Le sous titre est trompeur, l’album s’attardant davantage sur la vie amoureuse de l’époux de Mary Shelley que sur celle de l’auteur de Frankenstein. Un drôle de loustic, le Sir Percy Bysshe Shelley. Renvoyé d’Oxford en 1811, à 17 ans, pour avoir rédigé et diffusé auprès de tous les évêques d’Angleterre une brochure intitulée « De la nécessité de l’athéisme ». Shelley le poète maudit, personnage sulfureux, intime de Byron, pionnier du romantisme anglais, punk avant l’heure dont le décès à 26 ans aux larges des côtes italiennes contribua à construire la légende.
Un jeune homme haï par ses contemporains dont va tomber amoureuse Mary Godwyn, sa future seconde épouse. La célèbre romancière avait, il faut dire, baigné depuis sa tendre enfance dans une ambiance des plus modernes aux cotés d’une mère philosophe et d’un père, William Godwin, qui fut l’un des premiers penseurs anarchistes établis à Londres.
Cet album au format atypique, réédition en un seul volume d’un diptyque paru précédemment, revient sur la construction de leurs relations en se focalisant néanmoins largement plus sur Percy que sur Mary. C’est le second titre de la série Romantica, une collection présentant la vie et l’œuvre de grandes figures du romantisme européen en mêlant à la biographie réelle une œuvre de l’auteur. Ici, aux faits historiques avérés, David Vandermeulen a associé des éléments d’un roman de Mary Shelley peu connu sous nos contrées, « Le dernier homme ». Dans ce roman, une épidémie ravage l’Europe et la couronne d’Angleterre tombe. Le scénariste a inséré ces épisodes dans son récit de la vie des Shelley et c’est à mon avis là que le bât blesse, ce mélange des genres ne permettant pas de distinguer clairement la réalité de la fiction. Personnellement, j’aurais préféré que la biographie reste réaliste jusqu’au bout et je ne vois pas ce que les éléments du roman apocalyptique apportent de plus.
En dehors de cette réserve d’importance, je dois reconnaître que l’atmosphère gothico-décadente propre aux prémices du romantisme anglais est bien rendue et qu’il est fort agréable de croiser au fil des pages des figures comme celles de Byron ou de John Polidori, un auteur auquel on attribue la paternité du vampirisme en littérature.
Une plongée à la source du romantisme, peut-être un peu légère, manquant parfois de fond, mais qui peut constituer une bonne introduction à la découverte de personnalités marquantes des lettres européennes.
Shelley : la vie amoureuse de l'auteur de Frankenstein de Casanave et Vandermeulen. Le Lombard, 2014. 288 pages. 22,50 euros.
PS : le second album de la collection est consacré à Chamisso. Le troisième, à paraître, retracera la parcours de Nerval.