Le transfert des compétences, pierre angulaire de l'apprentissage
Nous publions ici un article écrit par un spécialiste de la question : il s'agit de Philippe Legouge, professeur de gestion au Centre de Formation d’Apprentis de la Chambre de Métiers et d’Artisanat de Seine-et-Marne, coordonateur pédagogique du Pôle Vente-Commerce.L’apprenti bénéficie d’une formation théorique au CFA pour l’acquisition du savoir, qu’il complète par l’expérience sur le terrain.
C'est le principe de l’apprentissage.
La compétence s’acquiert en mettant en pratique un savoir. L’apprenti ne nait pas compétent, il va le devenir en développant son savoir-faire au sein de l’entreprise, en répétant les gestes de base appris au CFA, et en observant son maître d’apprentissage. La dimension paternaliste de l’entreprise artisanale est très prégnante. Le travail en équipe, le savoir-être, la complémentarité des connaissances garantie à l’entreprise un savoir-faire unique.
En général, l’apprenti reste dans l’entreprise à l’issue de son apprentissage. Ce qui pose la question de la transférabilité des compétences d’une entreprise à une autre.
L’apprenti est un salarié de l’entreprise à part entière. A ce titre, l’employeur doit lui communiquer les mêmes informations qu’aux autres salariés et le faire bénéficier des mêmes avantages.
L’apprenti doit effectuer des missions ou des tâches conformes à la progression définie lors de la conclusion du contrat.
Dans les CFA, l’élévation générale des niveaux de diplômes se généralise, le Certificat d’Aptitude Professionnel (CAP) ne suffit plus. Le CAP forme l’apprenti à la maîtrise des gestes liée à une activité, de plus en plus les entreprises ont besoin des jeunes maîtrisant différentes compétences à travers différents métiers. La demande est forte également en ce qui concerne la maitrise de différents savoirs : savoir, savoir-faire, savoir-être, faire-savoir. Pour répondre à cette demande, les Brevets Professionnels, les Bacs Pros et les Brevets de Maîtrise, en plein développement, vont offrir à l’apprenti une large palette de savoirs liés à la technique, la commercialisation, la gestion d’entreprise, la formation. A lui de les mettre en œuvre au cours de sa carrière professionnelle, au gré des opportunités.
Maître d’apprentissage et accompagnement de l’apprenti
La personne directement responsable de la formation de l’apprenti et assumant la fonction de tuteur est dénommée « maître d’apprentissage ». Il est le référent de l'apprenti chez l’employeur. Il l'accompagne tout au long de son contrat d’apprentissage, le guide, le conseille. Salarié de l’entreprise, le maître d'apprentissage en liaison avec le centre de formation contribue à l'acquisition par l'apprenti des compétences correspondant à la qualification recherchée et assure un suivi pédagogique.
Ainsi, le maître d'apprentissage doit pendant toute la durée du contrat d’apprentissage, permettre à l’apprenti de développer ses propres capacités professionnelles et suivre son évolution professionnelle et scolaire. Pour cela il doit se rendre disponible pour accueillir et guider l’apprenti. Il doit organiser avec l’apprenti son activité et veiller à son suivi.
Grace aux nombreuses situations de travail en entreprise, le maître d’apprentissage contribue à l’acquisition par l’apprenti de compétences et d’aptitudes professionnelles nécessaires à la qualification recherchée, au diplôme préparé et à l’exercice du métier.
Il doit encore assurer la liaison avec le CFA et s’informer du parcours de formation et des résultats obtenus par l’apprenti. Il donne de la cohérence entre les enseignements théoriques du CFA et la pratique en entreprise. Enfin, il peut évaluer, en entreprise, l’acquisition des compétences professionnelles de l’apprenti et le préparer sereinement à son examen.
Comment choisir le maître d’apprentissage ?
Le maître d’apprentissage doit être titulaire d’un diplôme (ou titre) au moins égal à celui préparé par l’apprenti, ainsi que d’une expérience professionnelle de 3 ans en relation avec la qualification visée par ce diplôme ou ce titre. S’il n’a pas ce diplôme, il doit avoir une expérience professionnelle de 5 ans en relation avec la qualification préparée et un niveau minimal de qualification déterminé par le comité départemental de l’emploi.
Une formation préalable doit permettre au tuteur de connaitre l’environnement réglementaire du contrat d’apprentissage, d’acquérir des compétences nécessaires à la transmission efficace de ses savoir-faire et d’appréhender sa fonction de formateur.
Sont également requises des qualités morales, professionnelles et pédagogiques.Il est préférable de prendre un salarié qui soit volontaire et qui ait envie d’assurer une mission de tutorat. Pour tenir pleinement son rôle de tuteur, l’employeur doit dégager du temps au maître d’apprentissage pour l’accompagnement individualisé de l’apprenti et assurer la liaison avec le centre de formation.