Le résumé
Un après-midi d’août étouffant à New York. Soudain, c’est la panne générale. Tout s’arrête. La ville qui ne dort jamais devient la scène chaotique où les plus extrêmes solitudes vont s’entrechoquer.
Il y a d’abord Naomi, la si jolie " pute à crack " enfermée dans un bar clandestin de Brooklyn, chancelante et affamée de curiosité, sur laquelle veille jalousement l’énigmatique Bijou.
Il y a Simon Schwartz, l’avocat médiatique, au 36e étage d’une tour déserte du Financial District, salaud qui cherche sa rédemption dans les bras d’une femme jamais possédée.
Il y a Canal, l’érudit en arts martiaux, le disciple confucianiste, Canal ainsi baptisé depuis qu’on l’a trouvé nourrisson abandonné sur le trottoir de Canal Street à Chinatown, et que l’incendie du magasin où il travaillait a de nouveau jeté à la rue…
En glissements progressifs vers la folie ou l’expiation, en monologues nerveux, nos personnages vont s’ouvrir à la liberté et se réveiller différents. Un roman choral superbement réussi : " short cuts " d’une plongée dans les ténèbres.
Mon avis
Noir dehors est un roman qui, par sa construction, m’a rappelé Providence. On y découvre des personnages différents chapitre après chapitre, personnages qui sont finalement tous liés plus ou moins.
Ici, c’est Naomi, Simon et Canal dont les chemins vont être réunis par cette coupure d’électricité géante en pleine canicule. Canal, recueilli à Chinatown par le propriétaire d’un magasin qui vend tout et n’importe quoi, profitera de cette coupure d’électricité géante pour faire de grosses ventes d’objets "de survie" : boissons, lampes torches et compagnie. Lui, c’est l’incendie du magasin qui le mènera à l’église dans laquelle les gens se sont réfugiés.
Naomi est en compagnie de Bijou, elles sont toutes deux prostitués. Lors de la coupure d’électricité, elles se sauvent et rejoignent l’église car Bijou connait bien le prêtre qui officie la-bas. Naomi est faible, en manque et n’a connu aux États-Unis que le bar dans lequel elle était retenu prisonnière, devant se servir de son corps pour le business clandestin de son boss. Cette coupure, c’est l’occasion où jamais pour elles deux de commencer une nouvelle vie.
Simon, lui est un avocat réputé, il se retrouve seul dans l’immeuble où il travaille après la coupure d’électricité. La cheville abimée. Il sera assez amoché par une chute dans les escaliers. Cette panne est pour lui un cauchemar : habitué au luxe, à utiliser son smartphone et dégainer sa carte bleue à tout moment, il se retrouve sans rien. Il réussira tout de même à rejoindre l’église aussi.
Ces personnages semblent être si différents les uns des autres. Et pourtant. Ils sont tous liés d’une manière ou d’une autre, et les pièces du puzzle finissent par s’emboîter une par une. Leur histoire est captivante car ce roman je l’ai lu d’une traite, pressée de connaître la suite de l’histoire de chacun, sans pour autant me douter qu’ils étaient tous liés ainsi. Valérie Tong Cuong nous balance parfois des informations surprenantes sur les personnages, rajoutant au mystère, nous rappelant qu’en fait on ne sait rien de ces personnages. On découvre peu à peu, entremêlé au moment présent, des petits morceaux de leur vie.
J’aime beaucoup cette façon qu’elle a de mettre en parallèle plusieurs histoires, plusieurs personnages qui vivent le même instant, avec leur vécu, leur point de vue. Ces éléments qui complètent le tableau plus ou moins directement. Ces liens qu’ont découvre entre chaque personnage jusqu’au moment où tout se rejoint d’une manière ou d’une autre. C’est ce qui m’avait beaucoup plu avec Providence d’ailleurs, un de ces autres romans, roman chorale également.
Et puis, je vais quand même le réécrire, j’aime tout simplement la plume de Valérie Tong Cuong, son petit quelque chose qui fait que je lis tous ses titres un par un, que je les aimes tous un par un (mention spéciale à L’Atelier des Miracles que j’ai découvert grâce à Nathalie notamment, qui défend au quotidien ce roman).
Puis, j’ai envie de dire merci tout simplement à Valérie Tong Cuong, pour ces bons moments de lecture passés en compagnie de ses personnages, une fois de plus !