Après « Le gamin au vélo », les frères belges Jean-Pierre et Luc Dardenne nous livrent leur dernier long-métrage : « Deux jours, une nuit ». Ils offrent le rôle principal à la française Marion Cotillard, tandis que Fabrizio Rongione retrouve les réalisateurs pour la quatrième fois. Jean-Pierre et Luc Dardenne signent ensemble le scénario. Le long-métrage fût présenté en sélection officielle au 67ème Festival de Cannes et faisait partie de la compétition. « Deux jours, une nuit » sortait dans nos salles françaises le 21 mai 2014.
Synopsis : Sandra, aidée par son mari, n’a qu’un week-end pour aller voir ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime pour qu’elle puisse garder son travail.
« Deux jours, une nuit » avait tout du film redondant et ennuyeux au possible avec cette histoire d’une femme essayant de garder son boulot. Les entretiens avec ces collègues, pour les convaincre de perdre leur prime afin qu’elle puisse ne pas être licenciée, s’enchaînent durant tout le long-métrage. Aussi surprenant soit-il, l’ennui ne vient que très rarement. Le spectateur se retrouvera fasciné, non pas par le personnage de Marion Cotillard, mais par la réaction des différents collègues. À travers eux, Jean-Pierre et Luc Dardenne livrent un constat d’une société en proie aux doutes, constamment dans la peur de ne pas avoir assez d’argent pour vivre. Il faut avouer que le long-métrage fonctionne énormément bien sur ce principe de répétitions, où seul l’interlocuteur du personnage de Marion Cotillard change., créant plusieurs variantes d’une même situation. « Deux jours, une nuit » est avant tout un long-métrage social où l’humain est au cœur de tout.
Avec « Deux jours, une nuit », Marion Cotillard est de tous les plans. L’actrice, sans se révéler extraordinaire, convainc par un jeu honnête. Si on peut regretter les pleurs trop nombreux et pas si intéressants que cela, c’est dans la motivation, ou non, du personnage que Marion Cotillard livre les sentiments les plus intéressants. À ses côtés, Fabrizio Rongione interprète son mari, en incarnant ce qui est peut-être le personnage le plus touchant. C’est à la fois l’œil extérieur de la situation mais également le complice de tout cela. Les acteurs forment un couple lambda au possible, facilitant l’identification que peut ressentir le spectateur. Les différents collègues sont tous brillamment interprétés. Au final, ce sont même leurs traitements qui se révèlent les plus intéressants, leurs réactions face à cette cruelle décision qu’ils doivent prendre, où chacun réagit différemment et maintient l’intérêt du spectateur pour l’histoire du long-métrage.
Si « Deux jours, une nuit » possède de lourdes qualités scénaristiques et d’interprétations, on ne peut pas en dire autant de la réalisation de Jean-Pierre et Luc Dardenne. Une nouvelle fois, le duo de réalisateur opte pour une caméra embarquée, pour, on le devine, se rapprocher au plus proche de la réalité qu’est la vie. Cependant, cela entache le long-métrage d’un aspect reportage qui n’est pas très cinématographique … De plus, la construction des scènes offre de très belles mise en scène où le personnage de Marion Cotillard se retrouve séparé de ses collègues, par des lignes ou objets. Avec cette réalisation vacillante, on perd cela. La caméra des frères Dardenne aurait gagné à fixer sa caméra, pouvant ainsi offrir le maximum à leurs cadres. Au final, « Deux jours, une nuit » est un long-métrage à la réalisation qui peut être intéressante mais qui laissera la désagréable impression que cela aurait pu être bien mieux …
« Deux jours, une nuit » est un long-métrage au fond plus fort que la forme, et où les une heure et trente-cinq minutes ne permettent pas l’ennui. Aussi surprenant soit-il ce n’est pas Marion Cotillard qui restera dans les esprits mais tous les acteurs qui l’entoure.
Deux jours, une nuit. De Jean-Pierre et Luc Dardenne. Avec Marion Cotillard, Fabrizio Rongione, Pili Groyne, Simon Caudry, Catherine Salée, …
Sortie le 21 mai 2014.