L’appel à une République nouvelle
28 MAI 2014 | PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART
.
L’avocat Jean-Pierre Mignard, l’historien Benjamin Stora et la philosophe Cynthia Fleury lancent dans Mediapart un appel à une République nouvelle afin de donner au peuple « les moyens d’une expression démocratique, fondée sur des valeurs sociales et humanistes ». « La réponse économique ne suffira pas », lancent-ils à l’adresse du Président de la République. Jean-Pierre Mignard (par ailleurs, avocat de Mediapart) est connu pour ses engagements au Parti socialiste et pour sa proximité amicale avec François Hollande. Benjamin Stora a soutenu la candidature présidentielle de François Hollande qu’il lui est arrivé de conseiller avant comme après son élection. Cynthia Fleury, membre fondateur de Roosevelt 2012, a accompagné la naissance de Nouvelle Donne.
–—————————————
Il faut à la France une République nouvelle. Peu importe sa numérotation.
La victoire de l’extrême-droite nationaliste aux élections européennes exige une réponse de fond au-delà des émotions et des protestations. On ne dissout pas le peuple. On doit lui donner les moyens d’une expression démocratique, fondée sur des valeurs sociales et humanistes, partout où elle est limitée ou sclérosée :
- au Parlement où la proportionnelle s’impose et des formules de coalition doivent être recherchées à chaque fois que les circonstances l’exigent, comme en Allemagne ;
- dans les territoires où la reforme suppose une participation citoyenne permanente ;
- dans l’Etat où la technostructure pèse de tout son poids et l’étouffe et d’où la société civile et le monde professionnel sont bannis ;
- dans la justice qui doit être organiquement indépendante des pouvoirs ;
- dans les partis politiques dont le niveau d’éthique doit correspondre au niveau de financement, dans la participation citoyenne et une répartition générationnelle et paritaire des mandats ;
- dans l’économie où les efforts n’ont de chance de réussir que s’ils sont partagés et toute tentation oligarchique repoussée ;
- dans la démocratie européenne où le choix politique doit prévaloir sur les technostructures bancaires ou techniques, notamment dans la zone euro.
Enfin, les partis doivent apprécier la fin d’un cycle historique marqué par la Vèmerépublique. Ils doivent, pour prouver leur vitalité, oser entreprendre un processus de recomposition dans leurs fondements idéologiques comme dans leur restructuration et leurs relations à la société.
Le Président de la République doit situer la deuxième partie de son mandat à la hauteur des risques encourus par le pays. Sa mission est dorénavant là. La réponse économique ne suffira pas.
Dorénavant, la sauvegarde de la démocratie devient l’affaire de tous. Citoyens nous y œuvrerons dans les jours ou semaines qui viennent avec tous ceux, où qu’ils se situent sur l’échiquier politique, qui en ont la conviction.
Jean-Pierre Mignard, avocat; Benjamin Stora, historien; Cynthia Fleury, philosophe.