Une vie sans pause et connectée en permanence : c’est le mot d’ordre du capitalisme contemporain. Efficace au point de nous empêcher de dormir… et de rêver.
C’est La petite phrase que j’ai lue ce matin à propos d’un livre intitulé « 24/7 Le capitalisme à l’assaut du sommeil » de Jonathan Crary.
C’est quand la dernière fois que vous avez déconnecté vraiment, à 100% ? Sans smartphone, sans ordi, sans TV, rien pendant 24 ou 48h. Juste dans la vraie vie, avec votre famille, vos amis, sans prendre en photo les premiers pas du petit dernier ou le dessert du jour, ni faire un chek-in des fabuleux endroits que vous visitez, juste pour montrer au reste du monde que vous avez une « vraie » vie.
Avouez, vous ne vous en souvenez plus. Car cela date de l’ère avant Smartphone, avant Wifi, c’est à dire avant que vous soyez adulte ^^
Vous vous souvenez qu’avant on faisait état du nombre d’heures passées devant la TV selon les pays, les catégories sociales, l’âge, et cie ? Et bien maintenant ces enquêtes ont délaissé la TV au profit d’internet, des réseaux sociaux , de candy crush. Et je peux vous assurez que les 1 à 2h/jour qu’on pouvait passer devant la TV si on était un gros consommateur ont été multipliées par 4 ou 5 !
Alors oui me dire-vous, difficile d’enlever les heures passées à travailler sur son ordi au bureau, en journée, en semaine. Mais même si on enlève ces heures, ne me dites pas que vous n’êtes pas sur votre smartphone dans les transports, dans les salles d’attente, au restaurant, ou sur votre tablette à la maison quand les enfants dorment et que votre conjoint tourne le dos
Le temps libre n’existe plus, il a été remplacé par la dépendance aux objets connectés. On ne prend plus le temps de se poser, d’avoir des moments où on ne fait rien, devant la mer sur la plage, au parc avec les enfants, avec un vrai livre ou un moment où on apprécie vraiment l’instant présent, tel qu’un concert, un barbecue, une discussion avec sa meilleure amie.
Toute notre vie est reliée aux réseaux sociaux, à l’instantanéité, à la vitesse, à être le premier à poster une photo, une info, etc…
Prendre son temps, je ne suis même plus sûre que cela parle à quelqu’un. Au contraire, on y voit de la nonchalance, un refus du consumérisme, voire du progrès, au pire de la feignantise.
Prendre son temps pour trouver son Prince Charmant ? Vous n’y pensez pas ! Avec Tinder, Adopte un Mec et cie, vous trouvez un homme-kleenex en 3 clics, pourquoi attendre seule ??…
Prendre son temps pour lancer son entreprise ? Vous n’y pensez pas ! De quoi allez-vous vivre ? Qu’allez-vous faire en attendant ? Quelqu’un d’autre aura piqué votre idée entretemps.
Prendre son temps pour peaufiner son projet ? Vous n’y pensez pas ! Vous devez avoir mis en place un business plan et vous y tenir sans regarder en arrière pour avancer, avancer et ne pas échouer.
Prendre son temps pour chercher son lieu de vie ? Vous n’y pensez pas ! On doit vivre quelque part, nous ne sommes pas des nomades et un déménagement c’est compliqué et ça coute cher.
Prendre son temps pour laisser venir les clients ? Vous n’y pensez pas, il faut vite faire de la publicité, prendre un stand sur un salon, se rendre dans toutes les soirées networking…
Prendre son temps pour ne rien faire ? Vous n’y penser pas ! Avec tout ce que vous avez à faire : les courses, le ménage, les devoirs, réserver les vacances, écrire un article pour le blog, répondre à toutes les notifications…
Prendre son temps en vacances ? Vous n’y pensez pas ! Vous devez vivre vos vacances à fond ! Déjà que dans l’année vous n’avez rien le temps de faire, alors là au moins ce sera spa, kyte-surf, restaurant, randonnée, rafting, plongée… Pour raconter à votre retour
Bref vous l’aurez compris prendre son temps est aujourd’hui vu comme une faiblesse, un attentisme, de la procrastinisation, etc… Mais jamais comme un bienfait.
Et pourtant… Il est prouvé que c’est dans les moments où ne fait rien, où on rompt avec notre quotidien et nos habitudes que notre créativité s’exprime.
Prendre son temps permet de faire les bons choix, de savoir ce qu’on veut vraiment (ou pas), d’analyser ses erreurs et de ne pas les répéter, prendre du recul, découvrir de nouvelles idées, laisser parler sa petite voix intérieure, abandonner la voix de la raison, ne pas céder sous la pression sociale et courir vers un échec, etc…
Il est aujourd’hui temps d’appuyer sur pause, de faire un break et d’arrêter de se laisser envahir par la culpabilité à chaque instant non rentabilisé, de balayer les regards désapprobateurs accueillant notre « je le ferais demain » et de vivre l’instant présent, NOTRE instant présent.
« C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. » Le Petit Prince