La grande tache rouge de Jupiter photographiée le 21 avril 2014 par Hubble – son diamètre est actuellement inférieur à 16 000 km
La grande tache rouge de Jupiter est au régime.
Bien que la période des premières observations de la grande tache rouge de Jupiter soit parfois discutée, celle-ci semble connue des astronomes depuis la fin du XVIIe siècle. « Une tâche permanente » comme on l’a qualifiée alors qui, au fil des années — comme en témoignent largement dessins et photographies —, va connaître des variations de tailles importantes. Une tendance nette à la décroissance qui se confirme sur le cliché du télescope spatial Hubble réalisé le 21 avril 2014.
A gauche, Jupiter photographiée en 1879, la tache rouge s’étendait sur plus de 40 000 km soit 3 fois la Terre – à droite Jupiter en 2014 photographiée par Damian Peach ; le diamètre de la tache rouge ne fait plus que 16 000 km soit 1,2 fois la Terre
Comme nous l’avions évoqué voici trois mois, la grande tache rouge apparaissait vers 1880 davantage plus longue et elliptique qu’aujourd’hui pour un diamètre, alors, supérieur à 40 000 kilomètres. On aurait pu y faire entrer trois fois la Terre ! Toutefois, cet anticyclone qui campe aux latitudes tropicales de l’hémisphère austral de Jupiter a vraisemblablement entamé son régime vers les années 1930. Elle n’en finit plus de maigrir. Ainsi, lorsque les deux sondes spatiales Voyager I et II sont venues la visiter en 1979, elle avait quasiment fondue de moitié relativement au siècle précédent. Son diamètre n’excédait pas 22 500 kilomètres. À présent, on découvre sur la récente image prise en haute résolution par Hubble que sa taille atteint « un peu moins de 16 500 kilomètres soit le plus petit diamètre que nous ayons jamais mesuré » constate Amy Simon (Goddard Space Flight Center). En 1995, elle mesurait encore 21 000 kilomètres. Les récentes campagnes d’observation des astronomes amateurs suggèrent une réduction de sa taille d’environ 1 000 kilomètres par an. Son apparence aussi a changé, passant progressivement de l’ovale au cercle (ou presque). Beaucoup regrettent les difficultés pour l’observer. Plus discrète et délicate que jamais, elle rivalise parfois avec d’autres cellules anticycloniques comme la « petite tache rouge », aperçue en 2009.
Dans leur étude, Amy Simon et son équipe notent que « dans nos nouvelles observations, il est évident que de très petits tourbillons se nourrissent à l’intérieur de la tempête ». Aussi, supposent-ils « ils sont peut-être responsables de l’accélération des changements en modifiant la dynamique interne et l’énergie de la Grande Tache Rouge ». La discussion reste ouverte car pour l’instant nul ne sait expliquer cet inexorable changement de régime.