J’étais arrivée, enfin.
Le travail, le quotidien, la vie qui battait son plein avaient fait que je m’étais éloignée de mon sanctuaire.
Le feuillage d’un arbre caressait celui de l’autre, tout près, et ainsi de suite jusqu’à ce que dans l’élan, leur tête se balance dans un sens et dans l’autre. Ils communiquaient entre eux et s’échangeaient des murmures dans le bruissement de leurs feuilles bientôt trop sèches pour tenir au bout de leurs branches. Jamais commérage n’aura été aussi doux à mes oreilles.
Assise sur le grand rocher, entourée de ces seigneurs, je ressentis l’approche d’un imminent bonheur. Les arbres me le chuchotaient et, jeune femme que j’étais, les bras autour de mes genoux repliés sur mon cœur, je penchai la tête en arrière et fermai les yeux. J’étais témoin d’un discours merveilleux. Le bonheur viendrait parce qu’ils me le chantaient.
Heureuse et émue, en regardant la cime des arbres qui me pointaient le ciel, je me suis promis d’ouvrir mon cœur à ce bonheur inconnu, peu importe ce qu’il m’en coûterait. Les arbres m’avaient annoncé ta venue. Je le ne le sus qu’après.
C’est à ce moment précis qu’une feuille de chêne se déposa sur tes cheveux. Je m’approchai pour la saisir, car mon ami l’arbre me présentait à toi. Tu étais si belle. Radieuse et souriante. Les rayons du soleil se glissaient à travers les feuilles pour dessiner dans tes yeux, des éclats chatoyants. Tu m’as dit « merci », et lorsque tu voulus saisir cette feuille aux doigts étendus, que je te montrai en souriant, c’est alors que ton regard croisa le mien. Puis, l’amour déferla comme le vent qui embrasse tout sur son passage. Les tapis de mousse seraient empreints de nouvelles promesses dont les êtres des bois seraient les seuls témoins.
Quelques fois, il m’arrive de retourner à ce rocher, au cœur de la forêt, pour m’y asseoir et y contempler
Les jours où tout est calme et serein, ils ne se lassent guère de me rappeler que ce bonheur me suit toujours et que j’en resplendis comme l’écoulement brillant du ruisseau où la lumière se baigne. Tes esquisses ont figé mon sourire, dans le vol de cet oiseau.
Les arbres m’enveloppent de cette joie qu’ils ressentent et je leur raconte comment est ma vie avec toi. Et dans ces instants étonnants, ils se mettent à danser et à faire bruire leur feuillage. Ma joie devient la leur, et mes amours, de délicieux soleils qui se partagent.
Francesca Tremblay
(Nous avions déjà eu le plaisir de publier occasionnellement des textes de cette auteure. Nous sommes aujourd’hui heureux d’annoncer que dorénavant elle sera chroniqueuse régulière au Chat Qui Louche. Bienvenue à bord, Francesca ! AG)
NOTICE BIOGRAPHIQUE
Cette jeune femme a à son actif un recueil de poésie intitulé Dans un cadeau (2011), ainsi que deux romans jeunesse : Le médaillon ensorcelé et La quête d’Éléanore qui constituent les tomes 1 et 2 d’une trilogie : Le secret du livre enchanté. Au printemps 2013, paraîtra le troisième tome, La statue de pierre. Plusieurs autres projets d’écriture sont en chantier, dont un recueil de poèmes et de nouvelles.