LA FRANCE EN CRISE POLITIQUE
Incontestablement les résultats de l'élection européenne bousculent le panorama politique français. Le Parti Socialiste avait fait de la victoire de la social-démocratie à l'échelle européenne, la solution pour répondre à la demande d'en finir avec l'austérité. Cet espoir a été douché. Ils ne peuvent plus laisser croire que tout va changer même si cet artifice a trompé peu d'électeurs. D'ailleurs, Angela Merkel s'est empressé d'indiquer que « la meilleure réponse à la montée des populismes en Europe est la poursuite des réformes pour améliorer la compétitivité ». Fermez le ban et lundi soir, François Hollande annonçait dans son discours télévisé qu'il continuerait avec la même politique. Il en apparaissait d'autant plus pathétique et hors réalités. De son côté, Manuel Valls, interpellé à l'assemblée, a expliqué qu'il n'y avait pas d'alternative à gauche à la politique du gouvernement puisque les électeurs n'avaient pas voté massivement pour le Front de Gauche. Pour lui, le vote majoritaire droite-extrême-droite justifierait-il la politique du gouvernement ?
Dans ce paysage de crise, le Front National peut hélas pavoiser, sûr de lui. Il apparaît comme la force d'opposition au gouvernement, plus que l'UMP enfoncé dans ses bagarres internes et son scandale de fausses factures. Il est à craindre que ses résultats à l'élection européenne ne lui donnent une assurance insupportable et que, dans la foulée, les racistes se libèrent un peu plus dans tout le pays. Notre vigilance doit donc rester entière sur ce sujet.
Du côté du Front de Gauche, nous ne pouvons pas nous contenter de notre faible progression, qui n'est hélas pas à la hauteur des enjeux du moment et de l'urgence de proposer une alternative à la réponse de guerre ethnique portée par le FN. Pour ceux qui étaient tentés d'accuser le FdG d'insuffisante radicalité, le score du NPA est la meilleure démonstration que ce n'est pas le problème. Mais, le pire serait de se plonger pendant des heures dans les délices de l'introspection sur nos modes de fonctionnement. Certes le Front de Gauche n'est pas exempt de problèmes internes. Mais il ne faudrait pas éviter les débats nécessaires sur la situation du pays et les difficultés auxquelles nous nous heurtons pour y répondre. Quelles propositions avancer qui entrent en résonance avec les attentes de nos concitoyens face au chômage et aux bas revenus, au moment où Hollande et Valls confirment leur obstination à mener et accentuer une politique d'austérité ? Voilà notre responsabilité : rendre nos propositions plus concrètes et tisser le rassemblement de toutes les forces politiques qui s'opposent à la politique gouvernementale et qui sont disponibles pour reconstruire une perspective de progrès démocratique, social et écologique. Des mobilisations peuvent déjà permettre ce rassemblement : contre le GMT (50 comités existent déjà, il faut en créer partout), contre Notre-Dame-des-Landes, pour la défense de l'accès à la santé, pour la défense des services publics... Chaque lutte doit être l'occasion de préfigurer ce rassemblement des forces qui, à gauche, refusent le diktat de la finance et la concurrence libre et non faussée.
Martine Billard,
co-présidente du Parti de Gauche