Vous alliez souvent, petite fille, jouer sur la plage grande et belle.
Vous fîtes là moult châteaux de sable
Que la marée montante submergeait toujours
Sous vos cris faussement indignés,
Car dans le fond, fort ravie vous étiez de cette force sauvage
Qui piétinait vos constructions éphémères…
Adolescente, sur la même plage, vous vous mîtes à rêver
Au prince charmant qui habitait le château.
Beau, preux et courageux, il vous semblait le voir
Galoper dans les flots, sur son cheval fougueux.
Un jour, il prit les traits d’un vacancier de passage
Et là, sur le sable de la grande plage d’abord, puis dans les dunes discrètes
Vous avez goûté de sa force sauvage et de ses baisers tendres.
Submergée sous les vagues du désir, ravie,
Vous avez crié votre joie à chaque marée haute.
Mais quand prit fin l’été et que le prince fougueux regagna son port,
Indignée, vous comprîtes que tout château n’était fait que de sable.
Aujourd’hui, vous marchez seule sur la plage grande et belle
Et dans le ciel vide passent de grands oiseaux blancs.
Tout en regardant les enfants qui construisent des châteaux éphémères,
Vous écoutez les flots fougueux qui déferlent sur le sable.
Ce sont les chevaux de la mer, qui galopent, écumant.