Magazine Société
La France est de plus en plus malade. Dette en augmentation, désindustrialisation constante (PSA devient chinois, Alsthom va devenir américain, Lafarge a largué les amarres vers la Suisse, Arcélor est devenu indien, etc…), chômage croissant, taux d’abstention inédit, décomposition des partis politiques avec une croissance inquiétante de l’extrême droite. La démocratie ne fonctionne plus correctement. Les partis politiques ne remplissent plus leur rôle. L’UMP a été créée comme une machine à porter à la Présidence un homme « providentiel ». En supprimant ainsi l’obligation de la réflexion sur ses propres valeurs, cela lui a interdit de se construire une ligne et une philosophie politiques. Lorsque l’homme providentiel n’existe plus, le parti est en déshérence et ne sait pas proposer une vraie vision politique. De plus, puisqu’il n’y a plus de chef à la hauteur, la division interne et la cacophonie s’installent, les ambitions personnelles s’exacerbent. Le Parti socialiste n’est pas en meilleure position. Après Mitterrand, les primaires socialistes ont permis à n’importe qui de se porter candidat à la Présidence. Le choix revient donc aux militants, voire davantage. Or, depuis Chirac, le choix du peuple s’est montré de plus en plus catastrophique car attiré plus par la « normalité » de l’homme que par la compétence du candidat. Mitterrand disait « je serai le dernier grand président ». La suite lui a donné raison. La Ve République a été « taillée » pour un homme d’exception et ne fonctionne donc pas correctement avec quelqu’un qui n’a pas l’envergure du poste. Les primaires sont également le ferment de la division interne par la création de courants autour de chaque candidat. De leur côté, les partis extrémistes se confinent dans le populisme et prospèrent auprès d’un bon quart du peuple qui ne s’interroge pas sur la faisabilité de leurs promesses, ni sur leurs conséquences, car la culture économique de la majorité du peuple est quasiment nulle. De plus, et ce n’est pas la moindre des choses, il faut bien convenir que le FN est le seul parti qui propose un programme cohérent et complet, ce que ne savent plus faire les partis traditionnels. C’est là-dessus que se construit le succès de ce parti. Il prospère sur la déliquescence des partis dits républicains. Remarquons que les grands Présidents de la Ve sont tous issus de la guerre et de ses conséquences. Pour De Gaulle c’est une évidence. C’est l’Histoire qui l’a porté au pouvoir. Pour Pompidou et Giscard, ce sont deux hommes mis en scène par de Gaulle au cours de ses mandats. Mitterrand a forgé sa carrière et sa réputation dans sa confrontation et son opposition permanente à De Gaulle. Tous ces hommes sont directement ou indirectement liés à De Gaulle. Malgré la filiation revendiquée par les uns ou les autres, cette dernière s’est interrompue et la compétence présidentielle s’est amoindrie de façon catastrophique jusqu’à aujourd’hui. Plus significatif que le « tous pourris », les français se détournent de la politique par la faute de ceux qui l’incarnent. Comment réconcilier le peuple avec la politique et ceux qui sont censés l’incarner lorsque, en dehors des séances médiatisées par la télévision, les hémicycles sont quasiment vides avec seulement quelques politiciens cacochymes qui tapotent sur leurs tablettes ou leurs smartphones ? Comment s’étonner que près de 70% des jeunes entre 18 et 25 ans se soient abstenus aux dernières élections ? L’incompétence est générale. Il ne suffit plus que les politiques tentent de dissimuler cette incompétence derrière une mise en accusation hypocrite et permanente de l’Europe, faisant semblant d’oublier que l’Europe ne fonctionne que sur les décisions des chefs de gouvernement. Leur discours a perdu toute crédibilité. Seuls les bateleurs néfastes et populistes des partis extrémistes sont alors écoutés et entendus. Si les Français renient leur choix à peine quelques mois après avoir élu le Président de la République, c’est bien que l’incompétence de celui-ci devient rapidement une évidence aux yeux de tous. L’avenir est sombre : qui a l’envergure nécessaire pour 2017 ? Personne ! Si rien ne change, le scénario Chirac-Le Pen du 21 Avril 2002 se reproduira.