[Avis] Tristesse Club de Vincent Mariette

Par 3moopydelfy @3Moopydelfy

Synopsis:

Si vous aimez les jeux de pistes, les vieilles Porsche, les soeurs qui n’en sont pas, les pères pas vraiment morts, les lacs et leurs secrets: bienvenue au club.

Avis:

Tristesse Club, doux nom pour un long métrage, il pose le ton qui s’installera au fond des yeux de ses protagonistes. Cette tristesse d’une blessure, d’une émotion, d’un passé, d’un futur se lit dans le trio. Chacun a ses raisons pour flirter avec elle. Chacun a ses limites, son caractère. Les deux frères Laurent Lafitte (Léon) / Vincent Macaigne (Bruno)apparaissent opaques, comme mangés par leur quotidien, dépressifs. Deux hommes perdus, deux hommes qui possèdent chacun un atout charme. Léon le looser en plein divorce retranscrit sur son fils ses propres liens avec son père. Bruno, apporte un décalage, homme d’affaires à la tête d’un site de rencontre, il n’arrive pas à mener à bien sa vie amoureuse. Face à eux, Ludivine Sagnier (Chloé)  rayonne d’une luminosité, d’un force, d’un sourire communiquant, qui pousse à l’aimer. Les relations entre lee trio touche. L’alchimie dégagée le rend attrayant.

Le film se concentre sur les découvertes, les mystères, les secrets qui relient Chloé, Léon et Bruno dans un road trip parfois drôle, émouvant, étonnant. La scène de conflit entre les deux frères et une bande de jeune en pleine nuit en apporte la preuve. C’est décalé, frais, et pourtant totalement barré comme situation, elle tisse l’amour fraternel avec une telle tendresse que j’en suis restée avec un grand sourire, improbable, loufoque, elle renvoie vers leur enfance qui n’a pas été une sinécure heureuse. L’insouciance des jeunes percute Léon et Bruno, entre eux rien n’a jamais été simple, la vie ne les a pas aidé à créer les liens.  Les retrouvailles forcées pour le décès de leur père les confronte à une découverte, à une obligation de se regarder en face, de constater les dégâts sur leur existence de cette absence apparente d’amour entre eux. Chloé, petit mystère, belle, captivante, semble être le pont qui leur permettra de renouer.

Les personnages sont délicats, retenus, le père absent se dévoile à travers des lettres, des souvenirs du passé, des mots, des photos, et le regard des autres. Son histoire se lève par pan, elle sert à mieux cerner ses fils et ses maîtresses. Vincent Mariette offre un jeu visuel magnifique. Les lumières, les paysages, la France dépeuplée, quasi déserte accentue les sentiments des héros. Leur perte, le deuil (de leur père, de leur enfance, de leur insouciance, de leur innocence…), les relations humaines et leur complexité, l’ensemble se porte dans un cocon restreint dans une atmosphère intimiste séduisante. La mélancolie se dégage de pratiquement toutes les scènes, étrangement apaisante, douce, libératrice. Certains instants se renvoient la balle comme un échange de tennis, comme un retour en arrière pour gommer les erreurs, ou ouvrir une nouvelle voie. Un petit rond captif, il est étrangement très séduisant (entre son bar, son humour décalé et son premier plan déroutant).

Vincent Mariette donne à son Tristesse Club une infinie tendresse, un regard sur les liens du passé qui gangrénent parfois le présent, le ronge, sur les adieux à réaliser pour avancer. Son trio de comédiens s’avère sublime. Même si notre préférence est définitivement acquise à Vincent Macaigne (dont la voix serait un pur délice pour les livres audio, si si, imaginez des pages et des pages sous le timbre de ce dernier). La vision d’un aurevoir à une famille non choisie pour une que nous apprenons à aimer avec ses qualités et ses défauts, une pépite à tendance rétro touchante, voilà ce qu’est Tristesse Club.

Note:

8/10

Informations:

Sortie: 4 juin 2014 / Distributeur: Haut et Court / Genre:

Casting: Ludivine Sagnier, Laurent Lafitte, Vincent Macaigne