Outre le retour à l’écran et en grande forme de nombreux héros issus de la littérature Comics, ce sont les reprises à zéro de nombreuses icones de la bande-dessinée qui ont été entreprises à leur commencement. Parfois par souci de clarté, par perfectionnisme et ambition d’une trilogie assumée par un même réalisateur ou pour attirer un nouveau public avec un nouveau regard et de nouvelles possibilités offertes par le Cinéma contemporain. 2011. Matthew Vaughn, réalisateur de X-Men Le commencement ou First Class en Version Originale, repart à son tour sur des bases scènes en revenant aux prémices de l’une des œuvres les plus (re)connues aux Etats-Unis grâce à la maison d’édition Marvel.
Pour toute avouer, l’œil du Blog La Maison Musée est assez peu averti voire insensible et peu passionné par la détention de Marvel faute à des réalisations précédentes trop inégales. Et pourtant … Nous serions tentés, à forte raison, de classer l’essai X-Men First Class parmi les espoirs prometteurs, assez sérieux et, du moins, séduisant pour les néophytes. Parfait pour se divertir tout en s’appropriant avec un peu plus d’aisance l’univers mêlé d’X-Men. Impressions en mutation et toutefois définitives d’un film à grand budget qui sait et a su nous convaincre.
Magneto (Michael Fassbender) est le 1er personnage introduit dans le scénario. A jamais sa vie a été marquée par une Seconde Guerre Mondiale remémorée avec douleur, souffrance et vengeance.
Encore un énième film X-men ont pu se dire de nombreux néophytes. Matthew Vaughn a déjà fait ses preuves dans l’adaptation et l’écriture de scénarios en proposant sa vision de Kick Ass 1 en 2010 (Impressions ici) qui, à bien des égards, avaient ses qualités et ses défauts. A bien des aspects, nous nous retrouvons avec des similitudes et des manières de faire qui prônent une réalisation plaisante et prenante tout en s’attachant à des détails du support littéraire qui, à l’écran, auraient peut-être pu bénéficier d’autres choix.
A partir des origines d’X-Men en tant que franchise reconnue, le scénario compte développer une frontière mince entre réalité et imagination. Deux vies d’enfant, respectivement Erik Lensherr (Interprété par Michael Fassbender) et Charles-Xavier (Interprété par McAvoy ont été "victimes" du contexte historique dans lesquels ils ont pu évolué et façonné par les faits choquants et troublants qui fondent une personnalité et une identité. Deux conceptions parfaitement distinctes du quotidien va être cultivée si bien que seule le partage de mutations génétiques sera à même de réunir les idéaux du futur Magnéto et de l’intellectuel Professeur Xavier.
Inutile de préciser l’époque à l’aide d’une date : les éléments historiques s’identifient d’eux-mêmes dans l’époque dont il est question.
En dépit d’une habileté à rappeler l’étroite séparation entre la réalité historique et l’idée d’une mutation "dans un futur proche", soulignons la transition trouvée naturellement et adéquatement dans l’idée de guerres successives. Avec élégance et à l’aide de repères tellement clairvoyants, la réalisation passe de la Seconde Guerre Mondiale à la Guerre Froide et la Crise des missiles de Cuba et s’ouvre sur une période d’incertitude perceptible dès le début. Ce dernier élément est, en quelques sorte, le manque d’assise du scénario : malgré une vision intéressante et, toutefois, inspirée directement des Comics originaux, toute la trame ne révèle pas autant de rebondissements scénaristique. Du moins, pas autant que l’on pourrait l’envisager. Ce qui est à la fois une faiblesse est aussi une force puisque l’écriture, simplifiée, permet de prendre aisément ses marques et de se familiariser avec "autre chose" et d’autres aspects autres que par la force du scénario. Comme en guise d’un intérêt dont la réalisation doit à tout prix se fixer pour équilibrer le film, ce sont les personnalités de personnages amenés à assumer leur identité d’êtres particuliers qui s’en trouvent passionnément perçus.
Les transitions entre les différents conflits sont entrecoupées de visions plus intimistes des personnalités fondatrices d’une association hors-normes. Ce qui les réunit s’effilera au fil des minutes du long-métrage pour l’un des constats alarmants au cœur du scénario porté par le Comics original : l’Homme est un loup pour l’Homme qui fait fi des différences des uns pour une source de différence ou d’usage à des fins gouvernementales et pratiques. De ce point de vue, le propos est particulièrement intéressant puisque par la déshumanisation de la Seconde Guerre Mondiale va s’affirmer une identité que l’on connait plus par le surnom de Magneto et qui porte dans une vision de l’avenir de l’humanité toute cette perte subie durant l’enfance. Une perception antagoniste mais qui a "muté" dans un tout autre milieu et tout aussi acceptable se développe presque en parallèle : Charles Xavier, bien qu’instruit et au fait du désastre d’une guerre effroyable, n’a pas subi les conséquences directes et les vestiges morales, physiques et mentales de l’effroi. Un milieu plus aisé, moins contrainte, plus légère mais censée conserve notre second héros principal de ces prisons mentales. L’on aimerait presque dire que Bien et Mal sont ici irrémédiablement conditionnés par des conditions sociales. L’un n’a, quasiment, pas conscience de l’autre pour des dialogues qui s’échouent sur des murs sourds.
Deux visions antagonistes qui aboutissent finalement à une amitié. Initialement d’intérêt, elle s’avère presque "complice" dans le jeu d’acteurs.
Une fois de plus, subtilement, les tensions montent crescendo à mesure que les grands événements de la Guerre Froide surgissent. L’atmosphère électrique ronge une association initialement employée par la CIA à des fins gouvernementales pour aboutir sur une bipartition originelle du groupe. Une à une, chaque personnalité est comme suivie de l’âge tendre ou depuis l’adolescence vers une fin pressentie au bout de 2h10 du film. Réintroduites avec précision, les personnalités et les pouvoirs à première vue absurdes dans l’univers Marvel trouvent des sources, des explications et des justifications dans le choix qui a mené chaque personnage à l’avenir qui est le sien. Le choix est l’un des plus bienvenus de l’œuvre cinématographique : la Saga X-Men s’étant tellement diversifiée qu’une explication compréhensible et didactique est parfaitement accueillie. Dès lors, Mystique (Incarnée par Jennifer Lawrence) ou le personnage de Le Fauve (Joué par Nicholas Hoult qui a un rôle majeur dans A Single Man) prennent davantage d’ampleur à l’aune d’éléments explicatifs. Ce sont, aussi, les apparences les plus troublantes dans d’autres réalisations vis-à-vis d’autres mutants plus "humains". Au fil de X-Men First Class, l’immersion du spectateur est facilitée grâce, en grande partie, à un contexte réaliste et vraisemblable qui permet de suivre aisément un univers jusqu’alors impénétrable.
Visuellement, X-Men Le commencement nous partage même si les effets spéciaux restent très convaincants.
Esthétiquement, le film use à profit d’effets spéciaux convaincants dont il serait assez malvenu de mettre à mal. Du côté de quelques séquences, on s’amusera à trouver quelques coïncidences par rapport à la présentation générale de Kick-Ass qui, à certains moments, c’était amusé à inclure quelques scènes dans une animation dynamique rappelant des découpages de Comic-Books. Ce sont ces clins d’œil discrets au moment de la découverte des talents des uns et des autres que nous retrouvons cette patte graphique simple et en référence parfaite à un univers dont le réalisateur semble tenir et vouloir respecter. Le personnage d’Azazel, dont on soupçonne l’importance plus biblique que scénaristique, fait partie de ces remises en question du côté visuel. La teinte rouge écarlate sature littéralement à l’écran, apparait comme mal maquillée et choque d’un trop peu de soin contrairement à, ce que nous pensions autrefois, des personnages plus singuliers comme Mystique se trouvent bien moins inquiétés par le rendu final. On perçoit ici la volonté de "bien-faire", puisque l’œuvre originale ou plutôt la première apparition du personnage en 1980 est de même acabit mais … Pour un non-initié, le portage à l’écran en prend un coup sur la crédibilité du personnage.
Le "casting" a été, en même temps, grandement renouvelé. Un souffle nouveau intéressant assuré par Michael Fassbender et James McAvoy en tête!
En comparaison aux autres productions estampillées X-Men, une partie importante des acteurs a gagné à être renouvelée. Non seulement par cohérence, par nouvelle identité visuelle, mais aussi par de nouveaux talents et non plus seulement à des choix d’acteurs comme "forcés" par une ressemblance visuelle qui ne pourrait égaler un savoir-faire théâtral. Visuellement, Charles Xavier et Erik Lensherr gagnent donc à nous surprendre non seulement par des apparences qui gagnent au change. Non seulement il n’y a pas le sentiment de vouloir recherche à toute fin une similitude visuelle d’un acteur à son homologue fictif mais, en outre, les émotions et les sentiments passent sans trop en faire ni en surjouant la chose. Un bon équilibre a su être dosé au moment où cela était nécessaire et, en ce sens, on ne peut que féliciter cette volonté de trouver le juste milieu. Surtout dans l’optique souvent débattue entre Bien et Mal qui, comme nous l’expliquions, se défend pour un personnage principal comme pour l’autre donnant un propos pertinent.
Avouons-le simplement : le renouvellement théâtral était attendu et nous dévoile un autre plaisir d’interprétation. C’était, en quelque sorte, un changement souvent attendu pour évoquer et justifier à juste titre les bases d’un recommencement de la Saga X-Men. Sous forme d’hommages, on notera que quelques personnages clefs des premiers participants X-Men faisaient déjà partie d’autres films ou sont rappelés sous forme de caméo : lors de l’une de ses transformations, Mystique prend l’apparence de la 1ere actrice du mutant, à savoir Rebecca Romijn. Si Matthew Vaughn prend un malin plaisir à scruter chaque personnalité, ce sont surtout les plus développées qui en sortent avec des sensibilités émotionnellement et visuellement intéressantes grâce à James McAvoy et Michael Fassbender. Chacun défend des idéaux qui auraient perdu à être grandiloquents et présentés avec corps et âmes. Dialogues, effets visuels de chaque pouvoir et éléments scénaristiques rapportés sous de brèves séquences ou images en Noir et Blanc, ce dernier cas est perceptible pour les souvenirs d’Erik Lensherr, introduisent un scénario à la fois inéluctable et tenant de l’astuce. Mine de rien, en connaissant déjà la fin de l’histoire, l’écriture et le jeu d’acteurs nous surprend à quelques instants pour finalement combler et occuper merveilleusement le temps avec des séquences émotions rares et adéquates.
Le casque de Magneto : soit on aime … Soit on le discutera.
D’un aspect général, le scénario initial de Bryan Singer ainsi les personnages de Stan Lee et Jack Kirby, (Créateurs graphiques et pères des X-Men) nous maintiennent en alerte. A commencer par un aspect complémentaire du long-métrage : la bande-son originale du film réalisée par Henry Jackman dispose de qualités qui soulignent littéralement les moments qui le nécessitent. Avantage et défaut pour d’autres : aucune grande bataille entre vilains et héros ne permet de réelles envolées lyriques pour un cadre plus restreint et tout aussi ascensionnel. "First Class", la première piste de l’Original Soundtrack du film, donne toute la tonalité du long-métrage : l’histoire des mutants est celle d’une apogée (L’association "X-Men") jusqu’à leur délitement profond. Cuivres et rythmes pourraient être de brefs parallèles au thème du héros Superman des années 1980 – 1970 … Uniquement par de brefs liens.
Le reste de la bande-son s’attache à exploiter le contexte de la Guerre Froide et des années 1960 pour un effet sonore très concluant à l’aide de "Run" de Gnarls Barkley. Dans une version instrumentale d’un peu plus de 2mn 30, notre duo arpente les Etats-Unis à la recherche de nouveaux compagnons de route mutants. Rapidité, entrain, dynamisme sont synthétisés à merveille avec l’insouciance des futurs Professeur Xavier et Magneto. A l’œuvre musicale, le réalisateur a confié cette importante tâche au compositeur de l’OST de Kick-Ass 1 : Henry Jackman. Et, il faut l’avouer, le sentiment était à peu près le même lors du précédent long-métrage : de bons moments sont mis en relief par une bonne tonalité musicale, chose qui ne se déroge pas à cette règle dans X-Men Le Commencement.
Globalement, que penser des premiers pas "remaniés" ou réintroduits, des X-Men? Une réalisation assez convaincante bien que certains moments ne peuvent s’empêcher de nous faire sourire ou d’admettre un aspect assez ridicule. Et, à plus forte raison, tout nous laisse penser qu’en s’attachant grandement au support littéraire que de petits éléments s’infiltrent dans la qualité générale. Ce sera surtout du côté des vilains que l’on ne pourra noter que le caractère kitch … Notamment lorsque le personnage de "Frost" (Incarné par January Jones) découpe de la glace au pôle Nord alors qu’un sous-marin se cache discrètement (Ou pas) dans un décor simili pôle Nord et ambiance glacée : on a vu plus too much mais on frise de peu le ridicule qui en fait trop.
Là où il est difficile d’être de mauvaise foi et de ne pas être convaincu étant, qu’à sa manière, le réalisateur rend implicite ou du moins fait en sorte de rendre les sens de la bande-dessinée abordable, émotifs, avec les enjeux qui ont séduit des millions de lecteurs dans le monde. Il y a ce sentiment qu’en comprenant le film, très simple d’accès, vous avez accès à un ressenti voulu dans la littérature originale du Comics. Ce qui fonctionne particulièrement étant de délaisser les scènes "qui en font trop" pour aborder un cadre restreint et globalement peu exagéré d’une poignée de personnages surnaturels. En filmant de manière restreinte, le spectateur s’intègre à ce contexte, prend part, peut apprécier les relations entre les personnages. L’émotion fonctionne sans en faire trop, le jeu du casting s’apprécie sans entrer dans le caractère épique de conflits souvent déjà donnés gagnants à un parti ou à un autre avant son lancement.
Savoir ne pas en faire trop et intéresser un nouveau public à l’aide d’astuces et d’une simplicité qui sait se rendre intéressante. Le défi n’est pas simple mais il nous a séduit en repartant sur des bases justifiées et fondées sur des arguments qui rendent le discernement entre Bien et Mal moins manichéen, moins distinctif, et surtout, historiquement et socialement raisonné. Du côté des puristes de la Saga X-Men, bien que quelques éléments semblent différents de l’histoire originale au niveau de la temporalité et des années, il y a fort à parier que le résultat puisse à son tour jouer la carte d’une efficacité redoutable. L’action, plus rare qu’attendue ou connue dans d’autres films X-Men, nous maintient en suspens et avec quelque chose d’assez cohérent et effacé. En pleine lumière, les thèmes de la ségrégation; de la saisie de la différence comme outil; sont retranscrits avec un regard que l’on pourrait qualifier de redoutable. Si bien qu’un spectateur peu averti voire quasi réfractaire aux X-Men en vient à vouloir découvrir la suite, écrite et réalisée par Bryan Singer : X-Men : Days of the Future Past … Voire à lire quelques extraits du Comics des années 1980.On a aimé :
+ Un casting qui gagne à être renouvelé : plus jeune et avec de nouvelles interprétations. (James McAvoy & Michael Fassbender en tête)
+ Une bande-son efficace d’Henry Jackman.
+ Esthétiquement dynamique … (Effets Comic-Book)
+ Un certain équilibre de l’émotion.
+ Peu de batailles et plus d’intérêt aux personnalités de quelques mutants.
+ Les transitions historiques entre chaque "conflit".
+ Les thèmes du Comics original : suggérés, perceptibles et compréhensibles.
+ Une préquelle qui peut séduire de nouveaux spectateurs réfractaires!
+ Des caméos suffisants : Hugh Jackman et Rebecca Romijn.
On a détesté :
- Scènes parfois très kitchs …
- … Visuellement parfois trop accroché au rendu Comics. (Saturation et maquillage d’Azazel)
- Scénario sans de réels rebondissements. (Défauts et qualités de se placer chronologiquement au "recommencement" d’une saga.)