La messe est dite et les carottes sont cuites pour François Hollande, son
gouvernement et la France toute entière, qui clame sur tous les toits européens
sont incapacité à se réformer. Autant, il est parfaitement injuste de mettre
sur le dos de l’exécutif la malheureuse situation dans laquelle se trouve la
France, résultat de décennies d’errances, autant son incapacité criante à
trouver des solutions et/ou à les mettre en œuvre pour redresser le pays
devient de plus en plus inquiétante.
François Hollande est le premier responsable de la désolante montée en
puissance du FN.
Les seconds responsables sont sans conteste les nombreux leaders de l’UMP.
Incapables d’avoir un discours cohérent, homogène et convainquant sur l’Europe,
l’alternative « naturelle » au PS n’a pas su profiter du pitoyable
état de son adversaire. Pire encore, elle s’est fait humilier par le FN. Il
faut dire qu’elle a tout fait pour. Entre Guéno qui annonce qu’il ne votera pas
pour la liste UMP, entre ceux qui tiennent sur l’Europe un discours bien proche
de celui du FN et les affaires qui s’accumulent, rien de vraiment étonnant que
ses électeurs traditionnels se soient abstenus ou été voir dans le pré d’à coté
s’il n’est pas plus bleu.
Et depuis, le moins que l’on puisse dire c’est que ça ne s’est pas arrangé.
Avec l’ampleur prise par l’affaire Bygmalion, l’UMP, se trouve embourbée
jusqu’aux roubignolles dans une affaire qui constitue à la fois le révélateur
qu’il y a quelque chose de pourri dans son royaume et le déclencheur d’une
crise qui couvait depuis la pitoyable élection de son président. Une affaire
qui balaie son président et risque de remettre en question le retour de son ex
président. Une affaire qui ne peut que renforcer l’idée largement diffusée que
les politiques sont tous pourris.
Le PS, l’UMP et le FN sont sur le paquebot France, le PS et l’UMP tombent à
l’eau, qu’est-ce qui reste ?
Il reste le Front National avec sa xénophobie, ses discours simplistes et
son nationalisme étroit. Il reste un parti dont les propos du Président
d’honneur tiennent plus souvent de l’abominable insanité que de la parole
politique. Il reste un parti dont la principale « qualité » est de
n’avoir jamais pu être jugé sur son action faute d’avoir été au pouvoir. Il
reste un parti dont les responsables font preuve d’une très grande complaisance
à l’égard de pouvoirs autoritaires sinon dictatoriaux. Il reste surtout un
parti qui a réussit à se présenter comme le seul recours à tous les déçus du PS
ou de l’UMP grâce à un discours qui mélange vraies questions complexes et
fausses solutions simplistes.
La situation politique de la France a rarement atteint un tel niveau de
décrépitude et comme le dit François Bayrou, « On ne peut pas durer trois
ans dans la situation où on se trouve ».
Sur la base de ce constat, la question posée par l’Express « Encore 3
ans ? » mérite d’être sinon répondue au moins posée.
Malheureusement, il n’y a pas de réponse évidente.
Il n’est pas question d’exiger de François Hollande qu’il démissionne ni
qu’il dissolve l’Assemblée. Il est indispensable, surtout en ces périodes ou
tout fout le camp, de respecter un des piliers de notre république, la
Constitution. De toute façon, et même s’il prenait cette initiative de son
propre chef, compte tenu de l’état de l’opposition, le FN serait le premier à
en profiter et la situation serait encore pire. Les portes de sortie (par le
haut) de cette situation sont peu nombreuses. J’en vois une seule.
Elle consiste tout d’abord, pour François Hollande, à rattraper le temps
perdu à marche forcée. Pour cela, il faut qu’il force son caractère, qu’il
force ses alliés et qu’il force les français. Partant du principe que la
situation ne peut pas être pire, il doit user et abuser des prérogatives que
lui donne la 5ème république, et passer systématiquement en force dès lors
qu’il est convaincu qu’il agit pour le bien de la France.
En croisant les doigts pour que son impopularité ne se transforme pas chez
une partie de la population, en une colère ingérable attisée par les boutefeux
irresponsables. Or, le risque est important si on considère le caractère
souvent peu rationnel et toujours excessif qu’à pris la critique du
pouvoir.
D’où, la nécessité d’organiser de manière formelle ou tacite, une grande
coalition avec l’UDI/MoDEM et la partie responsable de l’UMP. De ce point de
vue, l’éviction de Coppé faciliterait certainement les choses.
Fondamentalement, beaucoup à Droite ont les mêmes objectifs que François
Hollande.
La politique de l’offre, la volonté affichée de baisser les dépenses
publiques, la simplification administrative, la réforme territoriale, sont des
sujets sur lesquels fondamentalement beaucoup de monde peut se retrouver. Le
problème porte surtout sur la méthode, le rythme et l’amplitude des réformes.
Une telle coalition pourrait tout à fait se constituer sur un socle de réformes
dont le principe est partagé par une grande partie de l’opposition.
La situation de la France exige que tous les politiques dignes de ce nom
prennent leurs responsabilités et sortent des schémas politiques traditionnels
dont on a vu qu’ils conduisent à une impasse. Cela passe par un changement de
comportement de la part des politiques et dans un second temps probablement par
un changement de constitution avec pour objectif de faire entrer la politique
française dans l’ère indispensable du consensus.
En espérant que de cette manière l’opposition comprenne que ce n’est pas pour sauver le soldat Hollande qu’elle change de paradigme mais que c’est l’avenir de l’armée France qu’il s’agit de préserver. Illusoire ?