L’histoire : Au Japon, dans la première moitié du 17ème siècle, les persécutions contre les chrétiens font rage et l’animosité est grande contre les européens. Les chrétiens doivent apostasier et, s’ils s’y refusent, ils subissent d’atroces supplices avant d’être mis à mort. C’est dans ce contexte que trois prêtres missionnaires portugais font le voyage vers le Japon pour continuer l’œuvre d’évangélisation. Conscients des dangers qu’ils courent en se rendant dans ce pays, ils pensent néanmoins être assez forts pour affronter ces épreuves, et savent qu’ils devront être prudents, vivre dans la clandestinité, pour ne pas finir comme des martyres. (…)
Mon avis : Bien que Shûsaku Endô soit chrétien et que ce roman présente les japonais sous un jour peu reluisant, on est très loin de tomber dans le manichéisme et la foi est montrée avec tous ses doutes et toutes ses vicissitudes. Le personnage principal, le père Sébastien Rodrigues, a, au début du livre, une foi conquérante et sûre de ses principes, mais sa confrontation aux épreuves infligées par les japonais, l’amène à de nombreuses réflexions sur le courage, sur la charité, sur la trahison de Judas et l’attitude du Christ envers lui, et sur le vrai sens de sa religion.
Un autre personnage important dans le livre est celui de Kichijiro, qui endosse le rôle à la fois du lâche et du traître, et qui ne cesse de réclamer l’absolution au père Rodrigues, alors qu’il serait tout prêt à apostasier une nouvelle fois, et à trahir le prêtre si l’occasion se présentait à nouveau. Mais, en même temps, Kichijiro est extrêmement tourmenté de se savoir si faible, et il semble vraiment animé par la foi, malgré la duplicité de son caractère et son égoïsme.
Le titre fait référence au silence de Dieu face aux martyrs que subissent les chrétiens, un silence que le père Rodrigues ne comprend pas, qui n’est pas loin de le révolter, et qui le fait douter de l’existence de Dieu.
Un livre très intéressant, et assez poignant, même quand on n’a pas la foi.
Silence était paru pour la première fois en 1966.