Parmi les grands défis promis à l’humanité pour le siècle à venir, une possible crise de l’eau apparaît en bonne place aux côtés de la crise énergétique et du changement climatique. Au cours de la seconde moitié du vingtième siècle, les prélèvements mondiaux d’eau ont quadruplé tandis que la population mondiale doublait. La croissance démographique, l’urbanisation et la consommation de viande augmentent la consommation, tandis que la dégradation des ressources souterraines se poursuit.
Source : Architecture & Vision
Sans même parler d’avenir, l’accès à l’eau potable et l’irrigation des cultures restent critiques pour une part non négligeable de la population mondiale.
Assurément, la question de l’eau, des moyens de la récupérer, de l’assainir et de l’utiliser de manière optimale, est un des champs dans lesquels l’ingéniosité humaine peut avoir le plus à offrir. En 2006, Kevin Watkins, rédacteur en chef du Rapport mondial sur le développement humain, déclarait : « En ce qui concerne l’eau et l’assainissement, le monde souffre d’un excédent de conférences et d’un manque d’action crédible. »
La situation a-t-elle évolué ? Une chose est sûre : l’esprit jugaad produit des solutions futées, voire élégantes.
En 2011, trois designers sud-coréens ont imaginé Watertube, un outil très simple et ergonomique permettant de rendre l’eau potable en utilisant une technique de distillation.
En 2010, la firme israélienne Netafim, leader mondial de la micro-irrigation, a mis au point un système permettant d’irriguer au goutte-à-goutte des parcelles très réduites, avec un accès irrégulier à l’eau et peu ou pas d’électricité. En tirant parti de la gravité (une force aussi fiable que gratuite), cette innovation a permis de répondre aux besoins des paysans pauvres du Jharkhand, en Inde de l’Est.
Tout récemment, la société de design italienne Architecture & Vision a conçu les très gracieuses Warka Water Towers, des sortes de paniers géants, qui peuvent être construits en une semaine à partir de matériaux naturels locaux pour environ 550 dollars. Véritable piège à condensation, chaque tour peut récolter chaque jour jusqu’à 100 litres d’eau. Non seulement cette solution peut permettre d’économiser le temps et l’argent nécessaires pour creuser des puits, mais trouver facilement de l’eau près de chez soi est un formidable gain de temps et d’énergie pour les femmes et les enfants des zones rurales arides, qui vont pouvoir s’atteler à d’autres tâches (étudier, par exemple).
Faciliter la vie des femmes qui vont chercher de l’eau pour leur famille, c’est aussi l’objectif de Wello, invention d’une redoutable simplicité permettant de transporter de grandes quantités d’eau plus aisément et plus vite qu’en portant un seau sur la tête.
Face au défi de l’utilisation optimale de l’eau, les nouvelles technologies ont aussi un rôle à jouer. En Afrique, la téléphonie mobile a pris ces dernières années une importance exponentielle dans la vie des gens, s’imposant comme l’outil idéal pour faire un virement bancaire, suivre les cours des marchés agricoles ou même recevoir une subvention. A présent, le nigérien Abdou Maman propose une innovation qui risque de simplifier la vie de milliers d’agriculteurs : un système d’arrosage à distance par téléphonie mobile, qui permettrait de gagner un temps précieux. Seul hic pour le moment : le coût du système, trop élevé pour des paysans pauvres.