Selon l'éminent chercheur scientifique Antony Watts, d’ici deux mois, un groupe de personnes atteintes de surdité sérieuse pourrait être à même d’entendre à nouveau, grâce au premier essai clinique mondial de thérapie génique en matière de surdité.
Les volontaires, qui ont perdu l’ouïe par un dommage externe ou du fait de maladie, se verront infecter un virus inoffensif porteur d’un gène qui devrait relancer la croissance des capteurs sensoriels de l’oreille.
Le principe de cette méthode est de revenir à une ouïe plus naturelle que ce que d’autres technologies peuvent permettre. Les aides auditives se contentent d’amplifier les sons, alors que les implants cochléaires transforment les ondes sonores en ondes électriques qui sont interprétées par le cerveau, mais elles ne permettent pas de saisir toutes les fréquences naturelles. Par conséquent, il peut être difficile de distinguer un certain nombre de nuances dans les voix ainsi que dans la musique.
« Le Graal serait de pouvoir reconstituer l’ouïe naturelle », explique Hinrich Steacker, du centre médical de l’Université du Kansas, qui mène l’essai clinique. « C’est ce que nous espérons réaliser parce que nous cherchons vraiment à réparer l’oreille plutôt qu’à imiter artificiellement ses caractéristiques. »
Nous ignorons encore de nombreux aspects du fonctionnement de l’oreille. Cela s’explique simplement parce que la délicate mécanique de l’oreille interne est incluse dans l’os le plus dur du corps humain, la rendant difficile à isoler sans créer de dommage.
Ce que nous savons est que les ondes sonores sont canalisées dans l’oreille, faisant vibrer le tympan. Ces vibrations sont transmises dans la cochlée par l’oreille interne via trois petits os. Des milliers de récepteurs sensoriels longent une partie de la cochlée que l’on appelle l’organe de Corti, avec des rangées internes et externes de cellules ciliées. Les ondes sonores, amplifiées par les cellules ciliées externes, font vibrer les cellules ciliées internes, ouvrant à leur surface des canaux ioniques qui permettent le passage des neurotransmetteurs. Cela déclenche ensuite une activité électrique dans les neurones cochléaires, transmettant l’information au cerveau pour qu’il puisse l’interpréter.
On sait que les cellules ciliées, tant internes qu'externes, peuvent être endommagées par des bruits ou des musiques de forte puissance, mais aussi par des médicaments ototoxiques, comme les antibiotiques, et par des maladies. La conséquence est qu'elles ne se reconstruisent pas. La solution possible est apparue en 2003, lorsque les chercheurs ont découvert que certains gènes pouvaient transformer les cellules portant les cellules ciliées en n’importe quel type de cellules ciliées.
Source : Sciences et technologies 260414
Philippe Barraqué, musicothérapeute, docteur en musicologie
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