Nacéra Dutour : «C’est le déni de justice qui devient une constante»

Publié le 28 mai 2014 par Kabyle @Madjid_SERRAH

"Chers fils, aujourd'hui c'est la journée de la maman, mais quelle journée? Quelle célébration ?  Chaque jour, chaque nuit j'attends toujours ton retour avec impatience…Mustapha mon fils, malgré que tu nous a quitté, tu es loin de moi mais je ne peux pas t’oublier et je ne t’oublierai jamais… »

Mme. Ferhati Fatma, maman de Mustapha Ferhati, disparu.


La présidente du Collectif des familles de disparus a qualifié l’introduction de la réconciliation nationale dans le nouveau texte de la Constitution comme constante nationale de «consécration de l’impunité».

«C’est pour réconcilier qui avec qui en fait ? Qui a été réconcilié avec qui ?» s’interroge Nacéra Dutour en rappelant que les familles de victimes n’ont été ni consultées ni associées à cette réconciliation sur mesure. «C’est le déni de justice qui devient une constante dans ce pays. D’ailleurs, dans la pratique, ça a toujours été une constante et aujourd’hui il sera ajouté à la Constitution», dit-elle.

Mme Dutour pense qu’il y a une volonté d’empêcher les gens de connaître la vérité sur ce qui s’est passé. «La réconciliation constante nationale veut dire qu’il n’y aura pas de justice, ni de vérité, en somme la consécration de l’impunité puisque la charte portant paix et réconciliation nationale et ses textes d’application prônent déjà l’impunité.» La représentante des familles de disparus précise que les textes d’application de la charte leur interdisent le recours à la justice alors que la Constitution l’autorise pour tous les Algériens. «La Constitution dit aussi que les Algériens sont libres de se réunir et s’organiser en association, alors que dans la pratique, nous n’avons même le droit à être enregistré comme association», fulmine Mme Dutour.

Cette dernière considère que c’est l’amnistie pour les criminels qui sera constitutionnalisée. «De toutes les façons, nous n’avons pas peur d’eux, un jour nous aurons ce que nous réclamons : la vérité et la justice. Ils peuvent écrire dix, trente ou cinquante mille lignes ou utiliser tout l’encre de la terre, ils ne nous empêcheront pas de chercher la vérité et nous la ferons éclater au grand jour. Justice sera rendue, je l’ai promis à mon fils qui a disparu et je tiendrai ma promesse», assure Mme Dutour.

Nadjia Bouaricha, in El Watan