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Corniche Kennedy - Maylis de Kerangal ***

Publié le 01 juin 2014 par Philisine Cave
Trois hommes, une femme : voici le quatuor intergénérationnel que propose Maylis de Kerangal dans Corniche Kennedy. Forcément déséquilibré et cela tombe bien car on y parle aussi de chutes (d'eau). Corniche Kennedy - Maylis de Kerangal *** Le temps d'un été, des jeunes d'une cité profitent d'une météo clémente pour défier la pesanteur : se jeter du haut de la corniche Kennedy ravive leur goût du risque, leur inconscience aussi (un mauvais saut, une réception malheureuse et les voilà handicapés à vie ou sans vie). Mais Sylvestre Opéra, policier diabétique sur le déclin, veille au grain, carnet d'amendes à la main. Car l'heure est à la prévention voire à la répression et au souci d'exemplarité, sous fond de trafics en tout genre (routier, narcotique, proxénète). Un duel au sommet s'annonce : minots contre vieux, vertige contre vol plané, Jules-Eddy tout contre Jim-Mario pour les beaux yeux d'une Suzanne peu refroidie.
Maylis de Kerangal a toujours cet intérêt de décrire parfaitement l'univers dans lequel évoluent ses personnages : ici une corniche marseillaise, frontière physique et perméable de la légalité. Ce lieu estival de jeu et de rencontre d'ados, devient une mesure de contestation face à la décision des autorités locales d'interdire les sauts. C'est aussi un enjeu sociétal où des milieux contrastés (comme ceux de Mario et de Suzanne situés à des années-lumière) peuvent se côtoyer pendant la période des maillots de bain (moins discriminants que des vêtements de marque ou rapiécés). Corniche Kennedy raconte la transgression de l'interdit (de défi sportif, le saut paraît un bras d'honneur adressé à une société incomprise) et la mouvance des frontières du cœur (l'amour d'un policier pour une prostituée, le trio d'adolescents en devenir incertain). La tension palpable tout au long de la lecture navigue entre présent (Mario, Suzanne, Eddy dit le Bégé, Sylvestre avec ses jumelles) et passé (Sylvestre et Tania).
Nourrie d'une prose riche lexicalement, l'intrigue ne souffre pas de temps mort. Il a juste manqué un petit quelque chose pour que je m'attache aux personnages. Trop collés à leur environnement, peu empathiques (à part le commissaire pour le jeune Mario), ils évoluent telles des boules de flipper, se côtoient, s'attirent mais ne s'aiment pas. Tout m'a semblé effleuré : l'adolescence sans repères, les jeunes héros en mal de mer mère/père, Opéra qui aurait mérité plus d'étoffe (malgré son allure ventripotente).
En résumé : Corniche Kennedy reste une lecture agréable, en-deçà de Naissance d'un pont, Réparer les vivants et de Tangente vers l'est .
LC avec Valérie que je remercie
autres avis : Sylire, Yv, Constance,
Ce livre voyage et il est dédicacé !

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