La diversité alimentaire pourrait même entraver la diversité microbienne dans l’intestin, remarquent ces scientifiques de l’Université du Texas. Ils viennent de découvrir, chez le poisson, que plus son régime alimentaire était varié, moins diversifié était son microbiote intestinal. Cette association inverse, si confirmée chez l’Homme, signifierait que les combinaisons d’aliments influencent la diversité des microbes de l’intestin. Ces conclusions, présentées dans les Ecology Letters, ont des implications sur l’utilisation des probiotiques et de l’alimentation dans le traitement des maladies digestives.
L’équipe du Dr Bolnick examine ici l’effet de combinaisons de différents aliments sur les bactéries de l’intestin, sur 2 espèces de poissons (l’épinoche à trois épines et la perche).
Les poissons sont des mangeurs difficiles, expliquent les auteurs, ils se concentrent sur un seul type de nourriture, des petits crustacés ou encore des larves d’insectes. Pourtant, ils présentent des communautés microbiennes très diversifiées dans leurs intestins. En revanche, un poisson qui se nourrit avec un mélange plus varié d’aliments présente moins de microbes différents dans son intestin (Voir illustration).
Ces poissons ont été étudiés à l’état sauvage, puis leur régime alimentaire a été modifié, en laboratoire. Les chercheurs constatent que plus leur régime est varié, moins grand est la diversité bactérienne.
Ils suggèrent qu’une grande diversité d’aliments donne l’avantage à certaines bactéries généralistes, leur permettant de se développer au détriment de bactéries plus spécialisées. Cette observation est particulièrement vraie chez l’une des 2 espèces de poissons. L’autre explication suggérée serait que la diversité alimentaire favorise le développement de composés chimiques inhibiteurs qui inhibent certaines bactéries. De multiples inhibiteurs seraient alors associés à un nombre réduit de microbes intestinaux pouvant survivre.
Repenser l’alimentation et les probiotiques ? Si ces résultats s’avéraient vraies pour les humains, alors il faudrait repenser les effets des différents aliments et des probiotiques sur le microbiome humain. Des conclusions particulièrement légitimes alors, compte-tenu de la très grande diversité de l’alimentation humaine. Une diversité toujours recommandée. En bref, l’effet d’un régime mixte n’est pas celui des deux régimes séparément.
Source: Ecology Letters 22 MAY 2014 DOI: 10.1111/ele.12301 Individuals’ diet diversity influences gut microbial diversity in two freshwater fish (threespine stickleback and Eurasian perch) (Illustration@ Dan Bolnick)