Sécurité alimentaire : le cri d'alarme de la Cour des comptes

Publié le 29 mai 2014 par Blanchemanche
Par lefigaro.fr - le 29/05/2014

Les produits préparés avec de la VSM (viandes séparées mécaniquement) sont dans le collimateur de la Cour des comptes.
La France est le pays de la bonne chère. Cela ne lui assure pas pour autant une sécurité alimentaire à la hauteur de sa gastronomie. C'est du moins ce que sous-entend la Cour des comptes, à en croire le journal Le Télégramme qui rapportait jeudi sur son site internet le contenu d'un rapport confidentiel, livré en juillet 2013.• Les failles du système«Des contrôles en baisse, des sanctions insuffisamment nombreuses et trop rarement contraignantes et dissuasives»: c'est ainsi que le quotidien breton résume les maux dont souffre le secteur agroalimentaire en France. Plusieurs causes seraient avancées par le rapport de la Cour des comptes: «défaillance de la hiérarchie à tous les échelons», «réticence des agents à verser dans la répression», agressivité et détresse des agriculteurs» qui génère un «faible taux de poursuite» envers les fraudeurs, et «décourage les agents».• Les pesticidesSelon Le Télégramme, la Cour des comptes dénonce le surdosage des pesticides sur les fruits et légumes, qui entraîne un «taux de non-conformité toujours élevé». «La population vivant en métropole est fortement exposée aux pesticides», poursuit l'institution, rappelant que «les Français [ont] un niveau d'imprégnation parmi les plus élevés par rapport à celui relevé dans des pays comparables», selon l'Institut national de veille sanitaire. Le rapport suggère de «faire réaliser des analyses montrant les différences de taux de contamination entre produits issus de l'agriculture bio et ceux qui ne le sont pas». «Une communication forte autour de ces résultats permettrait sûrement d'orienter la demande vers une agriculture plus raisonnée», avance la Cour des comptes. Toutefois, les non-conformités dépasseraient rarement les limites maximales de résidus, rappelle Le Télégramme.• Les produits bon marchéLa Cour des comptes aurait été «particulièrement choquée par certaines découvertes, notamment sur les produits premiers prix: viandes gris verdâtre impropres à la consommation humaine dans des charcuteries, moisissures, souris vivantes ou mortes, excréments de souris dans des étuves à chorizo, fromage ramassé à la raclette sur le sol pour en faire du fromage fondu», rapporte Le Télégramme. Elle s'inquiète notamment de l'identification par les consommateurs des viandes séparées mécaniquement (VSM), car elles apparaissent en grandes quantités dans nombre de produits de charcuterie ou de plats à base de viande vendus à bas prix. Or ces VSM sont en réalité un mélange de petits morceaux de viande arrachés mécaniquement aux os de bétail et aux carcasses de poulet, de résidus d'os, de cartilages et de moelle, selon la définition du ministère de l'Agriculture.«Ces produits ne correspondent aucunement à l'idée que peut s'en faire le consommateur, même averti, posant la question de leur bonne information (…) Le consommateur ne réalise pas que la VSM, viande gros grain, viande 3 mm et viande bader, ne sont en fait pas de la viande au sens de la réglementation européenne même si, du point de vue sanitaire, les produits issus de ces transformations, notamment ceux ayant reçu un traitement thermique, sont sûrs», pourrait-on lire dans le rapport. Quant aux industriels, ils «œuvrent pour que ces appellations soient encore moins explicites», poursuit la Cour des comptes.L'institution s'alarme de cette opacité. «L'offre des produits premiers prix peut paraître attractive, mais leur consommation systématique, par une population croissante, pourrait avoir, à terme, des répercussions sur la santé publique».LA RÉDACTION VOUS CONSEILLE:Sécurité alimentaire et hygiène des aliments: l'État peut beaucoup mieux faireLa surveillance des aliments au niveau français
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