Les personnes de ma génération se souviennent de son nom : Nadia COMANECI; Nous ne pouvons oublier sa silhouette presque irréelle.
Elle fut la première gymnaste au monde à obtenir la note parfaite à des épreuves de gymnastique lors des Jeux Olympiques de Montréal de 1976 : les jurés lui avaient à l’unanimité accordé 10/10.
Même les ordinateurs de l’époque, non programmés pour cette note jamais accordée auparavant à aucun ni à aucune gymnaste, ont été “bugués” et n’ont pu afficher qu’un bien triste et incompréhensible 1,00 après la prestation époustouflante de Nadia sur la poutre.
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La petite roumaine provinciale est arrivée à s’imposer aux plus grandes du monde qui régnaient sur les compétitions de l’époque, à savoir les russes, ou plus exactement les soviétiques.
De son enfance, volée par son entraineur fantasque mais fanatique de l’effort et de la perfection il ne restera que quelques souvenirs fixés sur des photographies ou quelques bandes vidéos comme ici ou là;
C’est l’histoire de cette gamine phénoménale que Lola LAFON nous évoque dans “LA PETITE COMMUNISTE QUI NE SOURIAIT JAMAIS” paru en janvier 2014 chez les éditions ACTES SUD.
L’intelligence de Lola LAFON se relève dans le choix de l’angle sous lequel elle aborde son récit
Il ne s’agit pas d’un conte de fée, comme on pourrait l’imagine. Ni paillettes, ni flashs, ni rubans, ni médailles, ni télévision!
Le lecteur est plutôt plongé dans un univers de travail, d’entrainements quasis inhumains, de sueur, de souffrances physiques, de diètes terriblement frustrantes pour des gamines de moins de quinze ans, de blessures pansées à la va-vite avec les moyens de bord, très limités dans une petite ville de la province de la Roumanie.
L’autre apport de la romancière consiste dans la technique de narration utilisée, où elle fait intervenir le personnage principale dans le travail de sa supposée biographe. Cela laisse imaginer Nadia réécrivant certains passages de sa propre vie, donnant sa version personnelle de certains événements.
Ce procédé va permettre à Lola Falon d’aborder le seul et unique objectif que les autorités roumaines ont assigné à la vie de la fantastique gymnaste qu’était Nadia Comaneci : représenter le régime du dictateur communiste Nicolas Ceausescu qui s’affublait de titres aussi ronflants que ridicules, tel “Conducator” (équivalent de caudillo, duce ou fuhrer), “génie des Carpates” ou “Danube de la pensée”.
A lire donc pour se replonger dans cette ambiance très spéciale des années 70 où les sportifs ne pensaient pas encore à l’argent!
A lire pour se souvenir du temps trouble où les sportif(ve)s servaient les régimes politiques et les hommes politiques et non pas des marques commerciales et des logos industriels!
A lire pour se retremper dans ces heures où les Jeux Olympiques connaissent leur premières dérives car déjà “chaque olympiade comporte ses impératifs géopolitiques“.
A lire tout simplement parce que le destin de Nadia Comanéci est un destin hors norme et qu’il est relaté ici avec un talent certain.