En mémoire de Jean-Claude Pirotte qui vient de disparaître.
tu suivras au point du jour
le vol chaloupé d’un corbeau
le paysage sera beau
vu de cet autre séjour
à quoi te destine le temps
tu n’auras d’autre souvenir
que celui du ciel, de désir
que de célébrer cette attente
de la vallée en ses versants
de la colline et des parages
indécis où se perd l’instant
avec cet oiseau de passage
Jean-Claude Pirotte, Vaine pâture, Mercure de France, 2013, p. 31
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nous ne sommes pas délivrés de la terre
quand nous allons à la rencontre du ciel
quand nous marchons nous sommes terre à terre
et le chat gris qui nous précède s’efface
nous voici seuls devant le paysage nu
c’est l’aube ou c’est le soir où sont les repères
avons-nous jamais appris à vivre sur terre
nous sommes là comme des bornes enfouies
profondément depuis des millénaires
et que la terre en silence déplace
dans l’indifférence du feu solaire
qui de l’homme et du chat oblitère la trace
Jean-Claude Pirotte, Passage des Ombres, La Table Ronde, 2008, p. 144
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sources du dimanche
promesses d’été
pétales de thé
pleurez dans les branches
nous avons été
fillettes sans manches
cueillir la pervenche
couleur de léthé
nos bras sont restés
nus et nos mains blanches
et pures nos hanches
sous l’arbre enchanté
Jean-Claude Pirotte, Passage des Ombres, La Table Ronde, 2008, p. 36
[choix de Benoît Moreau]