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C’est génétique !?

Publié le 28 mai 2014 par Cecile Berthelon @walinette

Toujours avec ma comparse d’un jour (les discussions ont été fructueuses), entre 2 bouchées au Café Pinson et suite à ma révélation quasi mystique, on s’est interrogées : est-ce que la propension à tout garder, à s’encombrer d’un bric à brac “j’en aurais peut être besoin un jour” ne serait pas tout bonnement génétique ? de famille ? Innée ou acquise qu’importe, mais serait une tare familiale ?

Et dans mon cas : est-ce que ça saute une génération ? Ma maman est du genre à tout bazarder sans état d’âme, mais vous ai-je déjà parlé de mes grand-mères ?

D’un côté ma Mamie maternelle, qui a absolument tout conservé toute sa vie. La boite de Cracotte découpée/attachée par une pince à linge pour faire des listes de courses, les boites de glace pour faire des tuppers : bon ça c’est bien, décroissant on va dire. Mais aussi toutes les affaires de ma mère (plutôt cool pour les soirées étudiantes à thème seventies) des ancêtres, etc… C’est super quand on est enfant et qu’on y passe les vacances, mais une maison de 200 m2 blindée quand on n’est plus que 2 est-ce bien raisonnable ?
De plus elle collectionnait tout, mais TOUT : les porte-clefs, les timbres, les vieilles pièces, les sucres emballés dans des papiers avec des motifs… Ca a dû déjà légèrement déteindre puisque la première fois que je suis partie en grandes vacances, à la mer et en caravane, à 9 ans, j’ai emporté … ma collection de gommes !? Qui m’a évidemment bien servi comme vous vous doutez.

papi

(Souvenir de mon grand-père dans l’entrée, il était boulanger)

il y a une quinzaine d’années, mes grand parents ont dû quitter leur maison et leur grand terrain pour un appartement en ville. Ils ont choisi un 140 m2 avec 2 garages qu’ils ont BLINDES de cartons, emportant tout ce qu’ils pouvaient. J’y ai retrouvé mon doudou (que j’ai récupéré, certes), des 45 tours, des Barbie, mais aussi mes cours de prépa. Je me revois les prendre pour les mettre à la benne, ma grand mère à ma suite pour les récupérer et les remettre dans son garage. Tout cet espace utilisé pour stocker des choses qui ne servaient plus, ni à eux ni à personne. C’est à ce moment que son état s’est dégradé, une dégénérescence maculaire doublée d’un Alzheimer. Maladie qui au départ a été cataloguée conjugopathie, mon grand-père étant pour le moins tyrannique, il a décidé à un moment que ça suffisait et IL LUI A FAIT BOUFFER SA COLLECTION DE SUCRES. Un par un, chaque jour, ça a duré pas loin d’une année. Ca va, c’est stable comme matière, je suspecte que dans le lot il y en avait de 30 ou 40 ans d’âge. C’est là qu’on est content en visite de ne pas sucrer son café.

Mon papi est décédé il y a 5 ans, et elle est maintenant en maison de retraite, aveugle et ne reconnaissant plus que sa fille ou presque. Je ne souhaite à personne de finir comme ça. Est-ce que cela l’a rendue plus heureuse tous ces objets ? Je ne crois pas. Est-ce que je ne me souviens d’elle que par ses “trésors” ? Non plus. Je me souviens que c”est elle qui m’a appris à coudre, à tricoter, à jouer aux dames, faire des mots mêlés ou aller à la chasse aux doryphores sur les pieds de patates.

Ma Mémé Bébelle paternelle quant à elle, vit toujours avec son mari (92 ans les deux, et ouais) dans une petite maison beaucoup plus modeste, mais non moins fournie. Un rez de chaussée, un grenier aménagé, un “magasin” sorte d’appenti où elle range ses patates, ses confitures, ses congels et où il y avait dans le temps un pressoir à raisin (on est en Bourgogne). Du bazar à n’en plus finir. Ils ont toujours vécu là, et des couches d’objets se sont superposées à des couches d’objets.
Ils ont très peu de moyens, mais son petit plaisir personnel, ce sont les catalogues et la vente par correspondance (nous y revoilà hein, le chêne, le gland) : Daxon, La Blanche Porte… Du beurre sur les petits vieux en vendant de la camelote de mauvaise qualité, ça me rend un peu malade mais comme je vous le disais c’est son petit plaisir, avec les cadeaux à 2 balles avec chaque commande.
Un bazar pas possible dans tous les coins mais leur jeu de petits chevaux favoris et qui leur sert tous les jours est complètement usé, rafistolé, les pions tiennent avec du scotch. Je crois bien que ses fils lui en ont offert un neuf. Mais il va moins bien et ils ne s’en servent pas. A cet âge on ne change plus les habitudes. Je lui ai offert un gilet en polaire Uniqlo, je crois qu’elle ne le met pas ou que les dimanche pour ne pas l’abîmer. Du coup je leur offre du consommable (et ça consomme du miel dans les tisanes, ah oui).
J’essaie d’y passer régulièrement avec son arrière petit fils, la dernière fois, dans la salle de bain, j’ai compté 7 brosses à cheveux. SEPT. Elle a le cheveu dru, certes, mais court.
Elle, elle m’a appris à jouer au Tarot, à faire des dessins à la craie dans la cour, à donner à manger aux lapins et que “le bordeaux c’est pas bon, ça gratte pas assez” (SIC !).

Elles sont d’une génération qui a connu la guerre et les privations, accumuler était devenu un réflexe j’imagine, assorti du fameux “ça peut servir !”. Mais on est désormais dans une telle société d’opulence où tout est disponible partout et tout le temps, à un prix bien moindre qu’au siècle dernier, qu’on ne peut plus adopter le même comportement.
Ce billet est déjà bien long, mais je reviendrai vous parler de mes dernières lectures, le “pic d’objets”que notre société a passeé je pense, et du dernier livre terminé “Nothing Left Over”, lecture pas extraordinaire mais titre édifiant comme mode de vie “ne rien laisser derrière soi”.


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