Spider-Man Classic du mois de mai est en kiosque, avec des épisodes inédits à ce jour, tirés de deux des séries annexes du tisseur de toile des années 80 et 90, qui nous replongent dans l'enfer du crossover Inferno. La ville de New-York est tombée aux mains de démons venus des Limbes, aux ordres de S'Ym et N'Astirh, qui convoitent leur dimension et la Terre, au passage. Du coup, les bouches d'égouts happent les passants, les gargouilles prennent vie, les ascenseurs dévorent les passagers, et c'est le chaos généralisé dans Big Apple. Spider-Man est forcément pris dans la tourmente, et ce n'est pas le seul souci auquel il doit faire face. Le Super Bouffon est de retour, dans une nouvelle incarnation, et il est bien décidé à mettre la main sur les formules secrètes de Norman Osborn, premier Bouffon Vert du nom, pour accroître sa puissance. Le fils de celui-ci, Harry, continue d'avoir des visions, des flashs, dans lesquels il se rappelle peu à peu les mois précédents, qu'il a passé sous le costume diabolique de son cinglé de père, ennemi juré de Spider-Man. Comme il est d'usage à l'époque (et encore aujourd'hui à un degré moindre) le super-héroïsme se mêle au soap-opera sentimental, et la vie de Peter Parker et ses amis est aussi très largement débattue. Avec notamment la présence de la nièce de Mary-Jane, la rouquine Kristy, qui squatte l'appartement des jeunes époux Watson-Parker, et semble craquer pour notre héros en civil. On retrouve aussi Flash Thompson qui se rapproche de plus en plus de Betty Brant, ancienne secrétaire du Buggle et ex flamme de Peter Parker. L'occasion d'un épisode assez émouvant qui place les deux personnages face à leurs peurs intimes, leur insécurité congénitale, qu'ils parviennent à dompter, à vaincre, alors qu'il sont agressés par des versions maléfiques de souvenirs de leurs existences respectives.
Ce mélange entre action et introspection a ses défauts (les monologues intérieurs un peu poussifs) mais aussi ses qualités : c'est ce qui a fait le sel des titres arachnéens pendant longtemps, suivant la recette décennale de Stan Lee. Ici ce sont les séries Spectacular Spider-Man et Web of Spider-Man qui sont à l'honneur. La première est rehaussée par les dessins anguleux et dynamiques de Sal Buscema, qui insuffle avec une grande facilité drame et pathos à chaque page. La seconde a comme dessinateur Alex Saviuk, qui a un style plus fouillé, mais aussi plus fouilli, moins clair dans la construction des pages, même si cela reste fort honorable. Le scénariste est Gerry Conway, un des grands artisans de l'histoire de Spidey, qui a très longtemps tiré les fils de la longue saga de Parker and friends. Rentrer dans l'histoire n'a rien de très difficile, on comprend finalement assez aisément ce qui s'y déroule, même si le lecteur occasionnel désireux de réellement savoir pourquoi New-York est infesté de démons devra se contenter des notes de la rédaction Panini pour palier aux trous évidents du récit mère. J'ai personnellement apprécié ce numéro, qui recèle aussi des moments forts et décisifs pour la suite, comme la transformation du Super Bouffon en un être démoniaque, et à un degré moindre le flirt de la secrétaire Glory Grant avec un des frères Lobo, qui est en fait un loup-garou! C'est donc une lecture décomplexée et somme toute agréable qui attend le lecteur de Spider-Man, avec des épisodes qui viendront peut être boucher des trous dans vos collections respectives.