- La calomnie, Monsieur? Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j'ai vu les plus honnêtes gens près d'en être accablés. Croyez qu'il n'y a pas de plate méchanceté, pas d'horreurs, pas de conte absurde, qu'on ne fasse adopter aux oisifs d'une grande Ville, en s'y prenant bien ; et nous avons ici des gens d'une adresse!... D'abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l'orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l'oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez Calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d'oeil ; elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription.
- Rossini, Il barbiere di Siviglia http://www.youtube.com/watch?v=s1FaoSK-638
- C'est d'abord rumeur légère, Un petit vent rasant la terre. Puis doucement, Vous voyez calomnie Se dresser, s'enfler, s'enfler en grandissant. Fiez-vous à la maligne envie, Ses traits lancés adroitement, Piano, piano, piano, piano, Piano, par un léger murmure, D'absurdes fictions Font plus d'une blessure Et portent dans les cœurs Le feu, le feu de leurs poisons. Le mal est fait, il chemine, il s'avance ; De bouche en bouche il est porté Puis riforzando il s'élance ; C'est un prodige, en vérité. Mais enfin rien ne l'arrête, C'est la foudre, la tempête. Mais enfin rien ne l'arrête, C'est la foudre, la tempête. Un crescendo public, un vacarme infernal Un vacarme infernal Elle s'élance, tourbillonne, Étend son vol, éclate et tonne, Et de haine aussitôt un chorus général, De la proscription a donné le signal Et l'on voit le pauvre diable, Menacé comme un coupable, Sous cette arme redoutable Tomber, tomber terrassé.
- Et mauvais souvenir de ma prothèse du genou : une boule de douleur:
- Un genou tout neuf pour Memphis: une boule de douleur
- Petit à petit, à coup de cachets, de pommades et de sac de glace, la douleur de l’allergie s’estompe. Je suis toujours obligée de faire la rééducation en short et de vivre le reste de la journée avec mon survêtement rose à la jambe coupée. Mais, excepté au contact, j’ai moins mal. Peut-être la douleur si violente de l’allergie avait-elle camouflé la douleur de l’opération elle-même. Toujours est-il que, un matin, je ne suis plus qu’une boule de douleur, roulée sur moi-même comme un fœtus dans le ventre de sa mère. Je ne peux plus marcher, me traîner seulement. Alors que je me déplaçais bien droite avec une seule béquille, j’ai été obligée de reprendre la seconde et j’avance complètement courbée. Une véritable vieillarde. Je monte quand même en rééducation où je peux à peine remuer ma jambe. Hélène prévient les infirmières de mon étage et quelques minutes plus tard, le médecin me convoque dans ma chambre. Morphine immédiatement et un comprimé obligatoire avant chaque séance de rééducation !
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Les rumeurs font souvent boule de neige, elles s'amplifient de jour en jour jusqu'à prendre des proportions parfois inquiétantes. ( Je te copie ici 2 textes traitant de la calomnie : celui de Beaumarchais et ce que nous entendons dans l'Opéra de Rossini. (Le livret de l'opéra de Rossini est adapté du Barbier de Séville de Beaumarchais. Il fut écrit par Sterbini. C'est sa traduction/réadaptation en français que nous écoutons.)
Beaumarchais Le Barbier de Séville
Acte II, scène 8