemment, le spectacle est un succès.
Je peux comprendre l’attrait. Je suis un grand amateur de la franchise cinématographique Rocky. Mais – et c’est un amoureux des comédies musicales de toutes époques qui écrit ceci — jamais, JAMAIS, je n’ai rêvé ni souhaité voir ce récit raconté en chansons.
L’album contient une abominable version de Eye of the Tiger, des « training montages », tels ceux qui ont fait la réputation de ces films, et une foule d’autres moments qui font grincer des dents. Si je n’avais pas la certitude que le projet est sérieux, j’aurais pu facilement croire qu’il s’agit d’une parodie. D’un autre côté, je sais que Broadway a présenté au cours des dernières années des productions extrêmement dispendieuses d’adaptations de films telles que Spider Man, alors le phénomène n’est pas nouveau.
Broadway, qui à une époque fouillait dans les œuvres littéraires obscures et moins obscures pour trouver le matériel source de ses pièces musicales, préfère aujourd’hui offrir à son public des trucs commerciaux, avec lesquels ce dernier est familier. Ce public, qui se laisse difficilement attirer hors de son séjour, doit en avoir plein la vue et surtout ne pas être confronté à des textes et à des personnages trop complexes. Il faut attirer dans les théâtres les touristes bedonnants et un public de plus en plus culturellement illettré, et quoi de mieux pour cela que l’histoire archiconnue du petit boxeur sympathique, l’underdog américain par excellence que tout le monde aime déjà ?
J’aime les comédies musicales quand c’est bien fait. Et je sais d’expérience qu’on ne peut juger une production sur le simple album de la troupe. Cependant, en tant qu’élément promotionnel pour le spectacle, le disque ne réussit pas à me donner envie de voir Rocky, la comédie musicale. Heureusement que j’y ai eu accès gratuitement (et légalement), car je ne paierais aucunement pour ce produit déplorable. Mais bon, ça m’a bien fait rire. Il y a au moins ça de positif…
Rosemary’s Baby, la conclusion
Laissez-moi revenir un instant sur la deuxième partie de la minisérie Rosemary’s Baby présentée récemment au réseau NBC. Je vous ai parlé de la première partie dans la chronique précédente, et je vous ai fait part de mon mécontentement face à cette nouvelle mouture du récit d’Ira Levin. Conclusion suite au visionnement de la deuxième et dernière partie : tenez-vous loin de cette version ! La finale est vaguement plus intéressante que les deux premières heures, mais l’ensemble est une bien mièvre adaptation, bourrée de clichés, de dialogues creux et de performances risibles. Vous serez mieux servi par le film de Roman Polanski, ou le roman original.Notice biographique
Jean-François Tremblay est un passionné de musique et de cinéma. Il a fait ses études collégiales en Lettres, pour se diriger par la suite vers les Arts à l’université, premièrement en théâtre (en tant que comédien), et plus tard en cinéma. Au cours de son Bac. en cinéma, Il découvre la photographie de plateau et le montage, deux occupations qui le passionnent. Blogueur à ses heures, il devient en 2010 critique pour Sorstu.ca, un jeune et dynamique site web consacré à l’actualité musicale montréalaise. Jean-François habite maintenant Peterborough. Il tient une chronique bimensuelle au Chat Qui Louche.