Magazine Santé
Dernière modification le 18-04-2008
Exposés aux vapeurs de mercure libérées lors de la condensation et du fraisage de l'amalgame ou plombage), les dentistes sont eux aussi intoxiqués. Le problème est réel mais
occulté par les autorités sanitaires françaises qui nient tout risque, tant pour le dentiste qui manipule l'amalgame que pour le patient qui le porte en bouche. Le docteur JM Bousquet, qui a
aujourd'hui cessé de pratiquer en raison de problèmes de santé graves, témoigne de son parcours.
Les récents propos insultants tenus par M. Goldberg dans le CDF paru fin février 2008* m’obligent à réagir et à témoigner. Alors que des pays scandinaves ont
restreint depuis longtemps l’utilisation de l’amalgame dentaire et que la Norvège vient de l'interdire, et pas
seulement pour des raisons environnementales, la France, s’appuyant sur les conclusions faussement rassurantes du très controversé rapport de l’Assaps de 2005 continue à justifier et autoriser le
recours à ce matériau constitué pour 50% d’un produit maintenant classé CMR (cancérogène, mutagène et reprotoxique). En revanche à la même époque, sur la même question de la toxicité potentielle
du mercure, la Suède dans un rapport beaucoup mieux étayé et plus objectif arrivait à des conclusions totalement opposées.
* Article intitulé Merci au ministre norvégien de l'Environnement dont on peut lire une critique sur le site des éditions
Luigi Castelli.
Déclenchement d'une maladie neuro-dégénérative
J’ai exercé en tant que chirurgien dentiste à Cahors pendant 25 ans mais, en 2002, j’ai dû cesser mon activité pour invalidité professionnelle suite à une maladie neurodégénérative
sensitivomotrice d’évolution péjorative apparue soudainement en 1989, à l’âge de 37 ans. Pendant mes études, j’avais appris que le mercure était un poison mais on nous avait enseigné qu’une fois
lié aux autres métaux de l’amalgame, il ne présentait plus aucun danger. Dès le début de la maladie j’ai songé à un intoxication mercurielle, mais l'hypothèse a été infirmée par de simples
analyses d’urine qui ont montrées en 1990, puis en 1999 des taux de mercure inférieurs à la norme de 10 microgramme par litre.
Bons et mauvais dosages
Ainsi jusqu’en 1998, je me contentais du diagnostic de "probable maladie de Charcot-Marie-Tooth atypique et sporadique". Mais début 1999, grâce à l’association Non Au Mercure Dentaire,
j’ai appris que l’analyse d’urine spontanée n’est pas un bon indicateur de l’intoxication mercurielle chronique. Ce sera plus tard confirmé par un toxicologue universitaire qui écrit à mon sujet
en 2003 : « les concentrations mercurielles sanguines et urinaires ne sont pas représentatives d’une pollution mercurielle chronique ancienne puisque la mercuriémie reflète une
contamination instantanée et que la mercuriurie est un bon indicateur d’une exposition de l’ordre du trimestre ». Ce toxicologue suggérait «d’évaluer la quantité de Hg accumulé dans
l’organisme à l’aide d’un traitement chélateur DMPS, traitement favorisant par ailleurs la désintoxication du tissu nerveux dans lequel la demi-vie biologique du mercure serait de l’ordre de 18
ans». En mars 2000, le dosage du mercure dans les selles et les urines, deux heures après la prise de trois comprimés du chélateur DMPS, avait effectivement montré des chiffres très élevés,
apportant la preuve d'un stockage important des métaux des amalgames dentaires mis en évidence par le chélateur. Malheureusement, de violentes migraines, provoquées par la mobilisation du
mercure, m'ont empêché de poursuivre le traitement de chélation par DMPS.
Déni médical
Malgré ces résultats, les neurologues qui me suivent n’ont jamais su, voulu ou pu aller dans la direction d’une pathologie induite par le mercure et se sont toujours référés aux simples analyses
préconisées par l’Afssaps. En 2000, j’ai même participé à l’étude de F. Toumelin-Chemla s’appuyant sur ces simples taux de mercure urinaires. Quand on sait que ces recherches ont été faites
en collaboration avec Dentoria (un important fabricant d'amalgame!), on peut émettre des doutes sur leurs conclusions. Pour prouver la non toxicité du mercure, il suffit de ne pas choisir
le bon indicateur! Il en sera de même en 2006 quand j’ai suivi le protocole de l’Afssaps destiné à s’occuper des malades pensant être intoxiqués par ce poison. C’est la présidente du Collège
français des biomatériaux dentaires qui s’est chargée de moi! Quant au biologiste qui a fait mes analyses, il a reconnu par téléphone ne pas être
spécialiste de l’intoxication mercurielle, il faisait pourtant parti du groupe d’experts de l’Afssaps! Une chance, on ne m’a pas envoyé chez le psychiatre!
Problème de santé publique
Des analyses faites en Allemagne dans un laboratoire agréé montrent que je suis victime d’une intoxication mercurielle chronique, non reconnue en France. A mon avis, elle est due
aux nombreux amalgames que j’ai eu très longtemps en bouche mais surtout au mercure que j’ai inhalé en le manipulant sans précaution des années durant et auquel je dois avoir une
hypersensibilité, sans doute génétique, hypersensibilité qui m'a amené à développer des symptômes avec plus d'acuité qu'un autre. On connaît depuis longtemps la toxicité du mercure, son relargage
à partir des plombages est connu, ce métal est interdit dans de nombreux domaines et pourtant, en France, on continue de nous abuser… Pourquoi ne pas appliquer le principe de précaution et exiger
l’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) pour l’amalgame et les autres matériaux dentaires, comme c'est le cas pour les médicaments? Faut-il que, pour des raisons économiques à court terme, on
continue à empoisonner la population et qu’éclate un nouveau scandale?
Jean-Marie Bousquet, docteur en chirurgie-dentaire
NoteL'exposition professionnelle au mercure par le personnel des cabinets dentaires n'est pas reconnue par les autorités françaises. Dans
un rapport paru mi-janvier
2008, un comité scientifique européen nie également tout risque pour le dentiste et son
personnel.
Compléments d'informations sur le plombage au mercure Lire les rubriques
Plombage, Plombage-dangers, Plombage-dépose dans le Pratikadent (extraits disponibles sur le site des éditions Luigi
Castelli).
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