On sait maintenant combien notre métabolisme est lié aux rythmes circadiens et qu’un dérèglement de notre horloge biologique peut favoriser les troubles métaboliques dont le surpoids et l’obésité. Et si l’on allait encore plus loin dans les effets du cycle jour-nuit ou veille-sommeil ? C’est ce qu’on fait ces chercheurs de l’Université d’Oxford qui ont regardé les effets de la lumière la nuit ou « dormir avec la lumière » sur la propension à prendre du poids. Ces résultats, étonnants, publiés dans l’American Journal of Epidemiology, montrent qu’on n’échappe pas à cette alternance naturelle jour-nuit.
Quelques études ont déjà porté sur l’influence des lumières, la nuit, qui affecte nos rythmes circadiens. Récemment, une étude de la Harvard Medical School et du Brigham and Women ‘s Hospital (Boston), publiée dans la revue Nature, alertait sur les effets perturbants de l’éclairage nocturne, en particulier de celui provenant des différents dispositifs, ordinateurs, smartphones ou tablettes. Une précédente étude du Rensselaer Polytechnic Institute (New York), publiée dans la revue Applied Ergonomics avait déjà suggéré un effet perturbant de la lumière bleue des tablettes mobiles sur la mélatonine ou » hormone du sommeil « , et donc sur notre cycle circadien ou horloge biologique. D’autres études ont suggéré des effets néfastes de l’éclairage nocturne, en particulier sur le risque de dépressionet de cancer. Cette nouvelle étude montre qu’un simple éclairage dans la chambre va perturber l’équilibre du poids corporel.
L’analyse a été menée sur les données de 113.000 femmes, âgées de 16 ans et plus, en moyenne de 47 ans, participant à la « Breakthrough Generations study ». Ces participantes ont renseigné les niveaux de lumière dans leur chambre la nuit (assez de lumière pour lire, un peu de lumière mais pas assez pour lire, trop d’obscurité pour voir même sa main). Les chercheurs ont ensuite examiné le lien entre ces données et les différentes mesures de poids (IMC, % de masse grasse, rapport taille- hanche, tour de taille et rapport taille-hauteur). Enfin, les chercheurs ont pris en compte les facteurs de confusion, comme l’âge, avoir un jeune enfant, le statut socio-économique, le travail de nuit dans les 10 années précédentes, l’activité physique, la consommation d’alcool, la durée de sommeil et le tabagisme.
A l’analyse,
· 1,3% des participantes présentent une insuffisance pondérale,
· 52,3% un poids de santé,
· 28,9% un surpoids,
· 13,7% une obésité.
· 3,8% étaient sans données suffisantes.
La conclusion est sans appel, le risque de surpoids et d’obésité diminue avec le niveau d’obscurité e la chambre !
Ainsi, pour une obscurité totale, le risque d’obésité est réduit de 21% vs une lumière, même tamisée, la nuit.
Ainsi, on n’échapperait que difficilement en matière de métabolisme au cycle naturel du jour et de la nuit. L’horloge biologique, qui fait déjà l’objet d’études toujours plus nombreuses et précises, s’avère, avec cette étude, un facteur clé de notre équilibre métabolique. Certes, il y a le travail posté, les voyages et le jet lag, auxquels parfois on ne peut échapper. Mais autant que possible, dormir dans une pièce sombre contribue à promouvoir de bonnes habitudes de sommeil. A noter cependant, l’étude ne suggère pas que dormir dans l’obscurité permet de perdre du poids !
Source:American Journal of Epidemiology May 29 2014 doi: 10.1093/aje/kwu117
The Relationship Between Obesity and Exposure to Light at Night: Cross-Sectional Analyses of Over 100,000 Women in the Breakthrough Generations Study (Visuel@© Alexandr Vasilyev – Fotolia.com)