Tim Cook: dans l’ombre de Steve Jobs

Publié le 30 mai 2014 par Ogenius @Macaficionados

C’est ce lundi 2 juin que nous connaîtrons la feuille de route qu’Apple aura choisie pour les prochains mois et probablement les prochaines années à venir.

Ce sera aussi l’occasion de constater à quel point Apple n’est plus la même depuis le départ de Steve Jobs.

Eddy Cue, Vice Président senior des produits d’Apple a récemment

affirmé lors d’une entrevue Re/code : «Apple possède la meilleure ligne de nouveaux produits que j’ai connue en 25 ans».

C’est dire à quel point cette Keynote s’avère importante et que les prochains mois seront décisifs.

S’il est de coutume de dire que l’iPhone 5 tel qu’on le connaît est officiellement le dernier produit sur lequel le défunt Steve Jobs s’était personnellement consacré, il ne fait aucun doute que l’Apple d’aujourd’hui de Tim Cook, CEO d’Apple, rompt de manière drastique avec l’ancien Apple.

La dernière acquisition de l’entreprise milliardaire de musique Beats Studio fondée par nul autre que le célèbre rappeur Dr Dre et lovine, bien qu’elle ait un air de surréalisme, répond pourtant parfaitement à l’«ADN d’Apple», tel qu’aime à le rappeler Tim Cook:

  • Une entreprise fondée sur une culture et une marque fortes
  • Une entreprise innovante par ses produits (quoi qu’en disent ses détracteurs)
  • Une entreprise avec des êtres talentueux, passionnés et créatifs
  • Une entreprise qui a compris l’universalité de la musique (tout comme Apple avec iTunes…et le premier iPod!)

Tim Cook a travaillé pendant plus de 15 ans avec Steve Jobs et est réputé être un excellent gestionnaire de l’approvisionnement des stocks dans la chaîne de production mondiale d’Apple.

Derrière sa relative timidité et sa distance médiatique, il n’a pourtant pas su manquer de personnalité et impose aujourd’hui son sceau et sa cadence à tout ce qui touche Apple.

«Apple est plus concernée par l’enrichissement des vies personnelles qu’à faire de l’argent.»

Tim Cook le sait: le succès d’Apple repose aujourd’hui sur des produits innovants répondant à des besoins spécifiques. Mais pour cela, encore faut-il avoir les meilleurs éléments dans son équipe.

Si les vagues successives des départs de la tête des dirigeants d’Apple inquiétaient bon nombre d’analystes, Tim Cook a pris soin de s’entourer de personnes hautement qualifiées qui viendront garnir les rangs de l’Apple post Steve Jobs.

De nouvelles embauches

Angela Ahrendts, tête d’affiche de l’Apple Retail

Avec l’embauche d’Angela Ahrendts, 53 ans, senior Vice-présidente commerce en ligne et de détail, Tim Cook a marqué un coup important dans la consolidation des parts de marché d’Apple.

L’ex CEO de la marque de luxe Burberry s’intègre parfaitement à la culture organisationnelle d’Apple. Son expérience et le succès qu’elle a su avoir avec la marque londonienne lui permettront de donner un souffle nouveau aux Apple Store mondiaux.

Peu s’en faut: ces derniers sont les boutiques les plus rentables au monde, calcul du mètre carré à l’appui  et Angela (appelons-la ainsi, simplement!), qui a des valeurs fortes telles que l’humilité et l’excellence dans le travail, héritées de son éducation, aura carte blanche pour développer de nouvelles avenues de croissance, notamment avec la technologie iBeacon, le système de positionnement intérieur.

Son charme opèrera également auprès des équipes sur le terrain, elle qui connaît l’importance du « Brand Ambassador» (ambassadeur de marque), pour augmenter les ventes directes aux utilisateurs.

Apple a d’ailleurs récemment mis un terme aux boutiques de revente sur les campus universitaires, notamment au Canada et aux États-Unis, pour rapatrier les ventes dans ses beaux quartiers.

La Keynote de lundi devrait nous éclairer sur les croissances fulgurantes des Apple Store mondiaux, ainsi que la somme totale versée aux développeurs sur la plateforme numérique de l’AppStore. En sommes. Nous serons fixés sur ce sur quoi Angela pourra réellement travailler comme base.

De nouvelles acquisitions

Tim Cook n’oublie pas de rappeler qu’Apple a racheté pas moins de 27 entreprises lors de l’année fiscale de 2013. Parmi celles-ci, Embark, HopStop, un système de géolocalisation et WifiSLAM, pour les stationnements intérieurs.

Ces acquisitions permettent généralement à Apple de prendre de l’avance technologique sur ses concurrents en dévoilant des produits à la fine pointe (notre article: ces applications qu’Apple pourrait jalouser).

Steve Jobs n’a-t-il pas repris cette citation qu’on attribue à Pablo Picasso: «les bons artistes copient, les véritables génies dérobent» (les idées…et peut-être aussi les produits)?

De nouvelles gammes de produits

Apple n’innove plus? Mon c**!» s’était exprimé Phil Schiller l’année dernière, lors de la Keynote d’Apple 2013 qui avait annoncé le dévoilement du Mac Pro, une bête de scène semble-t-il, pour les spécialistes de l’audiovisuel.

Depuis, un an s’est écoulé…et nous attendons toujours avec impatience qu’Apple reproduise le coup du lapin, comme il le fit avec le premier «iPod» de 2001, le premier «iPhone» de 2007, le premier «iPad» de 2010, le premier  «MacBook Air»de 2008…On en redemande sans cesse!

Tim Cook l’a pourtant bel et bien dit et répété à plusieurs reprises: «l’année 2014 sera riche en nouveaux produits pour Apple» et probablement davantage avec l’introduction d’une «nouvelle gamme de produits» qui reste au chapitre…du mystère!

Suspendue aux lèvres du CEO d’Apple, la presse-rumeur annonce d’ores et déjà une éventuelle iWatch que la concurrence (notamment Motorola et Google) a elle aussi bel et bien anticipé avant l’heure.

On parle aussi de l’introduction de nouvelles apps branchées sur la santé personnelle (notre article: iOS 8, les attentes de Mac Aficionados) et encore plus récemment d’une toute première entrée dans la domotique, cette discipline qui nous connecte directement aux objets que nous avons dans la maison (lire notre article Siri: l’arme secrète d’Apple).

Le rachat de Nest et de son thermostat innovant fondé par Tony Fadell, également père de l’iPod qui a rejoint les rangs de Google, son rival du moment, n’aurait pas beaucoup plus aux dirigeants d’Apple  paraît-il…

Qui sait si l’heure n’est pas venue de régler quelques comptes entre anciens amis, autour d’un bon…croissant…

La Keynote 2014 nous informera notamment sur les nouveaux logiciels présentés sur Mac et sur iPhone/iPad avec des améliorations à prévoir pour l’app Plans dont les débuts avaient été incertains mais pour laquelle les équipes d’ingénieurs et la contribution du public ont permis de rattraper le retard sur Google Plans.

iCloud sera sûrement évoquée au passage avec des améliorations à prévoir au niveau de l’interface Web pour concurrencer l’ascension d’Office mobile pour iPad (notre article Microsoft Office iPad, le désaveu d’Android?).

De nouvelles tranches d’utilisateurs

Il est difficile de cerner avec précision aujourd’hui qui sont les réels utilisateurs des produits d’Apple tant la firme de Cupertino semble s’être différenciée et que son public se veut universel.

Il suffit de faire un tour dans l’Apple Store le plus proche de chez vous pour vous en convaincre: jeunes et moins jeunes gravitent autour des produits phares que sont l’iPhone et l’iPad.

Longtemps considérée comme une marque élitiste, Apple a fait ces derniers mois un un choix binaire d’introduction de ses produits en raccourcissant leur cycle (version standard et Pro comme l‘iPhone 4 et l’iPhone 4S, le MacBook et le MacBook Pro, l’iPad et l’iPad Retina, l’iPad Air et l’iPad mini, l’iPod classique et l’iPod Touch, l’iPhone 5c et l’iPhone 5s) et en cherchant à séduire une marge d’utilisateurs toujours plus vaste (notre article: iPhone 5s et iPhone 5c: l’art du market-in!).

Non, Apple n’est plus aujourd’hui une marque exclusive. Elle se rapproche ainsi grandement du rêve de son co-fondateur, Steve Jobs «que chaque être humain sur la planète puisse posséder son propre ordinateur portable.» À défaut, un iPhone et un iPad feront l’affaire…pour l’instant du moins!

La réintroduction du modèle «freemium» gratuit avec OS X Mavericks (notre article: les meilleures applications pour OS X Mavericks) ainsi que la suite d’iLife (Keynote, Pages, Numbers, GarageBand, iMovie) traduit également cette volonté de rendre ses produits plus accessibles au grand nombre et  d’élargir ses utilisateurs, sans pour autant sacrifier la qualité.

Mac OS X.10 ne devrait pas faire exception à la règle.

L’acquisition de Beats  pour un sommaire 3 milliards $ dont Apple s’occupera maintenant du design aidera également à booster les ventes musicales et faire grandir la base d’utilisateurs, les deux entreprises jouissant d’une forte image de marque qui ne manquera pas d’être synergique: on aime ou on aime pas. Une chose est sûre, cela ne laissera personne indifférent.

Dr Dre et levine occuperont des postes «stratégiques» chez Apple et au moins l’un des deux fera probablement une apparition remarquée lors de cette Keynote.

Peut-être qu’il est encore trop tôt pour connaître réellement le sort qui sera réservé à l’excellente app Beats Music, l’app d’écoute à la demande des studios Beats et qui fait de l’ombrage à iTunes Radio en termes de fonctionnalités. Celle-ci permet entre autre le partage de ses morceaux d’une manière ludique sur les réseaux sociaux et concurrence directement des apps telles que Spotify et Rdio (notre article Rdio: la radio sociale que n’est pas encore iTunes).

Quant à ses nouveaux marchés de prédilection pour la croissance, ils présagent aujourd’hui des concurrents encore plus rudes puisque Apple vise elle aussi l’Asie, le Brésil et l’Inde, tandis qu’autrefois elle se concentrait principalement sur les États-Unis et l’Europe.

Sa conscience sociale s’est aussi affinée, Tim Cook n’hésitant pas à aller embaucher au passage dans l’administration Obama avec Lisa Jackson vice-présidente des initiatives environnementales chez Apple.

Elle a notamment «œuvré comme chef de l’Agence américaine de protection de l’environnement de 2009 à 2013». Le choix a porté fruit, comme le prouvent les éloges adressées par Greenpeace à Apple (Greenpeace flingue Amazon, félicite Apple via Numerama).

«Nous voulons laisser derrière nous un monde meilleur

Certes, la musique est au cœur de la stratégie commerciale d’Apple et elle l’a toujours été, comme elle nous le rappelle brillamment avec ses publicités colorées pour iPad telles que «Quelle sera votre rime» et la suite de Esa-Pekka Salonen.

Mais la différence entre Steve Jobs et Tim Cook est aujourd’hui certaine et tous deux ne jouent pas dans le même registre. Tim Cook ne se contente plus de se demander «qu’est-ce qu’aurait attendu Steve Jobs de moi?» et prend des risques réels, en surprenant au passage les observateurs les plus avisés.

Il se départit sans complaisance de ceux et celles qui ne partagent pas sa vision, célèbre à sa manière les 30 ans du Mac, demande pardon pour les erreurs du passé (ce que Steve Jobs n’a jamais fait et n’aurait certainement jamais fait), voit dans le streaming et l’écoute avec formule d’abonnement de la musique une porte de salut pour le déclin (relatif?) de sa plateforme musicale iTunes, rend accessible les futures versions de développement d’OS X β au public.

Apple n’est-elle pas en train de changer? Il serait pourtant temps de le réaliser.

La Keynote du 2 juin remettra les pendules à l’heure.

Nous saurons probablement si l’AppleTV a une suite qui sera dévoilée prochainement, si l’iPhone 6 (décliné en 2 versions?!) est bien celui que les rumeurs ont percé au grand jour si l’iWatch est un concept en phase de devenir (enfin!) réalité.

En attendant, bien malin qui pourra prédire les nouveautés que Tim Cook et son équipe dévoileront au monde entier lors du 2 juin 2014. Une chose est sûre: Apple a encore rendez-vous avec son Histoire.

Qu’attendez-vous de cette Keynote Mac Aficionados?

Lien de téléchargement:

Apple Keynote