Je n’ai aucunement l’intention de minimiser la sévère défaite subie par l’UMP et celle encore plus lourde enregistrée par le PS lors des élections européennes de dimanche 25 mai. Je présenterai prochainement les traits très particuliers de ces élections. Dans l’immédiat, je m’attache ici à démontrer que, en dépit des apparences, le Front national n’a pas franchi un nouveau seuil dans sa capacité à être un parti « comme les autres ».
Le FN n’étant pas en situation de présenter des candidats dans toutes les circonscriptions législatives et pas davantage dans toutes les communes, on ne peut mesurer son évolution qu’en examinant son niveau dans des élections nationales, où tous les électeurs peuvent se prononcer en faveur d’un candidat de leur choix.
On peut aussi remarquer que l’élection présidentielle n’est pas favorable au FN. Si un électeur est résolu à manifester son rejet de tel ou tel candidat, il peut répugner à le signifier en votant FN, ne voulant pas risquer de confier la magistrature suprême au candidat d’un parti classé à l’extrême droite. Inversement, les élections européennes pouvant apparaître comme de moindre importance, elles sont davantage propices à l’expression d’une mauvaise humeur, surtout dans un contexte on l’on a martelé que la voix du peuple était superbement ignorée par les technocrates de « Bruxelles ».
Le tableau ci-dessous met en évidence que le Front national a recueilli dimanche dernier moins de voix qu’en 2002, même si, en douze ans, le nombre des électeurs inscrits a progressé de plus de 5,4 millions.
Inscrits Présidentielle
41 194 689
% Inscrits
2002 1° tour
FN
4 804 713
11,66
2002 2° tour
FN
5 525 032
13,41
Inscrits Européennes
46 555 253
2014
FN
4 711 339
10,12
Croisant un quidam dans la rue, on n' a donc pas une "chance" sur quatre de se trouver face à un suppôt de Marine, comme une présentation tendancieuse des résultats le laisse croire, mais seulement une sur dix. Même si elle n'est pas pleinement rassurante, voilà une idée qui me réconforte un petit peu.